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De la guerre et de la paix dans la France sarkozifiée.

Publié le 18 octobre 2010 par Hermes
De la guerre et de la paix dans la France sarkozifiée.
De cette gradation qui passe de l’opposition à l’affrontement puis à l’insurrection, chacun n’en perçoit que la phase d’actualité dont la réalité prétend s’écrire dans les médias alors que les citoyens, confrontés au réel, en éprouvent une toute autre réalité.
Nous vivons donc une fiction. Dans cet état de schizophrénie entre la réalité d’une perception et celle qu’on veut nous imposer. Le spectacle toujours et encore comme écran. Quelque chose d'exitant et de semblable au roman qui intervient sur le réel pour nous transmettre le vécu de manière plus lisible en nous permettant d’en percevoir tous les possibles et, surtout, une finalité.
Etrangement, plongé depuis quelques temps dans la lecture de « La guerre et la paix », j’éprouve ce sentiment que cette fiction si lointaine m’en dit davantage sur nos crises présentes que le méli mélo médiatique et la bouillie qui en ressort.
Une fiction donc, dans laquelle la diégèse culminera sans doute à ce stade d’affrontement actuel mais qui ,sans la consécration d’une acmé, est dores et déjà contrainte à une suite préludant à une fin pour autant qu’une Histoire puisse l’envisager.
D’autant plus qu’au-delà de la dimension réaliste d’un conflit - ici la réforme des retraites - ce récit, qui s'accomplit en direct, n’a que peu d’impact au regard de son inscription dans une Histoire plus vaste, celle d'une Nation fondée sur la Révolution, et, surtout, par sa force symbolique quand grèves et manifestations de quelques millions d’individus cristallisent cette haine froide, silencieuse et distante d’une majorité de Français face à une désillusion qu'on leur a fait subir.
Non pas que cette haine soit homogène, monolithique, rassembleuse. Au contraire, les clivages que les dominants ont produit perdurent, les conflits d’intérêts s’accumulent entre les catégories mais le pouvoir n’a pas compris que les contradictions induites par la somme de ces oppositions internes au peuple sont le ferment d’une insurrection future. Que le ciment sera le produit de cette désillusion, de ces fausses promesses, de ces mensonges chevillés dans la bouche de chaque ministre.
On peut opposer jeunes et vieux, français ou immigrés, ou toute catégorie à une autre, l’individu comprend vite, même intuitivement, le sens d’un intérêt commun et la force de la désinformation qui s’abolit au constat du réel.
Et alors, on aura beau dire, jour après jour, que l’essence coule à flots dans les pompes, que chaque jour les manifestants sont moins nombreux et que les français comprennent désormais la réforme – ce qu’on nous disait déjà il y a 3 semaines – le troupeau abruti auquel on nous condamne pourrait bien s’accorder le droit d’un destin.
Jamais la collusion de politiques véreux au service d’une mafia économique, protégée par une justice aux ordres, n’aura tant mis en lumière une démocratie déclinante et une République trahie. De cette fiction qui se joue entre le peuple et le gang du Fouquet’s, le pouvoir de l’argent peut être défait si l’homme redevient l’homme, s’il retrouve le sens d’une destinée et de sa continuité, la nécessité de vivre sans honte et sans chaîne, avec la rage d’être écouté et d’être vivant.
La seule force du pouvoir réside dans sa capacité de gestion et de répression, la force du peuple consiste dans son existence même quand on voudrait ne faire croire qu’à des isolats d’individus sans communauté d’intérêts.
Jamais un pouvoir ne vous donnera de rêves. Ou bien en promet-il, que le peuple déçu se vengera. Le sarkozisme se rêvait dans quelques imaginaires comme l'annonce d'une belle épopée napoléonienne, une fierté retrouvée, quand il n’est que le long Waterloo d’un homme inquiétant, sombre, mentalement instable. Repassez-vous le film de ces années sarkozistes, le constat est terrible...
Sarkozy est fini. Le seul problème c'est que les forces qui l'ont créé n'ont d'autre choix pour l'instant que d'agiter son fantôme. Et l'Histoire est semée de pantins dangereux...Le pouvoir a beau jouer de son cynisme, qu’il comprenne que si les syndicalistes, au lieu de ralentir la circulation dégonflaient les pneus des camions, par exemple, il serait facile de paralyser entièrement un pays. Et plus si affinités. La phase de l’insurrection trouverait alors son accomplissement : Rien ne dit que le pouvoir en sortirait indemne.Personne ne domine le sens d'une fiction et chacun sait combien les héros d'un roman échappent à leur auteur.
« Guerre et Paix », ce roman où l’on danse et ou l’on meurt mais dans lequel l’histoire s’écrit en lettres d’or. Nous sommes dans la parenthèse de ces deux mots.
A demain...

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