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Chenilles processionnaires.

Publié le 02 octobre 2010 par Hermes
Chenilles processionnaires.
Le psychanalyste renverrait sans doute la chenille processionnaire à son cocon perdu mais celle-ci s’obstinera pourtant dans son rêve de chrysalide au point de papillonner fièrement dans l’époque pour y imprimer sa gloire militante comme tant d’autres en d’autres temps paradèrent dans l’orgueil militaire.
Quand l’avenir est condamné au présent et que les rêves se bétonnent, il ne reste plus que les épaves nostalgiques pour s’assembler autour d’une stèle en radotant d’hypothétiques gestes guerriers que les prouesses des uns mirent en parole quand la vérité voulait que la masse suivait, dérivait, godillait tandis que la vague seule les portait et qu’à cette vague nul ne rendait hommage.
Certes la chenille écrasait le pavé, lourdement, dans sa tristesse molle. Quand hier on désirait qu’elle plastronnât festivement dans les rues mais, autres temps, autre mœurs, désormais ce n'était plus que « sur le pavé le bitume » et, sur celui-ci, les semelles de quelques androïdes dans une réalité tellement étrangère à eux-mêmes qu’ils aspiraient soit à l’écran où se niche le sitcom de leur rêve, soit au magasin de chaussures le plus proche.
Mais la chenille est "entre soi." Se rappeler toujours du cocon, la seule boussole qu’elle connaisse. Son paradis perdu. Dans la procession, pas d’arabe, de noir ou de burqa. Retirez les banderoles et les slogans et vous obtiendrez le cliché parfait de la petite piétaille sarkoziste. Comme si de ce peuple là au petit homme qui se vantait d’en être l’émanation, il n’y avait en réalité qu’une histoire de malentendu, un mauvais effet de miroir, une déformation de sens.
Or un peuple ne se trompant jamais comme chacun le sait, il fallait bien qu’on chargeât la bête ce qu’on sait parfaitement faire depuis les temps bibliques : Sus donc à la bique sarkoziste, au bouc fillonneux et à toutes ces vieilles peaux quand on n’aspire plus qu’à la jeunesse introuvable de la rue !
Alors la chenille peut malgré tout se dire qu’elle peut y être de cette rue car, n’est ce pas, mieux vaut être là que nulle part. Et qu’on n’échappe pas aux morsures du réel se disent-ils. Mais que ce « là » n’en serait toujours que l’antichambre si quelques hommes –disons seulement quelques rêveurs – ne s’amusaient à croire qu’il fallait y être étrangers pour espérer en tout cela, étrangers au point de croire que l’herbe est ailleurs plus verte, que le réel plus réel – tellement réel qu’il approche de l'attente, qu'il en effleure la réalisation, qu'il en est une promesse: L’hyperréalisme aura-t-il donc produit ce désenchantement du réel ?
On peut aimer labourer ce désenchantement là. Juste comme faire autre chose. Par exemple se rêver chenille. Manifester contre le réel qui s'est perdu.

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