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Il fut Président

Publié le 01 octobre 2010 par Ruminances

1 DG et l’armée

Le lieutenant-colonel de Gaulle, en 1934, avait su, deviné et écrit ce que serait l’invasion allemande en France, six ans plus tard. Pour lui, seules des forces blindées indépendantes très mobiles, très professionnelles, pouvaient assurer une défense en profondeur de notre frontière du nord-est : quitte à l’accomplir grâce à la meilleure défense, qui est l’attaque. Il était logique, selon cette conception très dynamique des rapports de force, qu’il se repliât en Angleterre pour affiner sa revanche. Beaucoup, à l’époque, ne l’ont pas compris.

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La Ligne Maginot, joyau de la défense fixe et passive, même aujourd’hui, occupait les pensées, et les rassérénait face à des forces aux conceptions trop différentes pour être simplement craintes. Le débordement de cette Ligne dans un secteur qui paraissait un rempart naturel, les Ardennes, les déstabilisa complètement.

L’invasion en route, l’officier qu’était De Gaulle se heurta aux visées politiques des américains, Eisenhower en tête, qui se préparaient à annexer notre pays comme ils l’avaient opéré ailleurs sans coup férir. C’est lui qui gagna grâce à sa ténacité. C’est pourquoi, dès qu’il le put, il mit en place la force française de dissuasion : bien modeste au départ, elle n’est pas négligeable aujourd’hui. Il est fort regrettable que depuis trois ans, ce soit un agent de ces mêmes USA qui ait l’accès au bouton rouge.

Jeune admirateur de de Gaulle, c’est Jacques Chirac qui mit en place officiellement l’armée de métier française, sur le modèle du petit livre de 1934. Aujourd’hui, cette force, très diminuée par des budgets de plus en plus restreints, ne peut plus servir que de supplétif bien commode aux soldats US. On peut comprendre que les relations entre le chef des armées, et les officiers généraux de la vieille tradition, ne soient pas obligatoirement au beau fixe.

2 DG et l’Algérie

C’est au Maghreb que De Gaulle s’est ouvertement opposé aux américains, qui lui préféraient Giraud, plus docile. Il connaissait le terrain. Il n’aimait pas particulièrement les autochtones, dont il ne parlait pas les langues. Son appui était formé de français de métropole, même si des harkis et d’autres volontaires étaient enrôlés dans des régiments qui partaient en première ligne, des sacrifiés en somme. Les survivants, et les enfants des autres, n’ont jamais été remerciés par lui pour ces sacrifices. Pourtant, les harkis furent le fer de lance de l’armée débarquée en Provence en août 1944.

En avril 1958, son « Je vous ai compris » n’était que stratégique : il voulait, en accordant le droit de vote à tous les algériens, faire un plein de voix pour ce qu’il envisageait, quitte ensuite à trahir tout le monde. Tout le monde lui en a voulu. Le moment venu, en 1962, il a décidé de négocier avec les plus terribles et les plus acharnés de ses opposants, ceux du FLN. Déroutés, les plus modérés, du MNA par exemple, furent exterminés par les jusqu’auboutistes.

Les accords d’Évian scellaient la fin du conflit pour certains français, tout en exacerbant le ressentiment de ceux qui avaient cru à sa parole, et ont voulu le lui faire payer. Ses réactions furent mesquines et indignes d’un grand homme : au lieu de proposer une discussion avec les meneurs ulcérés, il fit assassiner, sans doute en réaction de sa peur, le colonel Bastien-Thiry qui avait organisé l’attentat du Petit-Clamart. L’extrême droite ne le lui a jamais pardonné, semble-t-il.

Quant à l’Algérie, elle continue à souffrir sous la poigne de fer et de compromissions des anciens du FLN et de leurs élèves. De façon détournée, elle demeure une colonie française, bien que cet aspect n’apparaisse guère au grand jour.

3 DG et la démocratie

De Gaulle avait une conception particulière de la démocratie : il était l’homme providentiel, ses paroles étaient nécessairement les plus justes, les plus vraies, les plus adéquates au « peuple français » qu’il aimait de loin, sans vraiment le connaître. Il a donc pensé de cette façon-là dès la fin de la guerre, et s’est fait renvoyer à ses chères études à Colombey les deux églises par des politiciens issus du CNR qui n’avaient pas les mêmes conceptions. C’est là que furent édictées toutes les mesures qui font notre admiration aujourd’hui sur les congés, sur la sécurité Sociale, sur les retraites…. tout ce que l’OCCUPANT actuel de l’Élysée veut abroger et démolir au bénéfice de sa famille et de ses potes.

Malheureusement, la constitution de la IVe République était ainsi faite que, démocratie oblige, toutes les tendances de la vie politique étaient représentées à l’Assemblée. Le risque était que nulle majorité, obtenue sur un sujet, ne permettait de penser que le lendemain, sur un autre sujet, la même fût reconduite. C’est normal, c’est justement cela, la démocratie.

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Comme cela n’arrangeait pas les politiciens, qui aiment bien la stabilité et la facilité en général, et qu’à Alger des généraux avaient pris le pouvoir, quelques hommes allèrent le solliciter dans sa retraite pour qu’il apportât un gouvernement plus cohérent et durable (des cabinets ne tenaient pas 24 heures, parfois). Se faisant prier, il accepta sous conditions. Il réprima le putsch d’Alger. Et ce fut la rédaction de la nouvelle Constitution, celle de la Ve République, sous la direction de Michel Debré. On peut dire qu’elle fut plébiscitée, par 79,25% des voix. Elle donnait bien plus de pouvoirs au gouvernement face au Parlement, donc plus de stabilité, mais plus de risques de dérapage vers une dictature.

De Gaulle n’était certainement pas un démocrate. Il obéissait aux lois. En revanche, la politique étrangère fut son œuvre quasi exclusive. Quant aux textes passés en force, ils furent assez nombreux grâce au recours au fameux 49-3, qui bloque le vote sans débat. La motion de censure, article 49-2, réussit rarement à compenser ce handicap pour les parlementaires. C’est ainsi que, malgré sa boutade en 1965, « Vous avez déjà vu un dictateur en ballottage ? », il réussit à mener la politique qui lui convenait jusqu’en 1968.

Il est symptomatique qu’à ce moment-là, se sentant affaibli, il ait pensé très sérieusement à faire marcher les troupes sur Paris pour ramener SON ordre. Sa fuite (il n’y a pas d’autre mot) à Baden Baden, le 29 mai 1968, auprès de Massu, général en chef des forces françaises en Allemagne, n’a pas d’autre motif. C’est son premier ministre, Pompidou, qui saura reprendre la situation en main sans bain de sang.

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De Gaulle était peut-être plus faible qu’il ne voulait bien l’admettre. Ses violentes colères étaient d’un homme qui se dominait mal. Sa droiture allait jusqu’à une certaine limite. On dit cela des politiciens en général, qui ont une vision très élastique de la probité, de la fidélité, de l’honnêteté. Certains ont voulu lui tresser une légende qui allait à l’encontre de ce cas général, il faut certainement nuancer un peu le propos. Il ne fut pas le pire. Il fut ce qu’il était, ni parfait, ni le plus goujat, avec une idée de son rôle que le troupeau au pouvoir actuellement ne possède en rien.


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