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i'm doing it for the fame.

Publié le 18 octobre 2010 par Sizzlingyouth
i'm doing it for the fame.
Personne ne veut bouger alors je me lève pour ouvrir la fenêtre. L'air est frais, respirable, et j'ai presque envie de plonger pour m'y blottir, puis je me souviens qu'on est au premier étage et qu'à défaut de mourir je me casserai surement les deux jambes. Alors je reste là, près de l'encadrement, et j'ouvre la bouche pour sentir l'automne sur ma langue. Dehors les gens rient. Ou peut-être font-ils semblant. L'été est passé mais les soirées s'enchaînent et personne ne les apprécie vraiment.
Derrière moi quelqu'un me parle mais je ne reconnais pas la voix. Je me retourne lentement en évitant ton regard. C'est ce mec de la marine marchande, celui qui avait complimenté mon pantalon chino et me l'avait niqué à coup de champagne. Je lui réponds sans vraiment comprendre ce que je dis, trop occupé à fixer mon regard sur le sien. J'imagine que si je croisais tes yeux je m'y perdrais. Je crois que j'ai peur de toi. Victoire m'a dit que j'étais amoureux mais c'est faux. Peut-on aimer quelqu'un à qui l'on n'a jamais parlé ? La première fois que j'ai entendu ta voix nous étions chez Marie. Il faisait chaud, l'atmosphère était lourde. Le vent s'était calmé et seule la vodka nous rafraîchissait. Certains avaient alors décidé de s'entasser dans le jacuzzi et toi, tu les observais d'un oeil distant, voire sévère, et c'est probablement pour ça que je ne les ai pas rejoints. Et alors que je t'admirais tu as éclaté de rire, d'un rire éblouissant, puis tu as tourné la tête vers moi. J'ai crû pleurer d'affection. Depuis je pense à toi. J'ai parfois l'impression de t'intéresser, puis je me dis que tes regards sont le fruit de ce que tu crois être de l'indifférence. Ou peut-être est-ce de la simple sympathie. Il faudrait que je te parle pour me rassurer.
En bas les premières notes d'une chanson qui m'est inconnue résonnent et tout le monde se lève pour descendre. Je n'en ai pas vraiment envie mais je suis le mouvement. Arrivé en bas je me dirige vers le jardin, peu enclin à supporter l'odeur de la weed et la promiscuité juste pour pouvoir t'observer danser avec d'autres que moi. La terrasse est spacieuse. D'ailleurs pas mal de gens sont venus s'y réfugier. Un mec a même sorti un dock et branché son ipod. Je m'assois sur un transat et j'allume une clope en me demandant comment t'aborder, comment engager la conversation. Je sais très bien que ce sera facile, qu'on deviendra amis rapidement. Mais je veux plus et je ne sais pas m'y prendre. D'habitude c'est vous qui venez me voir. Je n'ai qu'à boire et fumer avec mes potes, jouer la carte de l'inaccessible, et vous laisser tout le sale boulot. Mais toi tu es d'un tout autre niveau. De celles qui se font courtiser, qui ne s'abaisse pas à appâter le mâle. La chanson qui jouait se termine et les premières notes du featuring Golden Bug/Esser parviennent à mes oreilles. C'est léché. C'est doux. Je regarde le ciel infini et l'espace d'un instant je t'oublies. Je repense à ce moment avec Maxime et Victoire où on déambulait dans les rues du vieux Aix. Il pleuvait mais on s'en foutait, on avait pris des serviettes sous lesquelles on s'abritait et on écoutait Oasis, comme en écho au pull Pretty Green que je portais. J'avais l'impression d'avoir 15 ans. Puis on était arrivé sur le cours Mirabeau et j'avais jeté mes chaussures comme une vieille capote usagée, et on avait grimpé sur le rebord d'une fontaine. J'étais pieds nus et mon jean était trempé, on se poussait au rythme d'un Champagne Supernova usité et Victoire criait. C'était la liberté. Depuis tout a changé. Je suis comme entravé par mon obsession pour toi. J'aurais préféré être comme tous les autres et glorifier le coup d'un soir, mais je suis un romantique.
Autour de moi les gens discutent mais rient peu. La faute à l'alcool qui s'estompe. Les cris se font plus faibles, les corps plus indolents, et bientôt plus rien ne semble vraiment évoluer. J'aurais aimé qu'ils se lèvent et crient dans la nuit, histoire de rendre toute cette histoire plus urgente. Un peu plus loin un mec me regarde, l'air impatient. Il est beau, ses yeux sont bleus et ses cheveux sont bruns, mais je ne m'y attarde pas. Il souffle la fumée de sa clope très lentement, comme s'il attendait quelqu'un ou quelque chose. Je ne sais pas pourquoi mais je me mets alors à l'imaginer nu, dansant et embrassant cette meuf que je convoite tant. Elle l'aurait aimé, j'en suis sûr.
Un mec que je connais vaguement vient s’asseoir à côté de moi et me demande comment je vais. J'ai envie de lui dire que tout va bien. La soirée est belle et les gens sont cools. Mais je n'y arrive pas. Je souris tristement et je réponds : "Je crois que je suis amoureux de ta meuf."
Golden Bug - Never stop dancing (ft. Esser)

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