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Il y a un an « le blocage »

Publié le 08 mars 2007 par Menear
On m'a demandé d'écrire quelque chose sur ce que les autres appellent, avec cette espèce de nostalgie à la fois béate et amère, le blocage. On m'a demandé d'écrire quelque chose sur ces évènements d'il y a un an (dans le cadre de notre atelier d'écriture) et je n'ai pas été capable de produire l'une de mes habituelles fictions qui évacuent la contrainte ou le sujet d'entrée, comme je le fais régulièrement. Parce qu'on ma demandé d'écrire quelque chose sur le blocage et que moi, en fait, je n'ai pas grand chose à dire sur « le blocage ». Je peux vous renvoyer vers quelques billets datant de cette époque mais ça n'ira pas plus loin. Parce que le blocage, moi, je ne l'ai vécu qu'en marge. Parce que quand je pense au blocage, je ne revois essentiellement que mes visites régulières mais courtes, parce que quand je pense au blocage, je me revois, moi, passant par dessus le portail de la fac et n'être plus à ma place. Parce que je ne pensais pas comme ceux qui faisaient le blocage et parce que le blocage, pour moi, c'était avant tout cette saloperie qui dérangeait mes habitudes et mon emploi du temps et puis, petit à petit, après quelques jours, c'était cette bénédiction qui me permettait d'avoir du temps, beaucoup de temps, pour écrire.
Il y a un an « le blocage »

Quand je pense à il y a un an, je vois d'abord cette image et celle-là seulement : moi marchant dans la rue. Et cette image renvoie à deux moments distincts. Le premier conduisait à une manif, la seule manif à laquelle j'ai participé, et surtout, surtout, je me rappelle de la musique, la musique que j'écoutais alors en boucle, en me rendant à cette manif, pour fixer mon attention ailleurs, pour m'imposer une violence qui n'était pas celle des autres, que je ne subissais pas, pour parvenir à être simplement présent physiquement, pour parvenir à me détacher de l'environnement discordant que je m'apprêtais à rejoindre ; cette musique, c'était un remix de Nine Inch Nails à la fois génial et à la limite de l'inaudible. Exactement, quand je pense à cette période, je pense d'abord à Nine Inch Nails, que je commençais à découvrir. La manif en elle-même, elle, s'efface complètement derrière ce « Self Destruction, Final » qui l'a totalement absorbé.
L'autre image de rue est une multiplication de photos, photos « préparatoires » prises pour mes repérages de « Coup de tête ». Quelques façades grises, le parcours de mon personnage, moi-même dans la peau de mon personnage, et aller de la place Saint Roch à Jean Jaurès en passant par la Plaine Achille. Sans décider à l'avance de quel chemin choisir. Simplement passer par ces trois lieux là. Et se foutre complètement du combat des autres, parce que le combat des autres, à ce moment-là du mouvement, il s'était complètement évaporé à mes yeux.
Le texte sur le blocage qu'on ma demandé d'écrire n'est pas ce billet. Le texte qu'on ma demandé d'écrire n'existe pas, pas encore. Je ne sais pas ce que j'y exprimerai, tout simplement parce que mon « regard » sur la chose est, justement, un « non-regard » : je n'ai pas vécu le même événement que les autres, je suis simplement passé, de temps en temps, histoire de m'y rattacher artificiellement. C'est pourquoi le « blocage », en tant que tel, ne m'évoque rien, je ne me souviens que de petits moments périphériques : jouer à Enigma au « barrage filtrant » d'une des entrées de la fac, les rassemblements en pseudo AG qui me donnaient l'impression que le pseudo-campus de la fac était plus grand qu'il n'était en réalité, les slogans ridicules des manifestations, les tracts ridicules des manifestants, l'avis de Virgil sur MSN ou par commentaires interposés, les tags sur les murs de la fac...
Mais le blocage en lui-même, non, je ne m'y suis jamais intéressé. Il ne m'était d'aucune utilité et je l'ai oublié. Alors qu'est-ce que je vais bien pouvoir pondre comme texte à son sujet ?

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