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Le roman du mardi

Publié le 07 novembre 2006 par Menear

Je ne peux pas vraiment me plaindre de mon emploi du temps (et de mes quinze heures de cours hebdomadaires), mais il se trouve que le mardi, j'ai beaucoup de cours, comment dire... « dispensable ». Anglais à huit heures (cours pour lequel nous avons tous opté pour une politique du « je viens à un cours sur deux maximum »), latin de une à deux (matière dors et déjà rayée de mon emploi du temps) et Littérature du 16è de trois heures et demie à cinq heures. Autant dire que souvent, cela veut dire se pointer à huit heures (ou à dix heures en cas de pas : envie d'aller en anglais mais doit aller à la BU pour bosser un exposé quelconque) et poireauter jusqu'à trois heures et demie sans réellement avoir quoi que ce soit à faire. Sans compter que, différence d'options oblige, je me retrouve souvent tout seul, puisqu'apparemment je dois être le seul à n'avoir pas décroché l'option Littérature du 18è. Bref. Le premier mardi de l'année, passe encore, mais ensuite... C'est plus délicat de s'ennuyer quand cela devient habituel, quand c'est inscrit noir sur blanc sur une feuille de papier surlignée. J'ai donc décidé d'y remédier.
Ma solution, elle est toute simple. Elle tient dans le simple bloc-notes que je trimballe constamment, dans la poche avant de mon sac. Son rôle initial était d'être toujours présent sur moi au cas où (des choses à écrire, j'en ai bien peur). Il a parfaitement rempli son rôle, il le fait toujours d'ailleurs et ce, tous les mardis.
Mais de quoi parle-je ? Du roman du mardi, bien sûr. Cette petite intrigue sans intérêt que j'ai commencé à écrire je ne sais plus quand (je sais que c'était un mardi, par contre) et que j'ai continué depuis ajoutant, chaque nouveau mardi, de nouvelles lignes, de nouvelles pages à ce simili-roman qui, non content d'être non-original, plat et mal et écrit, s'avère également infinissable par nature. Je sais d'avance que je laisserai tomber ce roman dès la fin de l'année au plus tard mais je ne sais pas... Un je ne sais quoi me pousse à le continuer chaque semaine. Et pas que pour passer le temps, non, non, car ces derniers temps, j'ai pris l'habitude de rentrer chez moi après l'anglais (ou de ne venir en cours que pour trois heures et quelques), ce qui fait qu'en fait, je ne glande plus trop à la fac le mardi. Mais quand même... Dans le tram, avant de venir, un pied contre la petitre vitre en plastique et mon bloc-note calé sur mon genou, je poursuis cette histoire idiote, cette intrigue puérile, qui pourtant parvient à me tenir moi-même en haleine, d'autant plus que d'une semaine sur l'autre, oubliant ce qui a été écrit le mardi d'avant, je ne parviens pas vraiment à maintenir une quelconque unité ; en fait, je ne parviens même pas à savoir ce que j'avais voulu dire et/ou prévu d'écrire.

Comment s'appelle le roman du mardi ? Je n'en sais rien. A vrai dire, je crois que j'aime bien le titre « Le roman du mardi »... Qu'est-ce qu'il raconte ? Disons que c'est une histoire habituelle de récit initiatique et de récit adolescent. Pourquoi juste le mardi ? Aucune idée. Je n'ai aucune envie de le poursuivre un autre jour que le mardi. C'est aussi simple que ça.

Alors, chaque semaine, je fais à peu près la même chose, quand arrive le début de l'après midi. Prendre le tram, caller mon pied contre la vitre en plastoc (celle qui fait face aux sièges dos à dos du milieu du tram), poser mon bloc-note contre ma cuisse, sortir mon stylo, écrire. C'est aussi simple que ça. Et, toujours, laisser le stylo aller plus vite que ma main ne peut le supporter. Et, toujours, aller le plus loin possible, jusqu'à bondir du siège d'un seul coup et se faufiler hors du tram avant que les portes ne se referment sur moi.
Et puis marcher, mes écouteurs vissés sur mes oreilles, jusqu'à la salle-placard de notre cours de 16ème. S'asseoir au même endroit, troisième ou quatrième rang, tout à gauche contre le mur, laissant à ma gauche une place pour Nico et à ma droite une place pour Elise. Et le petit bonjour discret pour cette fille espagnole (Erasmus) dont je ne connais pas le nom et qui est toujours là, dans la salle, avant que moi je n'arrive. Et le petit bonjour, aussi, pour cette autre fille dont j'ai oublié le nom (ah, les noms et moi...) qui parle de vouloir partir au Canada ou quelque chose comme ça. Et puis continuer ce récit voué à la corbeille jusqu'à ce que la prof arrive. A ce moment seulement, je retire mes écouteurs, j'éteins mon lecteur MP3 et je referme mon bloc-note. Je ne le pose jamais bien loin, souvent sur le coin de la table, des fois que, on ne sait jamais. Et puis oublier cette histoire de roman du mardi, jusqu'à ce que je m'y replonge, la semaine suivante...


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