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Comment reprendre son entreprise en main

Publié le 12 octobre 2010 par Gillesp
Depuis une semaine est sorti "Entre nos mains". Ce film intéressera tous ceux qui considèrent les coopératives comme des réelles alternatives. Ce tournage en "cinéma direct" suit les tribulations de ce projet pensé par les cadres de l'entreprise et accompagnée par une consultante. J'avais vu ce film à Cannes puisque l'ACID avait en effet sélectionné ce long-métrage.

Confrontés à la faillite de leur entreprise de lingerie, des salariés - majoritairement des femmes - tentent de la reprendre sous forme de coopérative. Au fur et à mesure que leur projet prend forme, ils se heurtent à leur patron et à la réalité du « marché ». L’entreprise devient alors un petit théâtre où se jouent sur un ton espiègle, entre soutiens-gorge et culottes, des questions fondamentales économiques et sociales. Les salariés découvrent dans cette aventure collective une nouvelle liberté.

Avec « Entre nos mains », je voulais porter mon regard sur une « utopie » qui se confronte au réel en racontant l’histoire de « gens » qui sont amenés très concrètement à remettre en question leur manière de vivre ou de travailler et à se penser ou se percevoir autrement, à travers d’autres pratiques.C’est pourquoi je me suis intéressée aux Scops, des entreprises qui fonctionnent sous forme de coopérative. Elles « révolutionnent » intimement notre manière instituée de travailler et de vivre ensemble et amènent chacun à penser différemment son rapport au travail, aux collègues, aux proches, et plus généralement à revoir sa  manière « d’être au monde ».
Il m’a semblé que le meilleur moyen de montrer cette révolution à la fois intime et collective était de filmer non pas une Scop déjà existante, mais plutôt le prélude à sa naissance, c’est-à-dire la période courant sur quelques mois durant laquelle les salariés envisagent de construire ensemble leur propre coopérative.
C’est ainsi que je suis arrivée à Starissima, une entreprise de lingerie féminine située à proximité d’Orléans, constituée majoritairement de femmes (c’est pour cela que je dirais elles plutôt que ils, écorchant délibérément ainsi notre sacro-sainte règle de grammaire !).
Pour la plupart, elles ont travaillé dans ce lieu toute leur vie durant sans jamais se  syndiquer - à l’exception de l’une d’entre elles - et ne se sont même jamais mises en grève malgré leurs insatisfactions et leurs maigres salaires. Starissima est donc une entreprise  figée depuis des décennies dans un système hiérarchique et paternaliste fort,  « à l’ancienne » pourrait-on dire, mais aussi paradoxalement, à l’image du monde salarial actuel, moins syndiqué et politisé qu’il y a une trentaine d’années.
Avec cette possibilité de travailler en coopérative, des femmes d’origines culturelles différentes, habituées à travailler « en clans » et de manière individualiste, allaient devoir travailler ensemble : l’enjeu pour elles était de taille. Mais plutôt que de décrire le processus économique en lui-même, ce qui m’intéressait,  c’était de filmer - dans la suite de mon film précédent « Histoire d’un secret »  - le politique à hauteur d’hommes et de femmes, et de le faire au quotidien,  en essayant de m’approcher au plus près de chacun, de son évolution singulière, pour essayer d’en dégager au final un sens plus général et plus vaste. Et de faire ainsi de cette entreprise un petit théâtre aux personnages divers et attachants où allaient se jouer des questions fondamentales  économiques et sociales.
Le patron de Starissima, l'entreprise dans laquelle s'est tourné Entre nos mains, a refusé d'être filmé, car ne faisant pas partie au départ de la future coopérative. Mais ce problème s'est vite transformé en idée forte pour la cinéaste Mariana Otero, car "le laisser hors-champ lui donnait finalement plus de force et paradoxalement de présence. L’invisibilité du patron, à l’intérieur d’une entreprise pour une fois « visible » prenait alors tout son sens".
 A l’occasion de la sortie du film, la réalisatrice va débattre avec le public dans toute la France :
13 octobre - Théâtre - Malakoff14 octobre - Cinéma Rialto - Nice15 octobre - Espace 1789 - Saint Ouen19 octobre - Théâtre - Poitiers20 octobre - Trianon - Romainville21 octobre - Luxy - Ivry/Seine / Select - Antony25 octobre - Gardanne26 octobre - Château Arnoux27 octobre - Le Royal - Toulon29 octobre - Prévert - Les Ulis / CinéMassy - Massy30 octobre - Les 400 Coups - Chatellerault31 octobre - Lectoure1 novembre - Ciné 32 - Auch2 novembre - Sainte Foy la grande3 octobre - Pessac / Saint Medard4 novembre - Marmande9 novembre - Cinécentre - Dreux13 novembre - Lumina - Saint Lunaire

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