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Pauvre Jaurès.

Publié le 13 octobre 2010 par Marx

Pauvre Jaurès.
   Tout le monde se réclame de Jaurès, y compris ceux qui véhiculent les motivations pour lesquelles il fut assassiné. La droite et Sarkozy qui cite le grand dirigeant socialiste. Le FN n’hésite pas à prendre part  à cette ignoble curée, selon qui , Jaurès aurait voté FN. Tout y passe, même les cléricaux ont leur version consensuelle de Jaurès. Rien d’étonnant, après tout , ce n’est même plus une référence pour le PS, sauf à usage utilitaire, lors du référendum sur le TCE, avec une falsification aussi ignoble. Disparu le drapeau rouge, remplacé par le drapeau européen, la couronne mariale sur fond bleu céleste. Jaurès utilisé pour justifier tous les abandons, toutes les modérations en modérations, jusqu’aux plus lamentables trahisons.
   Chacun a son Jaurès et chacun veut son Jaurès pour l’opposer à l’autre. Jaurès pour justifier l’injustifiable. Imaginez la distance qui sépare un DSK, un Hollande, un Valls et consort avec Jean Jaurès. Comparer des nains de la politique avec un géant du socialisme. Imaginez un Denanot Président de la Région Limousin, adhérent du PS, qui ose s’attaquer à la loi de 1905 en affirmant que c’est une loi discriminatoire. Pauvre Jaurès lui le laïque, lui de la Sociale , lui qui participa à sa rédaction, à sa défense, lui qui malgré tout trouvait que cette loi de 1905 n’allait pas assez loin et il conjurait les blanquistes qui la trouvaient encore insuffisante de la voter.
   Jean Jaurès celui du Parti de la classe ouvrière, du prolétariat rebelle, celui de la transformation sociale qui s’était juré d’abattre le capitalisme. Celui pour qui la réforme n’avait de sens que si elle s’impliquait dans un processus révolutionnaire. Celui qui dénonce la guerre impérialiste, du capitalisme porteur de guerre. Cet homme, ce grand dirigeant du mouvement ouvrier, déjà trahi, son cadavre encore chaud. Ces modérateurs de tous poils et en premier, les tous premiers à le trahir, ne sont que les réformistes de l’aile droite du Parti allemand qui s’empressent de voter les crédits à la guerre. Les « affreux révolutionnaires » allemands de l’aile gauche, les marxistes de Karl Kaustky restent fidèles à l’engagement qui ont donné à Jaurès et à l’internationale ouvrière en votant contre. Et tous ceux qui l’ont trahi, ne cessent de se réclamer de sa mémoire et ceux qui l’ont tué, aussi. Pour les aventuriers il devient aussi une part de leur fond de commerce..
   Si vous demandez à ces messieurs ce qui opposait Jaurès à Guesde, vous aurez tout et son contraire, selon l’interlocuteur et ce qui arrange chacun. La vision étroite et la justification de l’injustifiable font que certains cherchent des cautions de poids. Jaurès le bon contre Guesde le mauvais, Jaurès le « réformiste » contre Guesde le « révolutionnaire ». Jaurès le « socialiste » contre Guesde le « marxiste ». Tout le reste est disqualifié, au nom de Jaurès, utilisé comme un rempart. Le comble c’est d’entendre condamner Robespierre, au nom de Jaurès, ou même celui qu’il appelait « mon maître » dont le portrait était en bonne place dans son bureau, Karl Marx . Vous aurez droit à la confusion entre l’idéalisme dans l’histoire et l’idéalisme religieux, à ces affrontements oratoires avec Lafargue à des oppositions inconciliables. Jaurès de répéter que son idéalisme n’est pas en opposition à Marx, il n’en serait que complémentaire….n’en déplaise à son ami et gendre de Karl. Ce fut entre les deux hommes un cycle de conférences avec des débats d’anthologie. Une seule vision, pour ces grands dirigeants, un combat et une classe, le Socialisme.
   Augustin Laurent, le jauressien au pays de Guesde, le socialisme du Nord, écrivit une brochure sur les deux grands dirigeants. « Deux grandes figures, une même leçon » . C’est son discours, prononcé au Panthéon le samedi 20 juillet 1957, au cours d’une cérémonie commémorative de la mort de Jean Jaurès, organisée par les anciens du Parti Socialiste. Le même jour, une autre cérémonie avait célébré , au Père Lachaise le trente-cinquième anniversaire de la mort de Jules Guesde. Deux hommes pour une grande leçon, en guise de conclusion pour Augustin Laurent.
   L’œuvre de Jaurès est immense, elle évolue en permanence, comme lui. Elle commence avec la République et la laïcité et c’est à partir de la laïcité qu’il va au socialisme, sans cesse en évolution « radicalisation » diront certains. On peut trouver bien des œuvres et des références sur notre blog de l’histoire socialiste.
   Les tenants de la doctrine sociale de l’église, de nos jours sont nombreux à fréquenter les cercles et les sections socialistes. Leur plus illustre représentant, au temps de Jaurès, n’était autre que le Comte Albert de Mun, celui qui demandait la tête de jaurès et le courage de quelque citoyen pour en finir avec le dirigeant socialiste.
   La bourgeoisie et l’église ne pardonnent jamais, ils ont armé la main de Raoul Vilain. Un jour de trente six sur une plage de la région de Valence , en Espagne, un groupe de miliciens ouvriers reconnaît l’assassin et font justice.
 Nous avons par ailleurs dans un article, sur ce blog relaté l’assassinat de Jaurès et d’autres notes concernant le grand Tribun de la classe ouvrière.


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