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On ne peut pas jouer avec la dépendance au jeu

Publié le 04 octobre 2010 par Alain Dubois

800px-Mercyhurst_hockey.jpg Au hockey, l'espoir de revivre un jour la rivalité Canadiens-Nordiques dépend, en partie, de la construction d'un nouvel amphithéâtre multifonctionnel à Québec. Aujourd'hui, le journaliste Pierre Couture, du journal Le Soleil, rapporte que des gens, proches de l'administration gouvernementale, envisagent de faire appel à Loto-Québec pour créer une loterie spéciale ou puiser dans les revenus des appareils de loterie vidéo (ALV). Un citoyen de Lac-Beauport propose aussi d'y consacrer une partie des revenus du jeu en ligne.

Outre l'obligation légale de Loto-Québec de verser l'entièreté des profits au Fond consolidé du revenu du Québec, il existe plusieurs obstacles qui rendent cette idée irréaliste.

N'importe quel observateur attentif aura remarqué que plus personne n'essaie de justifier l'expansion du jeu en promettant de meilleurs hôpitaux, de meilleures écoles, de meilleures routes. Il y a une bonne raison à cela. Depuis la création de Loto-Québec, quel hôpital, quelle école, quelle route a-t-on construit que nous n'aurions pas eu autrement? S'il existe un endroit au monde où les urgences sont engorgées, où le décrochage est devenu un problème de société et où les routes sont défoncées, c'est bien ici. Si les revenus du jeu ne parviennent pas à solutionner, même de manière raisonnablement partielle, ces objectifs sociétaux, il n'y a pas de surplus à consacrer à des besoins moins prioritaires pour la qualité de vie.

Un autre obstacle majeur réside dans l'iniquité sociale qu'il y aurait à faire payer aux plus pauvres un spectacle dont le coût est si dispendieux que même les plus riches ne peuvent pas se le permettre. Fondamentalement, les revenus du jeu sont une taxe régressive. Plus on est pauvre, moins on a d'espoir de se sortir de la pauvreté autrement qu'en achetant un billet de loterie. Les études populationnelles l'indiquent sans équivoque. Les plus pauvres paient une partie nettement disproportionnée de la taxe que le jeu représente. Pas certains qu’ils auront droit aux meilleures loges du nouvel amphithéâtre.

Ceci est sans compter qu'environ la moitié des revenus des ALV proviennent de joueurs qui éprouvent des difficultés insurmontables à cesser de jouer. Les ALV, et plus généralement les formes électroniques de jeu, sont les activités dont l'utilisation entraîne le plus fréquemment une dépendance psychologique pathologique. Les dommages qui en résultent surpassent les retombées économiques d'un club de hockey.

Le principal motif sociétal avancé pour exploiter des modalités de jeu aussi dangereuses que les formes électroniques de jeu est de colmater une fuite économique vers une juridiction étrangère ou une économie souterraine. Dès que l'expansion du jeu électronique ne pourra plus prétendre servir exclusivement ce besoin défensif, la légitimité de l'étatisation du jeu s'en trouvera fragilisée.

Les joueurs sont-ils eux-mêmes responsables de leurs malheurs? La question importe peu quand on considère que des familles entières sont entraînées dans la misère lorsqu'un de ses membres se met à dilapider le budget et le patrimoine familial. Des entreprises sont aussi mises en péril lorsqu'un employé détourne des fonds pour jouer. On peut perdre beaucoup d'argent au jeu sans jamais y avoir joué.

Pour sauver une entreprise économiquement non viable, l’argent du jeu est un mirage. On vient à peine d’en avoir un exemple spectaculaire avec l’effondrement d’Attractions hippiques du Québec. Loto-Québec n’est pas un sauveur d’entreprise, certainement pas quand Loto-Québec est elle-même en récession.

La résurrection de la rivalité Canadiens-Nordiques exige un appui collectif massif. Le recours aux revenus du jeu pourrait entraîner une rupture de cet appui.


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