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Ceux qu'on effleure

Publié le 18 mai 2008 par Menear
Broutille.
Je le dis parce que je l'expérimente ces temps-ci (expérimente ne convient pas vraiment, je devrais plutôt dire que je le ressens) mais en réalité je crois que c'est un truc qui revient régulièrement. Le truc en question : l'intérêt que l'on porte plus facilement pour les personnages (très) secondaires, ceux qu'on aperçoit à peine au détour d'une page (ou d'une image ou d'un plan). Plus que ceux qui monopolisent les premiers rôles, ce sont les absents qui me séduisent. Ceux qu'on voit cinq minutes à peine et qui n'ont aucune incidence sur rien. Ceux là, ceux qu'on ne fait qu'effleurer et encore.
Je parle dans la fiction, bien sûr.
Des exemples, des noms, dans le vrac de mes souvenirs, je peux difficilement en retrouver. Justement parce qu'ils sont anecdotiques, effacés, absents. En général j'en ai un vague souvenir. C'est souvent le fils de, la copine de, le clodo qui, le type chez, l'ex-femme du. Ce genre de trucs. Ils sont les fantômes de personnages qui dépassent par endroits parfois. Ils n'apparaissent qu'en surface. On ne sait jamais rien d'eux et c'est justement pour ça qu'ils me plaisent. Tellement pleins de possibilités, tellement pleins de creux et de vide en eux qu'on ne peut que se mettre à les remplir soi-même. Parce qu'ils ne sont que des brouillons en pointillés à relier et reproduire à sa guise. Voilà pourquoi.
Ce genre de personnage tout en creux à l'intérieur s'est de lui-même imposé à moi dans l'écriture de « Coup de tête ». Je lui ai choisis un nom bien précis dont je travestis l'orthographe dans ma tête pour le garder à moi. Je n'imagine que sa silhouette. Et encore. Il ne parle jamais. Il est presque absent. On l'effleure en permanence. Il n'est personne. Il y a quelques jours je me suis mis à imaginer ce qu'il pourrait être dans le contexte d'une fiction bien à lui. Ce que j'y ai vu m'a plu. Évidemment, je laisserai cette partie de l'iceberg sous la surface de l'eau. Qu'il reste vide autour et à l'intérieur de lui. C'est important.
Broutille, certes, mais broutille qui me tient à cœur.

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