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“The Social Network” : like & share

Par Kub3

David Fincher est de retour. Et comme d’habitude, son nouveau film ne ressemble à aucun autre. Beaucoup moins « visuel » que l’essentiel de sa filmographie, The Social Network paraît bien austère face à l’inventivité de Se7en, Fight Club ou encore L’Etrange Histoire de Benjamin Button. Mais le cinéaste a plus d’une corde à son arc.

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The Social Network surprend, déroute, intrigue. Un film sur Facebook ? L’idée en soi n’a rien de très excitant et laissait plutôt augurer un film grand public ultra-commercial et promotionnel sur les coulisses du leader mondial des réseaux sociaux – « découvrez enfin l’histoire du site que vous adorez tous ! ». Mais entre les mains de David Fincher, le projet prend une toute autre dimension. Evoqué à travers une partie de la vie et des déboires du créateur du site, Facebook n’est pas le véritable sujet du film. The Social Network est, avant tout, le portrait complexe de son fondateur Mark Zuckerberg, et a fortiori celui de toute une génération.

L’incroyable impact mondial du site reste hors-champ tout au long du scénario. En filmant la “petite” histoire du créateur dissimulée derrière l’immense succès de son œuvre, David Fincher opte pour une approche résolument intimiste. Présenté comme un geek surdoué, le personnage de Zuckerberg est l’antihéros par excellence, ni charismatique, ni sympathique. Certains y verront un connard en puissance, tandis que d’autres le considéreront comme le jeune génie qui, enfermé dans sa bulle, a malgré lui tout compris à la société qui l’entoure. David Fincher laisse le soin au spectateur de choisir en optant pour une réalisation neutre, classique et sobre, tout du moins en apparence.

The Social Network n’est pas facile à regarder. La plupart du temps filmé en intérieur, regorgeant de longues scènes de dialogues, l’ensemble est souvent bavard. L’aspect visuel et le rythme du récit semblent presque délaissés tandis que la parole s’impose comme le moteur narratif essentiel. Hormis une scène surprenante de course d’aviron, Fincher se réfugie dans une mise en scène et une esthétique sages, épurées, sans réelle surprise malgré un réel soin apporté au cadre ou encore à la photographie. Le film est résolument un anti-thriller, minimisant les intrigues en se concentrant avant tout sur l’évolution des rapports entre des personnages solitaires (la récurrence des courtes focales évoque très efficacement leurs problèmes de communication, thématique centrale du film). L’enjeu, alternant séquences de procès et flashbacks, réside dans cette interminable lutte de pouvoir pour la paternité du site entre Zuckerberg et ses amis devenus peu à peu des détracteurs.

Sous réserve d’accepter son austérité formelle, The Social Network devient alors un film souvent captivant bien qu’un peu longuet, mené par une indéniable qualité d’écriture et une interprétation irréprochable. Le scénario développe avec justesse les motivations de chaque personnage, sans jamais défendre quiconque ou se livrer à des procès d’intention. Au spectateur d’être actif et juge : le film existe avant tout dans son regard.

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En salles le 13 octobre 2010

Crédits photos : © Sony Pictures


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