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Eco-campus : quand les Universités louent des " débroussailleurs écologiques "

Publié le 19 octobre 2010 par Bioaddict @bioaddict
Découvrez les démarches "écolos" des "campus responsables" !

Nous sommes sur le vaste campus de l'Université de Lille 1. Dans un dédalle de bâtiments gris et tristes, 2 poneys Shetland aux formes rondouillardes pointent le bout de leur museau. S'ils sont ici, ce n'est pas pour amuser la galerie, mais pour " tondre " la pelouse de plusieurs parcelles !

Cette manière écologique de gérer les herbes folles des espaces verts permet à l'université de Lille 1 de rentrer dans la démarche " campus responsable ". Initiée en 2006 par l'agence " Graines de changement " en partenariat avec WWF et le Comité 21, cette campagne incite les établissements d'enseignement supérieur à intégrer progressivement le développement durable aux programmes d'enseignement et de recherche, mais aussi à l'ensemble de leur activités administratives.

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La plupart des initiatives qui ont été mises en oeuvre dans le cadre de cette campagne concernent en priorité les économies d'énergies, le tri sélectif, et de manière plus générale, la diminution des polluants et des émissions de gaz à effets de serre. Mais certaines universités n'hésitent pas à aller plus loin ! Considérant que la biodiversité doit également être préservée sur le campus, elles ont interdit l'emploi de phytosanitaires et d'engrais dans les espaces verts. D'autres universités ont eu recours à la plantation d'essences spécifiques pour attirer les pollinisateurs, quand d'autres, comme l'université du Havre vont jusqu'à installer des ruches sur leurs toitures.

A Grenoble, les étudiants ont pensé à la création d'une zone humide en partenariat avec un lycée horticole. C'est ainsi qu'une " mare écologique " a vu le jour, véritable sanctuaire pour les insectes, les batraciens, mais aussi les oiseaux et mammifères qui viennent s'y abreuver. Mais retournons à nos moutons (ou plutôt nos poneys !) : Lille 1 est sans doute la première université française à mettre en place un " pâturage écologique ". Cette technique alternative qui est déjà répandue sur les campus de Barcelone ou de Lausanne, permet de supprimer les pollutions liées à l'utilisation des tracteurs et de préserver la biodiversité sur les 110 hectares que compte l'université. En effet, la présence des animaux en nombre limité permet le maintien de la biodiversité car il n'y a plus de destruction massive et régulière d'un écosystème. Grâce aussi à la présence de crottin, véritable engrais bio, il est facile de venir constater le retour de nombreuses espèces végétales et de champignons.

C'est la société Ecozoone, implanté à Bousbecque, qui permet au campus de bénéficier " des services " d'une quinzaine d'équidés, de bovins et d'ovins. En tout, cinq parcelles sont quotidiennement foulées par ces animaux de toute petite taille, bien plus adaptée à une gestion en douceur des sols. La société spécialisée dans la location de ces " débroussailleurs écologiques ", prend en charge les soins des animaux et les risques potentiels liés à leur activité. " Il y a toujours des risques d'escapade, de coup de pied ou de morsure " estime Nina Hautekeete, la vice-présidente de l'Université à l'origine du projet. Cette prise en charge complète des animaux ne peut donc que conforter les collectivités dans leur démarche.
Pour Nina Hautekeete " les retombées sont très positives autant pour les personnels d'entretien qui se retrouvent avec une charge de travail diminuée, que pour les étudiants et les habitants du quartier qui apprécient la compagnie de ces animaux." L'ensemble de ces projets a une portée pédagogique non négligeable. " Les élèves sont souvent associés comme porteur de projets ", souligne Yves Picot, enseignant dans le Master Mention Environnement. " Ils ont dû effectuer préalablement des inventaires de la faune et de la flore présentes sur le campus. Il s'agit d'un travail intégré dans leur Master. " Ces initiatives permettent donc non seulement d'élargir le champ d'étude des étudiants mais aussi de les sensibiliser quotidiennement. S'ils ont pu être surpris initialement par la présence de ces animaux, ils seraient aujourd'hui nombreux à regretter leur départ !

Il y a donc peu à redire sur ces initiatives qui inscrivent le développement durable dans les projets d'établissement. Mais il est nécessaire d'aller au-delà d'un simple slogan ou d'une image de marque. Avant l'esthétique que procure la présence de ces animaux, il s'agit d'une initiative permettant de préserver la biodiversité dans un milieu urbain.

Aujourd'hui les campus, demain les entreprises ?

Alicia MUNOZ


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