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Bernard Clavel s’en est allé au pays du plus long des hivers

Publié le 06 octobre 2010 par Chantalserriere

(Cet article sera repris et illustré lorsque la panne technique ne me permettant pas  de l’illustrer sera réparée par l’équipe technique du Monde.fr à qui, je ne peux même pas envoyer de questionnement, pour cause de panne également!)

Bernard Clavel aimait l’hiver. Tous les hivers. Ceux d’hier, plus rigoureux. Ceux d’ici, au coeur du Jura et de la plaine bressane. Ceux d’ailleurs, au Canada, encore plus longs et plus blancs.

Il nous avait fait partager sa passion pour la saison hivernale dans un livre magnifique, au titre sans détour: “L’hiver”.

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Nous y voyagions à travers les photos qu’il avait prises tout au long de sa vie. Paysages saupoudrés de givre, neiges et froidures du pays natal, ville canadienne ensevelie, où la tempête vous égare et vous conduit à la rencontre de celle qui l’accompagnera désormais dans ses nombreux voyages, Josette Pratte

l’hiver. C’est la saison qui l’a rendu célèbre lorsque le prix Goncourt lui est attribué en 1968, pour son livre “Les fruits de l’hiver”.

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Quatrième tome du cycle autobiographique  de “La grande patience”, (”La maison des autres, Celui qui voulait voir la mer”, “La terre des vivants”), l’ouvrage est ainsi défini par son auteur: “ Il s’agit d’un roman, c’est-à-dire d’une matière vivante pétrie à la forme d’un moule… Cette histoire est celle d’un long crépuscule : celle d’une mère et d’un père qui achèvent de vivre sans bruit tandis que, dans le fracas des bombes, un monde meurt pour qu’un autre naisse. “

Né en 1923, à Lons le Saunier, Bernard Clavel est un autodidacte. Trop souvent classé écrivain régionaliste, avec la connotation péjorative supposée à tort  véhiculée par l’expression, Clavel en inscrivant son écriture dans un terroir, traite de sujets universels. Eternel blessé de l’enfance, éternel apprenti des lettres,  Clavel nous lègue une oeuvre qui est sans cesse, commencement, recommencement.

Humaniste fuyant le clinquant des décorations vaines, le brouhaha des  salons parisiens, Bernard Clavel  s’en est  allé hier, mardi 5 octobre 2O10, nous laissant orphelins. Pour retiré qu’il était, il nous manque déjà. Sa voix. Un jour je lui ai parlé. Au téléphone. C’est d’abord Josette Pratte qui a pris mon appel. Une histoire drôle que ce coup de téléphone! C’était il y a quelques années. j’avais envoyé mon manuscrit “Le boulanger de Chengdu”, à la lecture de l’écrivain, quêtant un conseil pour le proposer à un éditeur. Or, Bernard Clavel avait un homonyme dans la région. J’avais envoyé mon manuscrit à l’homme qui portait le même nom que lui!! N’ayant aucune réponse au bout de quelques mois, j’ai osé téléphoner…L’autre Bernard Clavel a ri. “Si vous saviez le nombre de manuscrits qui arrive à mon adresse! Je les parcours toujours. Navrant, le plus souvent! Mais le vôtre, voyez-vous, était différent. Je ne manquerai pas d’aller acheter le livre losrqu’il sera édité. Mais ne vous inquiétez pas, je vous ai retourné votre envoi”.

Bien que  très réconfortée par cette critique inattendue de la part d’un faux Bernard Clavel,  je m’inquiétai de ne  jamais  recevoir mon manuscrit retourné.  Peut-être des postiers diligents avaient-ils rectifié mon erreur? De ce fait, j’ai enquêté et trouvé le numéro de téléphone du vrai Bernard Clavel ! (Merci à mon ami libraire!). J’ai osé à nouveau appeler l’écrivain. Je pourrais écrire un roman sur ces minutes où la voix, ma voix, pénètre dans l’univers de Clavel. Ce que j’en imagine. C’était un matin d’hiver, bien sûr. Du givre sur les arbres. Y a-t-il du givre aussi sur le arbres de son jardin? La voix tranquille de Josette Pratte. “Je vais vous le passer”.  Ma voix qui rencontre sa voix à lui. Tout aussi tranquille que celle de son épouse. Il rit. Non, il n’a pas reçu mon manuscrit. Il s’excuse. “je suis retiré de tout”, dit-i.l Je ne lis plus de manuscrit”. Mais il me pose des questions. Il me demande le thème de mon livre. Nous bavardons. Le Jura, la Chine. Le voyage. Il me souhaite bonne chance…


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