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So called Kurdistan

Publié le 03 janvier 2008 par Anom Yme

  

C'est ainsi que l'on nomme le Kurdistan dans beaucoup de pays et en particulier en Turquie. La traduction la plus appropriée serait "prétendument Kurdistan" selon Gülay Göktürk. C'est cette femme, dans un éditorial pour le journal Bugün, qui traite très habilement de la politique turque face à la minorité kurde. Ainsi, elle déclare que "la Turquie en est ainsi encore à devoir affronter cette "prétendue" problématique, qui a pris de telles proportions qu'on ne sait même plus lui trouver un début de solution. Dans ces conditions, y a-t-il un sens à répéter ce même type d'erreur en refusant et en niant la réalité de l'État fédéré kurde qui existe aujourd'hui dans le nord de l'Irak ?"
Évidemment on ne peut nier cette réalité. Mais une meilleure problématique est encore formulée dans cette phrase, assez courte, mais qui démontre bien l'état d'esprit actuel d'Ankara : "En effet, ce dont nous avons peur, c'est que les Kurdes habitant du côté irakien de la frontière vivent de mieux en mieux, que nos Kurdes à nous les envient et qu'ils souhaitent in fine se séparer de la Turquie pour les rejoindre." Et d'ajouter de suite : "Mais, bon sang, combien de siècles allons-nous vivre avec cette phobie ! Le maintien de l'unité du territoire turc ne dépend-il vraiment que du maintien dans la pauvreté et sous l'oppression des Kurdes vivant au-delà des frontières de la Turquie ? Plus les Kurdes d'Irak vivront dans la peur et dans la misère et plus notre unité territoriale et notre sécurité s'en trouveront assurées ?"

On comprend bien alors les intrusions de l'armée turque en territoire irakien, et même si Talabani ne semble pas s'en offusque, on pense assez rapidement à une atteinte à la souveraineté du pays. De plus, depuis le départ des troupes britanniques de Bassorah, voilà que le Kurdistan irakien, lui, se retrouve dans une situation d'autonomie assez impressionnante. Bien sûr, les immenses réserves de pétrole de la région ne peuvent qu'aider au développement, mais il n'empêche.
Dans l'actualité, c'est 70 blessés et plus de 5 morts qui viennent s'ajouter 37 000 personnes mortes depuis 1984, année des premiers heurts entre le PKK (considéré comme entité térroriste selon l'UE, les USA et la Turquie) et Ankara.
Cette fois çi, c'est à Diyarbakir que la bombe a explosé, visant probablement un véhicule militaire qui passait par là, mais aussi une caserne située à une centaine de mètres de la déflagration. Cette acte a été vivement condamné, que ce soit par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan ("Le terrorisme a ressorti son horrible visage. Mais ce type d'événements n'infléchira pas notre détermination à combattre le terrorisme à la fois dans le pays et à l'extérieur"), que par les USA qui, de leurs côtés déclarent qu'ils "réitèrent leur détermination à se tenir aux côtés de la Turquie dans la lutte contre tous les types de terrorisme".


 
   Difficile donc de donner ne serait ce qu'un semblant d'avis sur la question Kurde en Turquie, sachant que ce peuple se bat certes pour une autonomie, voire une indépendance; mais les moyens mis en oeuvre ne sont absolument pas bien choisis et, la plupart du temps, les civils souffrent plus qu'ils n'obtiennent. Pourtant, il est tout autant difficile de ne pas montrer du doigt le rôle qu'a joué la Turquie et qu'elle joue encore aujourd'hui dans la "résolution du problème". Et pour conclure, redonnons donc la parole à Gülay Göktürk : "Voyez donc où nous a mené cette politique consistant à nier systématiquement la réalité. Les généraux turcs, qui dans le passé se sont avérés de véritables champions de ce type d'exercice, n'en finissent plus aujourd'hui de faire leur autocritique et d'admettre qu'ils ont commis une erreur en niant la problématique kurde."
Certains diront que c'est un peu comme "le prétendu génocide arménien"...

Sources :
- L'article de Gülay Göktürk en français sur Courrier International
- TV5 : "Turquie : 5 morts dans l'explosion d'une voiture piégée dans le sud-est"
- Al Jazeera : "Deadly blast hits Turkish city"
- "Turquie et PKK : nouvelles tensions" par Shyankar


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