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L'Uchronie de la fin de la Seconde Guerre Mondiale : 1945, la victoire du nazisme et ses conséquences

Publié le 09 octobre 2010 par Jcgrellety

En juin, Libération publiait un article, "Si Pétain était mort en 1940". Avec des si, dit-on, on mettrait Paris en bouteille, mais cette critique proverbiale de l'évocation des conditions qui font l'Histoire est trop simpliste, car si rien n'est "écrit", à cause de la liberté humaine, des possibilités et des choix de conscience et d'action, il est donc philosophiquement établi que l'Histoire passée et figée pour toujours est un cours pris qui aurait pu être différent. Il existe ainsi des moments dans l'Histoire où tout aurait pu basculer différemment. Concernant Hitler, on le sait, cible de multiples attentats sans qu'un seul ait jamais réussi à le tuer, celui préparé et réalisé par le menuisier Elser aurait pu stopper le développement du nazisme et donc tuer dans l'oeuf la condition de possibilité absolue de la Seconde Guerre Mondiale qu'était la volonté d'Hitler quant à sa réalisation. Dans "Si Pétain était...", l'auteur écrit : "Les spécialistes appellent cela une uchronie, un genre littéraire qui repose sur une réécriture de l’histoire à partir d’un «point de divergence». Un genre historique, aussi, même s’il est peu fréquenté en France (2). Les Britanniques en sont les maîtres sous le nom d’histoire «contre-factuelle» ou «alternative». Outre-Manche, des universitaires très sérieux se posent des questions comme : que serait-il passé si l’Invincible Armada espagnole l’avait emporté contre la flotte anglaise ? Si Napoléon avait triomphé à Waterloo ? Si les colonies d’Amérique n’étaient pas devenues indépendantes ? Si les Allemands avaient gagné la Première Guerre mondiale ? «What if ?», se demandent-ils. Il ne s’agit pas de romans, au sens où seule l’imagination serait à l’œuvre, mais d’études extrêmement sérieuses sur les scénarios possibles. Evidemment, plus on s’éloigne du «point de divergence», plus la fiction règne. Depuis plusieurs années, une équipe française se confronte au tournant de mai-juin 1940. Elle nous livre aujourd’hui la première partie de ces travaux sous la forme d’un ouvrage : 1940. Et si la France avait continué la guerre…, chez Tallandier. Un jeu intellectuel ? Pas seulement. «Nous voulions répondre à l’idéologie dominante sur 1940. Car, ainsi que le dit l’historien américain Robert Paxton, Vichy a finalement gagné la bataille de la mémoire - en parvenant à convaincre nos contemporains que la IIIe République ne pouvait qu’aboutir à la déroute. Nous pensons qu’un autre futur était possible», assure Jacques Sapir, l’un des promoteurs de ce projet. «La France aurait pu rester dans la guerre. Au sein du gouvernement, une majorité était pour la poursuite, mais ils ont fini par céder à l’intimidation de Pétain et Weygand», le commandant en chef des armées. Ce tournant politique, lors du Conseil des ministres du 16 juin (et non du 12, comme dans l’uchronie), a été récemment raconté par l’historien Eric Roussel (3). Au sujet de la nomination du maréchal Pétain, l’historien se demandait «par quelle aberration le président de la République [Albert Lebrun, ndlr] et le président du Conseil [Paul Reynaud], tous deux hostiles à l’armistice, après avoir consulté le président du Sénat [Jules Jeanneney] et le président de la Chambre des députés [Edouard Herriot], également opposés à toute faiblesse, appelèrent au pouvoir l’homme dont ils savaient que le premier geste serait de prendre contact avec l’Allemagne»." A l'inverse de cette heureuse perspective, la plus fondamentale uchronie concernant la Seconde Guerre Mondiale n'a pas été écrite : la victoire en 1945 du nazisme. Sous quelles conditions, avec quelles conséquences ? Ni plus ni moins que la destruction de l'Humanité dans toute sa diversité génético-historique, supplantée par une Humanité réduite à "un monde de blonds aux yeux bleus avec un dictateur brun" (cf. "Le dictateur de Chaplin"), et, peut-être, quelques Japonais, peut-être. Comment ? : septembre 1940, l'invasion du Royaume-Uni par un débarquement allemand. Une attaque contre l'URSS repousée à 1943, comme l'attaque japonaise sur Pearl Harbor (mais une invasion réussie du RU par l'Allemagne nazie aurait obligé les Etats-Unis et Roosevelt à réagir immédiatement, en n'ayant toutefois plus aucune tête de pont pour aller envahir l'Europe occupée). Etc. Et ainsi, par voie de conséquence tragique, la victoire nazie en 1945 ou 46 ou 47, victoire mondiale avec des conséquences mondiales. Et pour la France, la conséquence aurait été aussi totale et définitive : les citoyens français auraient tous été envoyés dans les nouveaux camps d'extermination et la France, "principale ennemi de l'Allemagne" selon Hitler, aurait été effaçée de "la carte et le territoire". 65 ans plus tard, il est donc tragique d'apprendre que des prétendus jeunes et "bons" Français éprouvent de la sympathie pour le nazisme quant on ne veut pas oublier le véritable projet nazi de sa destruction totale...


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