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"C'est une chose étrange à la fin que le monde." Jean d'Ormesson

Par Manus

"C'est une chose יtrange א la fin que le monde." Jean d'Ormesson

Si cet académicien est désormais reconnu en tant que philosophe, Jean d'Ormesson possède indéniablement d'autres cordes à son arc.

La finesse avec laquelle il conjugue ses connaissances scientifiques et religieuses, offre, à ce qu'il nomme son "roman", une saveur particulière.

En lisant ces lignes, le lecteur pourrait craindre d'être confronté à un ouvrage pseudo-scientifique dans lequel l'auteur se gargariserait de son savoir, au point qu'il serait opportun de le lire en compagnie d'une encyclopédie.

Les premières pages indiqueront qu'il n'en est nullement question.  D'Ormesson, dans "C'est une chose étrange à la fin que le monde", commence son livre par le parallèle entre la voix intérieure de Dieu, "le rêve du vieux", et celle, "le fil du labyrinthe" qui retrace le commencement depuis le néant jusque bien au-delà de nous-mêmes.

Ce double monologue possède une douceur et une humilité que le lecteur percevra d'emblée.

Douceur et humilité car les réflexions qu'il prête à Dieu sont empreintes de sagesse, de simplicité, et surtout, d'une sorte de vérité face aux évènements de l'histoire religieuse et scientifique qui se déroulent au travers de la partie "le fil du labyrinthe".

En lisant - on devrait presque dire :" en écoutant" - les voix intérieures respectives, on mesure la grandeur de l'intelligence de l'auteur.  

Une personne intelligente, pétrie de son savoir, de son pouvoir et de son argent, n'est rien si elle n'est pas en quête des mystères de l'amour et de la vie.  Elle n'est rien si elle ne peut se laisser émouvoir par ce qui touche à l'infini et à l'inaccessible : la vie.  La mort.

Cette grandeur de Jean d'Ormesson c'est cela : intelligence aiguisée évoluant en harmonie avec sa quête de spiritualité, à l'écoute du monde et du coeur de l'humanité.

On dit d'ailleurs que les êtres à la véritable intelligence ne se départissent jamais d'humilité. Conscients de leur savoir, ils mesurent d'autant plus qu'ils ne savent rien ...et ne sont rien, face à l'infiniment grand et l'infiniment petit.  

Partant de ce rien justement, du néant, de l'inexistant, d'Ormesson commence lentement à bâtir le monde au fil des pages.  La vie prend naissance à un certain moment, arrivent ensuite l'ère du Jurassique, les premiers hommes, les scientifiques et les philosophes qui, chacun à leur tour, apportent leur pierre à l'édifice quant à la compréhension du monde.  La description de l'évolution des différentes religions nous permet de nous rappeler certaines époques terribles, d'autres plus naïves, d'autres encore s'ouvrant peu à peu à une réalité de plus en plus plausible.

Les lignes lues sont comme des échelons qui nous offrent plus de verticalité.  Si nous avons tendance à avoir le nez dans le guidon du quotidien, l'auteur provoquera ce qui nous manque tant : un délicieux vertige où nous nous hissons telle une montgolfière : de plus en plus haut, de plus en plus loin, au-delà de la stratosphère, au-delà des galaxies, pour rejoindre le début de tout, et la fin.

Vous l'aurez compris, les trois questions inhérentes à tout homme sont ainsi abordées : d'où viens-je, qui suis-je, où vais-je ?

Précisons que l'humour ne fait pas défaut à ses réflexions métaphysiques, ce qui est non-négligeable vu cette tâche ardue, celle de nous conduire à un "tour de l'univers" en quatre-vingts jours, qui nous est proposée.  

J'aime particulièrement lorsqu'il dit, p 113 : "La science d'aujourd'hui détruit l'ignorance d'hier et elle fera figure d'ignorance au regard de la science de demain. Dans le coeur des hommes il y a un élan vers autre chose qu'un savoir qui ne suffira jamais à expliquer un monde dont la clé secrète est ailleurs."

Je terminerai par cette citation tirée du "roman" "C'est une chose étrange à la fin que le monde" qui à mon sens, non seulement résume tout son ouvrage, mais puisque celui-ci relate la recherche de l'auteur face à l'Alfa et l'Oméga, résume notre vie :

"Vivre, c'est d'abord mourir."

"C'est une chose étrange que le monde", Jean d'Ormesson, éd. Robert Laffont, 2010.

Savina de Jamblinne.


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