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Circulaire illégale, fichier ethnique illégal… Les Roms dans le sarkollimateur !

Publié le 08 octobre 2010 par Kamizole

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«MENS sane in corpore sano». J’entends encore ce précepte favori de mon pater familias : L’esprit sain dans un corps sain. Las ! dans la funeste «France d’après» l’esprit est tout à l’image de ceux qui nous gouvernent et du premier d’entre eux : pervers et cynique, sans aucune morale, prêts à tout pour conserver le pouvoir et tous les avantages afférents. Dans quel monde nous font-ils vivre ?

Où l’on distille goutte à goutte la haine de l’autre, de celui qui ne nous ressemble pas. «Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et nous force d’aimer ?» s’interrogeait Lamartine. Eux sont animés – des pires intentions ! – mais n’ont certaine-ment ni âme ni conscience. Savent-ils seulement qu’ils ont affaire à des être humains ?

Ils sont abjects et répugnants. Je ne peux avoir aucun respect pour eux. Tout à leurs délires quasi schizo-phrènes et paranoïaques, racistes, xénophobes et ultra-sécuritaires, méprisant de surcroît la stricte légalité en toute occasion. «C’est reparti comme en 40» ! Rarement l’expression populaire ne pourrait être mieux utilisée… Encore un effort, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Eric Besson, et vous égalerez le Régime de Vichy et la Collaboration.

MENS (alors !) c’est le nom du fichier «qui n’existe pas» selon la gendarmerie et dont Brice Hortefeux a le toupet de prétendre qu’il n’en connaît pas l’existence. Acronyme de «Minorités ethniques non sédenta-risées»… Il est détenu par l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) au fort de Montrouge, à Arcueil (Val de Marne).

Brice Hortefeux mentait effrontément – mais c’est la marque de fabrique du sarkozysme à moins que ce ne fût celle du Diable ou de la Bête (666 comme chacun le sait) – en prétendant le 25 août 2010 sur RTL «qu’il n’existait pas de statistiques sur les communautés mais naturel-lement des statistiques sur les nationalités» ajoutant : «Il n’est pas question d’expulser des Roms parce qu’ils sont Roms» !

Encore un qui nous prend vraiment pour des cons ! Comment nous faire gober pareille billevesée totalement démentie non seulement par la réalité des faits : les Roms sont dans le sarkollimateur depuis bien avant le “frontiste” discours de Grenoble tenu par Nicolas Sarkozy à Grenoble le 30 juillet 2010 et la circulaire Hortefeux organisant systématiquement la “chasse aux Roms” (démantèlement des campements illégaux et expulsion des Roms étrangers) tellement illégale et contraire au respect des droits de l’homme qu’elle a déclenché l’ire de Bruxelles, aggravée lors du dernier Sommet européen par le quasi incident diplomatique provoqué par le comportement inadmissible de Nicolas Sarkozy engueulant Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, comme du poisson pourri.

Pourquoi mentir sur le caractère “communautaire” des statistiques lors même que l’existence de ce fichier et – surtout ! - son intitulé en apporte la preuve sémantique : connaîtriez-vous une autre minorité – ethnique ! – qui ne soit pas sédentarisée ?

Le caractère totalement illégal de ce fichier détenu par la gendarmerie ne fait aucun doute à la lecture de cet article du Monde (7 octobre 2010).

D’abord sur la forme : il n’a pas été déclaré à la CNIL contrairement aux prescriptions de la Loi informatique & libertés de 1978. Alain Bauer, pourtant président de la commission de contrôle des fichiers de police et qui ne connaissait pas non plus l’existence de ce fichier fantôme, compte bien s’autosaisir de ce dossier mais n’est guère surpris : “Beaucoup de ces institutions mentent avec aplomb, ce n’est pas le premier fichier non déclaré qu’on découvrirait”…

En effet, souvenez-vous d’un rapport accablant de la CNIL pour les services de police dénonçant le 19 janvier 2009 la mauvaise tenue du – tout à fait légal – fichier STIC (Système de traitement des infractions constatées) dont j’avais rendu compte dans un article du 21 janvier 2009 : Vive la CNIL ! A bas l’Etat policier !

Là aussi, sur le fond, à côté d’une foule d’erreurs factuelles portant sur divers aspects policiers et juridiques, figuraient des mentions totalement illégales – au regard des prescriptions très strictes de la loi Infor-matique et libertés - concernant les personnes : «handi-capé moteur», «autiste», «homosexuel», «travesti», «alcoolique»…

Mais c’est encore de la roupie de sansonnet comparé avec le fichier MENS ! Je comprends pourquoi la gendar-merie l’a tenu secret : la CNIL l’aurait interdit, purement et simplement… car «La loi de 1978 pose le principe de l’interdiction de faire mention des données ethniques et raciales», explique Yann Padova, secré-taire général de la CNIL. Or, MENS ne traite précisément la question des Roms qu’en fonction des critères ethniques voire «généalogiques» !

Heureusement, il y a le hasard… Deux ex machina dont le grain de sable perturbe les machinations les mieux ourdies. Les amateurs de polar le savent : le crime parfait n’existe pas. Or, ce sont les associations de Roms qui ont découvert l’existence de ce fichier grâce à des recherches sur Internet. Et notamment un document de présentation des missions de l’OCLDI – qui a été retiré depuis – commenté par un chef d’escadron de l’Office, lors d’un colloque qui s’était tenu en novembre 2004 à Lille, «avec quelques mentions imprudentes» !

C’est le moins que l’on en puisse dire car les rensei-gnements et statistiques fournis prouvaient à l’évidence l’existence d’un fichier tenus sur des bases ethniques. Un vrai festival !

«En cliquant sur une carte de France, le commandant a fait apparaître – région par région – les NOMS des familles de gens du voyage avec leurs “SPECIALITES” : trafic de véhicules, vols de bijoux, fraude intercommu-nautaire, blanchiment»… Une page faisait état d’une «généalogie des familles tziganes» qui eût été difficile à établir sans fichier…

Une autre page du document recense «Les groupes à risques : gens du voyage (Manouches, gitans) : les équipes des cités, les délinquants itinérants en prove-nance des pays de l’Est (Roms…)» et un «état numé-rique des interpellations de Roms (étrangers) par la gendarmerie de 2000 à 2004, ceux-ci étant classés par nationalité : Roumanie, Hongrie, Moldavie, Albanie…»

Comme le souligne Franck Johannès dans le Monde : «Il ne s’agit pas de Hongrois ou de Georgiens – qui pourraient être des Roms – mais bien de Roms, qui sont hongrois ou Georgiens, ce qui témoigne à l’évidence de l’existence d’un fichier des interpellations des Roms – en tant qu’ethnie – nationalité par nationalité»…

Il est bien évident qu’il faut du temps pour concevoir et créer une telle base de données. Cette présentation remonte à 2004 et vous avez sans doute lu comme moi : les chiffres des interpellations vont de 2000 à 2004. Daniel Vaillant (PS) qui a été ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin de 2000 à 2002 devra s’expliquer… Et peut-être aussi Jean-Pierre Chevè-nement qui l’a précédé.

Qu’ils ne nous fassent pas le même coup qu’Hortefeux : «Moi, pas savoir». Ce n’est pas crédible ou alors c’est la preuve de leur incompétence s’ils ne savent pas ce que font gendarmes et policiers dans une matière aussi grave.

Françoise Cotta et William Bourdon, avocats des quatre principales associations de Roms et de gens du voyage, ont porté plainte le 6 octobre 2010 auprès du procureur de Paris pour «constitution de fichier non déclaré» et conservation de «données à caractère personnel qui font apparaître les origines raciales et ethniques»…

Affaire à suivre, donc. Mais connaissant l’empressement du parquet de Paris à classer sans suite les affaires qui embarrassent Nicolas Sarkozy ou le pouvoir au terme d’enquêtes préalables peu poussées, «Gros doute chez l’affreuse»… mémé Kamizole.

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CREDIT PHOTO : Nous sommes tous des Roms (Théâtre du Soleil)
CPolitic


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