Magazine Culture

Ne le dis à personne

Publié le 14 novembre 2006 par Menear

Quoi de neuf du côté du « cinéma français » ces temps-ci ? Non, je ne vous parlerai pas de tragi-comédie grinçante avec Jean-Pierre Bacri, ou de pseudo-blockbuster de Luc Besson car j'ai choisi, comme vous l'indique le titre de ce billet, de m'intéresser au deuxième film de Guillaume Canet, j'ai nommé Ne le dis à personne, adaptation d'un best seller d'Harlan Coben (dont je n'avais jamais entendu parler avant d'aller voir le film, évidemment). Son premier film (à Canet), Mon idole, laissait présager au moins un bon film et c'est effectivement le cas : Ne le dis à personne est un bon film, un bon thriller en l'occurrence (terme qui peut faire peur quand il s'applique au cinéma français, je suis navré de le remarquer).

Ne le dis à personne

Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'intrigue de base du livre/film, disons simplement que « c'est l'histoire » d'un type (François Cluzet) qui, huit ans après la mort de sa femme, commence à recevoir des vidéos où elle lui apparaît. S'en suivra alors une quête doublé d'une fuite du personnage principal, puisque le dossier de la mort suspecte de sa femme commence à être rouvert. C'est tout ce que je peux vous dire sans trop dévoiler l'intrigue, donc je vais m'en tenir à ces deux maigres phrases.
Ce qu'il y a à savoir à propos de Ne le dis à personne c'est que l'adaptation (la transposition, oserais-je même dire) du roman initial n'était pas chose facile, la principale raison étant que l'adaptation devait, en plus de passer d'un support à un autre, changer de lieu (de pays), de langue et de culture. C'est ainsi que le New-York du roman devient Paris et ses environs et qu'une multitude d'acteurs français (j'y reviendrai plus tard) se retrouvent à incarner des personnages qu'on a plus l'habitude de voir au cinéma américain, évidemment. Mais le pari (osé) de Guillaume Canet fonctionne parfaitement ; Ne le dis à personne est un thriller prenant, bien construit, qui parvient à tenir le spectateur en haleine tout en ne basant pas tout le film sur l'aspect « policier » du film car l'histoire d'amour, à priori un peu nian nian, occupe finalement beaucoup d'espace sur la pellicule et, chose peu évidente à priori, parvient à toucher sans tomber dans l'excès (on appréciera pour le coup que le film n'ait pas été confié à un réalisateur hollywoodien quelconque comme il y en a tant). Mais surtout, Ne le dis à personne est un film bien réalisé (je pense, entre autres, aux scènes de poursuites, très nerveuses et efficaces). Canet s'implique personnellement dans le cadrage du film et insuffle des changements de rythmes inspirés à l'intrigue, qui se sort parfaitement de ce qu'on appellera le « dilemme du genre », car ce film n'est ni entièrement un thriller, ni véritablement une histoire d'amour. On appréciera aussi l'habitude prise de ne pas forcément tout dire, de ne pas tout montrer ou laisser un implicite dans tout ce qui relève de la psychologie des personnages (la dernière scène de Jean Rochefort est, sur ce point-là, remarquable) ; le film fait confiance au spectateur pour comprendre et ce n'est pas plus mal.

Ne le dis à personne

L'autre point fort du film, c'est sa distribution. Pas de grande star hollywoodienne, évidemment, mais toute une pléiade d'acteurs justes et très finement sélectionnés. François Cluzet, dans le rôle principal est excellent alors qu'il aurait été si facile de tomber dans l'excès, et, sans tous les citer, saluons les remarquables performances de François Berléand (déjà impeccable dans Mon Idole), Nathalie Baye, Kristin Scott-Thomas, André Dussolier, Jean Rochefort, Olivier Marchal et bien d'autres. Les acteurs que je viens de citer son toujours dans le ton, rarement dans l'excès alors que certaines « facilités » de l'intrigue aurait pu le permettre. Coup de chapeau à M, également, qui a composé une bande son à la fois discrète et suffisamment présente à mon goût (bande son composée « en live » pendant qu'il regardait le film, soit dit en passant !).

Ne le dis à personne

Seuls petits bémols, puisqu'il s'agit d'un bon et non d'un très bon film : l'aspect un peu inégal de l'ensemble, déjà, puisque certaines scènes semblent parfois sortir du vraisemblable ou, tout du moins, détonner par rapport à des passages plus réussis. On regrettera par exemple quelques scènes, notamment vers la fin, où le personnage principal cesse d'être en mouvement et, quand il cesse d'être en mouvement, lui, le personnage qui coure, quelque chose ne colle plus et on ne parvient plus vraiment à être en phase avec le reste du film, d'autant plus que le reste du film est de bonne qualité. Une dernière petite remarque, enfin, concernant la bande-son « ajoutée » aux musiques de M, c'est à dire des chansons déjà existantes qui donnent parfois l'impression d'être intégralement plaquées sur l'image sans réel accord entre les deux. Parfois (une fois en fait), au contraire, cet accord entre image et musique est à la limite du redondant ; je pense par exemple à une scène où on voit François Cluzet boire seul, triste et où, en fond sonore, on entend la voix de Jeff Buckley chanter : « I drink much more that I ought to drink / Because (it) brings me back you... ».

Ne le dis à personne

Mais je chipote, car dans l'ensemble Ne le dis à personne est un bon film, très agréable et très prenant, que je prendrai plaisir à revoir lors d'une diffusion future à la télé voire, pourquoi pas, en DVD.


Retour à La Une de Logo Paperblog