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Dernier débat de la présidentielle au Brésil : enfin (un peu) de fond !

Publié le 01 octobre 2010 par Tinkofr
Alors que je me désespérais dans un post précédent (cf mon petit espace Ola Brasil que m'ont gentiment ouvert les amis de chez Rue89) de l'absence totale de mise en avant des idées et des intentions programmatiques des principaux candidats dans la campagne présidentielle brésilienne qui s'achève (le vote du premier -et seul ?- tour a lieu ce dimanche 3 octobre),  un petit miracle est survenu lors du débat de ce jeudi soir, le tout dernier avant que les électeurs se prononcent, durant lequel les apprentis présidents ont rangé leurs couteaux et tu leurs vaines querelles pour enfin présenter quelques-unes de leurs "promesses" électorales.

Dernier débat de la présidentielle au Brésil : enfin (un peu) de fond !

Serra, Dilma et Marina à l'issue du débat de ce jeudi

On a ainsi pu apprendre en vrac et en fonction des thématiques soumises par le présentateur vedette de la Globo, William Bonner, que :
# Sur le droit du travail, Marina Silva (PV) et José Serra (PSDB) se retrouvaient pour estimer qu'il fallait créer un statut spécifique pour les nouveaux entrants sur le marché de l'emploi, en maintenant le niveau des droits tout en simplifiant les formalités administratives pour embaucher, afin de réduire le travail dit "informel" (estimé à 50% des emplois pour les deux candidats de l'opposition). Dilma (par ailleurs habillée comme un sac), sur ce terrain, a fait du Dilma, et s'est bornée à énumérer la réussite (réelle mais passée) du gouvernement Lula, qui aura créé près de 15 millions de nouveaux emplois en 8 ans de présidence.
# Sur les impôts et taxes, le jeune (80 ans) et socialiste Plinio Sampaio (PSOL) a annoncé qu'il voulait supprimer l'ICMS (une taxe imposant les transferts de services et de produits entre les Etats de la Fédération du Brésil), José Serra étant de son côté partisan d'une sorte de TVA zéro sur tous les produits dits de première nécessité (lait, pâtes, riz...), une mesure qu'il avait déjà institué en tant que gouverneur de l'Etat de São Paulo.
# Sur les retraites, Marina a annoncé la mise en place d'un système de "récupération du pouvoir d'achat" (sans rentrer dans les détails...) des retraités, tandis que Serra a promis une hausse de 10% du montant des retraites pour 2011, qui, couplée à son autre promesse de faire passer, dès 2011 là aussi, le salaire minimum à 600 R$ (vs 510 R$ aujourd'hui), sont des mesures qui vont "rendre du pouvoir d'achat" au peuple.
# Sur le logement, Dilma a sans surprise ressorti le bilan du programme "Minha Casa, Minha Vida" (j'en parle ici pour plus d'infos ;), et a annoncé que celui-ci serait étendu et amenagé pour servir en priorité les 2 millions de femmes vivant seules avec des enfants et sans logement décent. Marina, quant à elle, souhaite lancer un grand programme d'urbanisation des favelas du pays (un "Morar Carioca" national ?), sans toutefois en préciser le coût.
# Sur la sécurité, Marina souhaite augmenter fortement le salaire des policiers civils et militaires afin de les "aider" à résister à la tentation de la corruption.
# Sur le traitement des eaux usées (un point crucial au Brésil puisque seulement une petite majorité -59%- des domiciles brésiliens bénéficient du tout-à-l'égout), Marina a annoncé qu'elle voulait investir plus de 45 milliards de reals (!!) en 4 ans pour parvenir à un taux de 100% d'ici à la fin 2014.
# Sur la santé, Plinio a annoncé qu'il souhaitait désormais consacrer 10% du PIB du pays (contre un peu plus de 4% aujourd'hui) au secteur de la santé et à son amélioration.
# Sur les mesures sociales,  on a quand même eu droit à une petite passe d'arme entre Serra et Dilma, les deux s'attribuant la paternité de la fameuse Bolsa Familia (une allocation de ressources pour les plus démunis). Serra a ainsi souligné que les programmes Bolsa Alimentação et Bolsa Escola du gouvernement de FHC (1995 à 2002) étaient les "inspirateurs" de la Bolsa Familia, instituée par Lula en 2004 (cette dernière atteignant une échelle bien plus élevée, il est vrai). Serra a promis qu'il maintiendrait et renforcerait le dispositif s'il était élu...
Bref, dans ce débat, on en a plus appris en deux heures sur les intentions des uns et des autres qu'en quasiment deux mois de campagne ! Le plus saisissant, c'est que les médias (en particulier les opposants à Lula et Dilma, le quotidien O Globo et le newsmagazine Veja) ont été très critiques sur la teneur des discussions, regrettant presque l'absence de polémiques (O Globo s'était spécialisé dans les titres "Serra attaque Dilma qui attaque Marina qui attaque Serra...") et le ton prétendument "morne" du débat. Celui-ci fut pourtant le plus consistant (et de loin), le plus courtois (ce qui n'est pas interdit en politique, l'invective ne doit pas être la règle, me semble t-il) et le plus explicite en matière de programmes respectifs (c'est bien cela que l'électeur est censé évaluer, non ?) des différents candidats. Les analystes politiques soulignent également que le débat ne devrait pas changer fondamentalement la donne du vote à venir. Est-ce à dire que Dilma, largement en tête des intentions de vote (de 50 à 54% des votes valides en fonction des instituts selon les tous derniers sondages), devrait l'emporter dès ce dimanche, rendant inutile le passage devant les urnes le 31 octobre prochain pour un hypothétique second tour ? Quoi qu'il en soit, cela devrait être très serré, la surprise pouvant venir moins d'un rebond de Serra (que j'ai pourtant trouvé -pour une fois- très bon hier, mais moi je ne vote pas...) que d'un score de Marina au-delà des prévisions initiales (celles-ci étant autour de 15%).
Avant d'achever ce qui pourrait être mon dernier post de ces présidentielles brésiliennes (quoique non, je vous ferai de toute façon un petit papier dès dimanche soir...ou lundi matin !), un dernier mot pour vous témoigner ma stupéfaction de voir le Tribunal Suprême Fédéral (le STJ en portugais) changer au dernier moment les règles du scrutin : l'organe juridique le plus haut de l'Etat a en effet annoncé hier que finalement il n'était plus nécessaire pour les électeurs de présenter, en plus d'un document d'identité avec photos, son titre d'électeur. Quelle est cette démocratie où les modalités pour voter sont modifiées seulement trois jours avant le choix du plus important personnage de l'Etat ?? A qui profite le crime, se demande t-on ingénument ? Si c'est à quelqu'un, c'est à Dilma, dont l'électorat plus populaire et moins instruit aurait peut-être eu plus de mal à présenter les deux documents en bonne et due forme...
Allez un petit pronostic pour terminer, ça ne mange pas de pain ;)
Comme j'ai envie d'un second tour, je dis :
- Dilma, 48,5% des votes exprimés
- Serra, 29%
- Marina, 19,5%
A dimanche !

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