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Kaboom

Publié le 11 octobre 2010 par Mg

Greg Araki a fait sensation à Cannes avec son dernier film, aujourd’hui en salles. Pas étonnant que son concentré de jeunesse contemporaine explosée à toutes les drogues possibles est dynamisée la Croisette, face à une sélection majoritairement classique. Pour autant, difficile de tirer une conclusion sur ce film qui part un peu dans tous les sens, ne collant à aucune étiquette réelle, un petit manque de personnalité qui offre une mosaïque d’idées dans un océan d’ambition. Difficile de s’y retrouver, donc.

Kaboom, c’est l’histoire d’un jeune étudiant de 18 ans, Smith, qui profite de la vie tranquille d’un campus américain, avec sa meilleure amie Stella, couchant avec London et lorgnant de l’oeil son colocataire surfeur. Ah, on le voit quand même se demander de quel côté de la barrière il doit se trouver, quelles sont les raisons de ces rêves étranges, que font ces gens avec des masques d’animaux à la fac, et pourquoi la jolie rousse a disparu, qu’est ce qu’un orgasme, ou encore qui était son père? Beaucoup de choses, baignées dans un visuel approximatif fluo et incarné par les personnages, véritables poupées de la mode moderne, découpées à la serpe dans leurs beaux vêtements au milieu de décors insignifiants. Il y a une volonté de pseudo-Lynch chez Araki, trop mélangé à un film de post ados aux questions existentialistes de leur temps (on pense forcément aux Lois de l’Attraction de Roger Avary), entre routes désertes et frénésie sexuelle de chaque instant, sans forcément avoir le talent ni la complexité d’un grand auteur.

En réalité on nous balance un peu tout ensemble, des appétits sexuels de chacun, aux fêtes paillardes jusqu’aux confréries ou sectes à l’américaine, coincé entre l’apparition de pouvoirs psychiques étranges, des orgies douteuses, des cours absents (du moins à l’image), un surveillant réincarné en Messie complètement stone, et une paranoïa qui s’installe au fur et à mesure que le film avance. Voilà donc Araki additionnant les scènes de cette fable contemporaine où on saute quelques étapes sans vraiment s’y intéresser, où la méfiance et les enlèvements règnent. S’il est facile d’anticiper chaque scène, le final grandiose et haut en couleurs laisse quelque peu sur sa faim, avec une impression de précipité et de non terminé (pour une dernière scène…). Kaboom dit la fin, et on comprend au moins le sens du titre, moins tout le discours derrière.

Avec Kaboom, Greg Araki livre un melting pot de la jeune génération, entre coucheries et drogues, lien avec le père et raison d’être. Mais tout cela est noyé dans un cadre tapageur, et un montage erratique. Pour autant, ça nous parle étrangement, sans être réellement intelligible. La fin, bloquée sur un passage de vieux Placebo, laisserait penser que c’est en fait à l’ancienne génération (celle du début des années 2000) qu’Araki souhaitait s’adresser. Pour nous parler de sa peur de l’avenir? On ne le saura pas… Kaboom.


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