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Le cri du sapin

Publié le 03 janvier 2008 par Nathalie Jouat

Triste sort que celui du conifère en cette fin de festivités …

Planté dans la nature, jeune pousse qu’il est sa croissance est pourtant rapidement sollicité par l’obligation de rendement « C’est bientôt Noël, les sapins, magnez-vous donc le tronc à pousser ! » lui hurlaient dessus les bucherons barbus aux mains noueuses. A peine est-il adulte, ses aiguilles dégagent une odeur de sève fraiche dans la rosée de la forêt… Mais hélas ! Ce plaisir est de courte durée et le bruit de la hache sur ses tibias boisés l’arrache bientôt à ses rêves. « Tchop tchop ! » l’ancre de métal s’acharne, se déchaine et fait trembler ses picots, il en perd connaissance…

Notre ami sapin, s’éveillant après un long voyage biscornu en cagette à roulette se retrouve à présent pavané dans une vitrine de supermarché !! « Quelle étrangeté » s’apostrophe-t-il.

Les familles se réunissent par dizaines en son pourtour, les enfants crient de joie, pressent la pulpe de leurs doigts boudinés sur ses épines (brrrr, c’est si bizarre comme sensation !). On le ficèle, on le martèle sur une croix de bois et ce Christ verdoyant s’en va maintenant dans un foyer surchauffé. Imaginez donc le calvaire de ce pauvre résineux, pavanant « comme un sapin de Noël » qu’il est, au centre d’une table ronde et paré de milles boules et guirlandes qui lui grattent les branches !

Les jours passent, longs, chauds et secs à la fois car notre ami manque terriblement d’eau et d’oxygène « Je suis fait pour le Grand Nord moi, pas pour une chaumière de banlieue ! » tempête-t-il amèrement. Mais personne ne l’entend et tout le monde s’en tamponne car l’attraction du jour, c’est Rodolphe et le Père Noël. « Encore un barbu » pense le sapin …

Mais que se passe-t-il ? Enfin donc le terme du calvaire ? Les guirlandes sont enlevées et le délivrent comme autant de bandages retirés après la cicatrisation d’une plaie. C’est la libération, l’ami conifère se sent léger et frémit des aiguilles. Les boules de noël sont ôtées « Je me sens aussi soulagé qu’une femme qui quitte ses boucles d’oreilles en fin de soirée ».

Hélas encore, la vie d’un sapin est jalonnée de l’ingratitude des Hommes… C’est de nouveau ficelé qu’on le kidnappe du salon pour le déposer sans nostalgie sur le trottoir. « Et merci c’est pour les chiens ? » et encore !! Illuminant le salon de sa fraîche verdeur, ayant fait le délire des gosses il est aujourd’hui le plaisir des molosses qui lui pissent dessus …

« Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh » entend le cri du sapin !!!

Nathalie J.


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