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L’insoutenable poids de la dette publique

Publié le 30 septembre 2010 par Hmoreigne

 La proposition de budget 2011 est explicite. La France est au pied du mur de sa dette. En 2012 le seul paiement des intérêts deviendra le premier poste de dépense de l’Etat devant l’éducation. Autant dire que la rigueur est incontournable, à tous les niveaux et qu’elle commence aujourd’hui.

Le budget présenté ce mercredi par François Baroin n’en fait pas mystère, la réduction du déficit public de la France n’est plus une option politique, c’est désormais une obligation économique.

Tel un paquebot, il ne suffit pas d’inverser les machines pour s’arrêter et inverser la tendance. Malgré les efforts qui se dessinent, les effets sur le niveau de la dette ne sont pas pour demain. La dette publique française devrait atteindre 82,9% en 2010, 86,2% en 2011, se stabiliser à 87,4% en 2012 si tout va bien pour décroître par la suite.

Plus qu’un symbole c’est un signal d’alarme qui vient de s’allumer. Au bout de la dérive financière multi-décennale de notre pays, le budget de la France est en déficit depuis 1974, la facture qui se présente est particulièrement lourde : plus de 50 milliards en 2012 au titre des seuls intérêts.

Bercy a prévenu. Pour éviter que la charge de la dette ne limite de manière excessive les marges de manoeuvre de l’action publique le gouvernement engage la France dès 2011 dans un effort jamais réalisé depuis 50 ans.

Si la Commission européenne a demandé avec insistance ce coup de collier herculéen, c’est surtout la pression des marchés financiers et le risque d’une dégradation de la note française qui ont contraint le gouvernement à passer à l’acte. La ministre de l’Economie Christine Lagarde l’a reconnu à demi-mot mercredi en déclarant que les marchés étaient “très attentifs” au redressement des finances publiques.

L’objectif assigné paraît toutefois difficilement atteignable sauf à recourir à de la chirurgie de guerre et à la multiplication des amputations dans les dépenses. Il s’agit en effet de ramener le niveau de déficit de 7,7% en 2010 à 3% du PIB en 2013, maximum fixé par les traités européens.

Le pacte européen, d’ici là, risque de prendre du plomb dans l’aile car la France est loin de constituer un cas isolé. La rigueur s’étend à tout le continent avec une violence qui secoue et menace la stabilité sociale des pays concernés. La Grèce, l’Espagne ou le Portugal, sous la pression des marchés ont pris des mesures drastiques. Le Royaume-Uni devrait faire de même.

Comme pour un ménage, la dette publique dans les pays européens “bouffe” les marges de manoeuvre des Etats a indiqué mercredi Pascal Lamy. Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a estimé sur BFM radio que ce sont “les marges de manoeuvre de la puissance publique pour l’avenir qui sont en train d’être bouffées milliard après milliard par cet endettement”.

D’accord sur le principe, les gouvernants sont confrontés à un choix cornélien car une réduction trop forte des déficits menace la croissance indispensable pour renflouer les caisses.

L’autre difficulté demeure le passage aux actes. La réduction des niches fiscales est la moins douloureuse et la plus évidente puisqu’elle vise à rétablir des recettes imprudemment concédées pour régler des situations particulières. On a fait en l’espèce des cadeaux avec de l’argent dont on ne disposait pas.

L’accroissement des recettes de l’Etat passera également par une hausse des prélèvements obligatoires pour les ménages et les entreprises. Elle est inévitable et tous les cris d’orfraies ne serviront à rien. Pas plus que de pester contre la maladie lorsqu’elle se présente. Faute d’une bonne hygiène de vie les français ont joué avec leur santé et doivent désormais en assumer les conséquences.

La séquence politique qui s’ouvre portera essentiellement sur l’équilibre et l’équité des mesures à prendre. La fondation Terra Nova , proche du PS, dénonce déjà les ressorts de la baisse des déficits du budget 2011 et accuse ouvertement le gouvernement de clientélisme sur fond de polémique autour du maintien du bouclier fiscal.

Attention toutefois pour le PS de ne pas jouer avec le feu. Une victoire de la gauche en 2012 n’effacera pas par un coup de baguette magique la situation calamiteuse des finances publiques. Le PS doit tenir un discours responsable et balayer devant sa porte notamment au regard de la gestion des collectivités locales dont elle à la charge. Or force est de constater que la tendance naturelle des édiles socialistes est d’avoir cédé à la facilité de l’augmentation continue des dépenses assurée par une fiscalité locale en constante progression. Cette dérive doit aussi prendre fin.

La crédibilité de la gauche en 2012 passera par un effort intellectuel  sans précédent notamment dans une remise à plat complète des finances publiques et de la fiscalité comme l’a déjà suggéré François Hollande.Poser la question des finances publiques et des moyens financiers de la puissance publique, revient à s’interroger sur le périmètre et le niveau de performance de celle-ci. En gardant toujours en tête que l’Etat est le seul bouclier des plus faibles et des plus démunis.

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