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Les initiateurs du Manifeste des économistes atterrés débattaient ce week-end à Paris

Publié le 11 octobre 2010 par Jcgrellety

"Certains s’interpellent, se tutoient. Impatients ; d’autres ont déjà engagé le débat devant les portes battantes de l’amphithéâtre de la faculté de pharmacie à Paris, samedi. Quelques-uns restent en retrait. Et puis très vite, tous descendent les gradins du grand amphi Bussy et s’installent. Comme de simples étudiants. Sauf qu’ils sont professeurs ou chercheurs. Et qu’ils sont ici pour parler diagnostic économique. Et proposer de mettre en débat de nouvelles thérapies (lire ci-contre). «Il était temps de réagir», lance l’un d’eux, la cinquantaine, professeur honoraire à la faculté de Bordeaux. Et de désigner du regard la longue table qui trône devant le tableau blanc où est projeté le programme de cette journée. Là où viennent de prendre place plusieurs personnes, dont quatre chercheurs connus de tous : Philippe Askenazy (CNRS), Thomas Coutrot (coprésident d’Attac), André Orléan (EHESS) et Henri Sterdyniak (Observatoire français des conjonctures économiques - OFCE). Ceux-là même qui ont été à l’origine du Manifeste des économistes atterrés, signé par 1 139 d’entre eux. Constat.«Tout a commencé par une conversation au moment de la crise grecque, rappelle, devant un parterre de 200 personnes, Philippe Askenazy. Nous étions atterrés de voir la faible réaction de l’Europe. Atterrés de voir que cette même Europe ne semble pas mesurer le risque social et le risque démocratique qui découle de ses choix de politiques libérales.» Jeunes universitaires, néokeynésiens, alternatifs, anciennes «stars» marxistes des années 60-70, théoriciens de la régulation, écologistes, chercheurs, thésards, syndicalistes ou simples citoyens… Dans la salle, on (...) ""Samedi, l’économiste américain James Galbraith soulignait que «cette crise est la conséquence d’une coalition de puissants lobbys industriels et financiers qui sont parvenus à transformer des Etats en "république-entreprise". La gauche serait bien inspirée si elle faisait l’effort de se désintoxiquer de cette relation qui la paralyse depuis tant d’années…»"

«L'efficience des marchés a été une idée qui a eu une force considérable», insiste-t-il. Dans de nombreux travaux, l'économiste a démontré l'inanité de cette conviction. Les marchés financiers sont totalement inefficients, ne permettant aucune allocation optimale du capital. Déconnectés de la réalité des produits, ils conduisent à des excès à la hausse et à la baisse, allant dans un même mouvement de l'euphorie à la panique. Les nouveaux modes opératoires des marchés, totalement informatisés, travaillant à la vitesse de la nanoseconde, comme le fit remarquer un intervenant, professeur à Dauphine, accentuant jusqu'à la caricature les effets du système: en juin, une erreur d'un ordinateur au Kansas suffit à déclencher un mini-krach à Wall Street. En une heure, le marché s'effondra de plus de 8%, avant que les autorités ne déclenchent tous les coupe-circuits. Ces années de dérégulation totale du capital sont marquées d'une série de bulles et d'effondrement, qui se succèdent à un rythme de plus en plus rapproché. «Il est rare de voir un corps de doctrine se tromper aussi massivement», souligne André Orléan. Malicieusement, il a repris une des analyses du FMI sur les risques systémiques du système financier. En 2006, l'institution estimait que ces risques étaient quasi nuls."


Philippe Askenazy au colloque des «économistes atterrés»
envoyé par Mediapart. - L'info video en direct.


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