Vivement la retraite !

Les enquêtes d’opinion portant sur « un sentiment », un ressenti, sont toujours à prendre avec des pincettes. Les chiffres bruts globalisés tiennent insuffisamment compte des situations particulières ; l’étude des résultats dans les sous-groupes sociologiques ou catégoriels, quand elle est possible, donnerait des précisions plus claires.
Une enquête récente sur le « bonheur au travail » pourrait retenir l’attention, à un moment où tout le monde parle retraites. L’attrait irrésistible pour la cessation d’activité pourrait en effet trouver une part de sa motivation profonde dans un exercice ennuyeux de la tâche quotidienne, sans aucune satisfaction. Le débat sur la pénibilité, la conception même de cette pénibilité, est d’ailleurs une manière d’aborder la problématique. Il semble évident que pratiquer quotidiennement les mêmes gestes répétitifs avec peu de place à l’initiative, avec une lisibilité partielle de ce que l’on fait ou une absence de motivation collective, ne sont pas des moteurs d’enthousiasme.

C’est un peu surprenant, mais l’enquête en question, récente, réalisée par Opinionway pour 20minutes.fr montre que globalement 69% des personnes interrogées se déclarent heureux au travail. C’est une diminution par rapport à une observation antérieure (77% en octobre 2009) Les enquêtés, placent toujours au premier rang de ce qu’ils apprécient le plus « les gens avec qui ils travaillent », à 79% (contre 86% en octobre 2009). Ces chiffres demeurent, en dépit de leur fléchissement, assez inattendus et contredisent certaines opinions reçues parfois et encore récemment énoncées.
Le facteur « stress » est en progression chez les personnes qui ne sont pas heureuses au travail et la recherche de responsabilités plus grandes, de mutations progressent chez les autres. En dépit de ce « bonheur » relatif, pour 69% des personnes interrogées, travailler au-delà de l’âge légal de départ à la retraite est inenvisageable.
C’est clair : heureux, certes, mais pas assez pour rester : heureux, mais encore plus quand ça s’arrête !
L’appréciation portée sur les différentes classes d’âge des collègues de travail est également significative d’une demande de mixité : « Responsables » (91%), « Compétents » (90%)  sont les deux adjectifs qui caractérisent le mieux les Seniors selon les salariés, tandis que les juniors sont appréciés pour leur « dynamisme » (83%) et « réactivité » (73%). La grande majorité donnant la préférence à une grande mixité séniors/juniors dans la qualité du travail finalement effectué. Dans les faits, le bilan ne va pas dans ce sens. Seuls 24% des personnes interrogées estiment que les jeunes salariés (moins de 30 ans) et les seniors (plus de 55 ans) sont présents à parts égales dans l’entreprise.
Vivement la retraite !