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Nérac, un festival majeur de la BD

Publié le 02 octobre 2010 par Arsobispo

La star du Lot et Garonne est sans conteste Francis Cabrel dont le village natal, Astafort, n’est distant de Nérac, la ville d’Henri IV, que de 30 kilomètres. Beaucoup moins connu du grand public, mais très célèbre dans le monde de la bande dessinée, Yves Chaland, était un enfant de Nérac, même s’il n’y est pas né. Il y a vécu toute son enfance, sa famille y était implantée depuis longtemps et sa veuve, Isabelle y réside encore. Yves, par contre, a quitté ce monde, malheureusement, depuis maintenant 20 ans. Cette dernière s’est décidée, depuis, à tenter un sacré challenge, l’organisation d’un festival hommage, intitulé « Les Rencontres Chaland ». Isabelle Beaumenay-Joannet et la Ville de Nérac ont, cette année encore, réussi le montage de cette manifestation qui se caractérise par une ferveur, un professionnalisme et une richesse qui dénoté dans la profusion des festivals de BD qui foisonnent un peu partout à seul but commercial.

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Après le parrainage de Ted Benoît, en 2009, c’est Joost Swarte qui officie aujourd’hui et demain aux commandes. Joost Swarte, le théoricien de la ligne claire, dans cette petite ville d’Albret, bien loin de sa Flandre, cela est quelque peu décalé. Et comme je suis un fervent admirateur de l’un et un amoureux de ce doux pays gascon, je me devais d’y aller jeter un œil.

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J’ai pu rencontrer Joost Swarte. J’ai eu également le plaisir d’y connaître Isabelle. Si avec elle, je n’avais que bien peu de choses à dire, si ce n’est la féliciter pour l’organisation de son festival, j’avais par contre quelques souvenirs à partager avec Joost Swarte. Lui rappeler l’époque où, pour la revue Falatoff, qui allaient devenir peu après les éditions Artefact, nous avions rencontré quelques dessinateurs du mythique « Tante Leny presenteert » ou sévissaient, outre Joost, Ever Meulen, Marc Smeets, Peter Pontiac ou encore Harry Buckinckx… Aujourd’hui, nous étions au cinéma « Le Margot » (en référence, bien évidemment, à la Reine Marguerite de Valois) ou Joost allait parler des rapports qu’il avait eut avec Yves lors de sa collaboration aux Editions des Humanoïdes Associés. Nous nous sommes séparés car il allait tourner une interview pour la chaîne de télévision Arte qui sera diffusée mardi 5 octobre au journal du soir et que je vous invite évidemment à ne pas rater.

Joost Swarte est surtout connu par la BD mais il est également un graphiste et un designer de grand talent. Il participe accessoirement à des projets architecturaux et les différentes expositions qui émaillent la ville de Nérac montrent parfaitement toutes les facettes de ses multiples talents.

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A l’occasion de cette conférence ou Isabelle est intervenue, Joost relata parfaitement la genèse de la BD moderne européenne. Enfants de Spirou et de Tintin, les dessinateurs de ma génération ont baigné dans le « style Atome » - en référence à l’atomium de l’exposition Universelle de Bruxelles en 1958. Ils ont été, bien vite, sensibilisés à l’apport américain des comics qui leur a permis d’émanciper une BD essentiellement destinée aux jeunes. Mais la grande évolution est venue de l’underground américain et le mouvement pictural né avec Crumb dans les comixs.

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Sexe, drogue et contestation, des thèmes clairement destinés aux adultes. Swarte, comme Chaland et quelques autres dont notamment Serge Clerc, ont réussi toutefois à faire la symbiose entre ces courants pourtant diablement opposés, l’école belge et le mouvement contestataire américaine. C’est cela l’esprit de « la ligne claire » et non pas seulement cette épaisseur uniforme du trait. Cet esprit où tous les domaines de l’art graphique se percutent et notamment ceux du design. Yves Chaland l’avait bien compris lorsqu’il se permettait d’imaginer un mobilier aux lignes pures et douces. L’un des plus célèbres, le bureau de grand patron d’Adolphus Claar dans « les robots se rebiffent », va probablement être édité. Laurent Buob qui préside le studio leblond-Delienne, était là pour présenter la maquette originale de ce fabuleux bureau. Comme quoi, la BD déborde largement aujourd’hui de son seul domaine.

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Cette manifestation propose des actions culturelles autour de la bande dessinée : expositions, conférences, dédicaces, débats, ateliers et bien évidemment des rencontres avec de multiples invités tels François Scuitten, Jean-Claude Denis, François Avril, Ben Radis, Charles Berberian, Luc Cornillon et bien d’autres encore. Comme quoi, ce festival de Nérac en ce début d’octobre devient bien le lieu incontournable des amateurs du 9 e art.

Pour terminer, il est à noter que le programme/magazine - gratuit - est un petit bijou avec notamment le dialogue entre Joost Swarte, Charles Berberian et Philippe Dupuis. Je vous invite également à consulter quelques sites Internet : www.rencontres-yveschaland.com ou www.yveschaland.com et celui de Joost Swarte. Voir à ce propos un mémo datant de quelques mois.


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