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Antichrist

Publié le 09 octobre 2010 par Flow

 

Antichrist. (réalisé par Lars Von Trier)

Perfide la femme, perfide!

 

 

Le réalisateur suédois livre un film sans concessions qui a divisé la critique mondiale entre chef d’œuvre et gros nanar. Après visionnage, se positionner est assez délicat. Deux constats s'imposent tout de même: il ne laissera personne indifférent et le réalisateur est sacrément dérangé.

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Un couple fait l'amour au ralenti pendant que leur enfant escalade une fenêtre, tombe et meurt. Anéantis, ils partent rejoindre le chalet nommé "Eden" perdu dans la forêt. Cette zone naturelle en pleine décrépitude est alors témoin de la folie qui s'empare petit à petit de la femme.

 

Beauté visuelle.

Ce que l'on ne pourra jamais enlever au film, c'est sa beauté plastique. Filmé de fort belle manière, le long-métrage est pourvu d'un graphisme froid tenant autant de l'iconographie chrétienne que de l'inconscient rêvé, représenté à la manière clinique de la psychanalyse. Mais là aussi, c'est loin d'être une beauté universelle. Ceux qui y sont sensibles verront un côté poétique, notamment lors de la scène d'introduction alors que les autres ne verront que prétention et suffisance d'un réalisateur qui se prend trop au sérieux.

Folie humaine.

Le film s'attache à décrire de manière clinique (longueurs, refus systématique de l'action) le cheminement d'un être sain vers la folie. Un simple événement traumatique entraîne le sujet dans une dépression, une névrose puis une psychose dont il ne se relèvera pas. Von Trier a eu l'idée de ce film alors qu'il était lui même dépressif et cela se sent. Lentement, le film glisse vers le glauque pour se terminer avec une explosion de violence dans la dernière partie que certains jugeront grotesque et outrancière. Deux personnages c'est peu, mais les acteurs sont convaincants. Dafoe dans le rôle du salop de mari excelle et on a envie de le claquer afin qu'il regarde sa femme comme un individu. Gainsbourg, elle, à fleur de peau, est plutôt bonne même si jouer des scènes extrêmes n'équivaut pas forcément à ce que l'on appelle communément une performance d'actrice.

 

Éros, Thanatos et la misogynie refoulée

Voilà, pour moi le point noir. Le plus difficilement compréhensible tant la position du réalisateur est floue. Il fait adopter à son personnage féminin un système de pensée chrétien: elle associe le plaisir de la chair à la faute, à la culpabilité, l'amour à la mort. Mais cela ne s'arrête pas là. En effet, travaillant sur les sorcières au XVIème siècle et le traitement qui leur était réservé, elle en vient à la conclusion que si le plaisir est associé à la culpabilité et à la mort, c'est par la faute de la femme qui est à l'origine du péché originel. Elle se prend donc pour une sorcière et le réalisateur en rajoute une couche en y associant toute l'imagerie de la femme pécheresse qu'il faut préserver d'elle même car trop faible pour se défendre. Alors, cette vision archaïque équivaut elle à de la misogynie ou est-ce plus complexe? Pour la défense du réalisateur, on peut dire que c'est la vision d'une femme fragile mentalement, qui depuis la mort de son fils pour laquelle elle se sent coupable a totalement perdu de vue le monde réel. Mais d'un autre côté, l'association de la forêt à un jardin d’Éden mourant (à cause de la présence de la femme?) qui renaît au même titre que l'homme lorsqu'ils en sont libérés peut porter à confusion.

 

Au final, je n'ai su que penser de ce film. C'est pour cette raison que je ne me mouille pas trop pour donner une interprétation définitive. Il me faudrait un second visionnage mais je n'en ai aucune envie. Ce qui est certain c'est qu'il est marquant et que le sentiment qu'il laisse est le plus étrange qu'il m'est été donné de ressentir à la fin d'un film: entre dégoût, mépris, circonspection et admiration.... Comme dira le renard dans une scène extravagante: "chaos reigns".


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