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La dernière pub de McDo : «L’école des voyous» !

Publié le 21 octobre 2010 par Kamizole

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Celle-là, impossible de la rater ! Le peu que je branche la télévision, en général pour regarder brièvement les infos sur BFM, à chaque pause publicitaire, nous y avons droit… campagne pour l’opération «Monopoly» - des vignettes collées sur certains produits et permettant de gagner de nombreux gros lots : 150.000 €, une Porsche Caïman, des consoles de jeux et sans doute plus sou-vent des lots de consolation ! - déclinée en 3 épisodes aussi peu moraux les uns que les autres. J’ai beau être relativement publiphobe je reconnais toutefois que la pub reflète parfois l’air du temps ou plutôt ce que nous en voudraient faire accroire les “faiseurs d’opinion”… Ils veulent les jeunes égoïstes et prêts à tout au détriment des autres : «Génération Sarkozy» !

Peut-être légèrement anachronique à l’heure où une partie de la jeunesse estudiantine - mobilisée au côté de ses aînés – semble redécouvrir les vertus du «tous ensemble !» pour défendre leur avenir et celui des retraites. Plutôt représentative de la mentalité des jeunes connards, voyous de banlieue, qui viennent perturber leurs manifs bon enfant pour le seul plaisir de la casse. Précisément embobinés par la pub, l’étalage du pseudo luxe à portée de main, le culte de l’argent-roi, la frénésie de consommation, les «marques», le paraître et l’avoir sur le mode du “tout et tout de suite” et surtout sans effort (étudier, travailler ? bon pour les «bouffons» !) autre modalité de la “pensée magique” : cela doit tomber tout rôti dans la gueule. Pathétiques marionnettes décervelées, peut-être téléguidées par de faux provocateurs mais vrais flics ? Ce ne serait pas la première fois !

Ces spots publicitaires sont bien entendu censés être humoristique mais ne sont que tristement merdiques. Je vous les résume dans l’ordre où je les ai vus.

Premier épisode : un grand-père allant manger avec son petit-fils, gamin rusé qui sous le prétexte de l’aider à décoller la vignette la lui vole. Le grand-père n’est toutefois pas dupe : il le traite in petto de “filou”…. Second épisode, un faux employé de MacDo (il a bombé un grand M sur son Tshirt vert) qui proposant aux tablées de débarrasser leurs plateaux, pique en fait les vignettes encore collées sur les emballages.

Dans le 3ème épisode, c’est un jeune – entre 20 et 30 ans – qui revenant du MacDo où il est allé chercher des sandwiches pour tout le monde, se déloque totalement sur le pallier avant de rentrer rejoindre ses copains : il arrive en slip ! Il leur fait croire qu’il a été totalement pouilledé par des malabars. Remake de «Laisse béton»… Toutefois un petit détail visuel qui prouve que c’est bien du cinoche : les fameuses vignettes glissées dans la ceinture de son slip !

Après la tout aussi irritante mode de «l’enfant-roi» prescripteur d’achats pour ses parents nous avons droit à l’apologie de l’entourloupe sur fond de chacun pour soi. D’après les infos que j’ai pu collecter, ces spots seraient l’œuvre (?) de Spike et Jones. Impossible de ne pas penser au réjouissant et corrosif hors-série de Charlie Hebdo «A bas la pub !»… Il ne date pas d’aujourd’hui mais n’a rien perdu de son actualité.

En particulier, en introduction la charge de Gilles Deleuze et Félix Guattari («Qu’est-ce que la philosphie ?» Edition de Minuit, 1991) contre la prétention des “pubeux” à s’ériger en nouveaux penseurs, s’emparant sans vergogne du précieux terme de “concept” - «devenu l’ensemble des présentations d’un produit» sinon de plus en plus souvent, le produit lui-même ! Mais quand bien même penseraient-ils «créer l’événement» - alpha et oméga de la modernité branchée - la philosophie, vieille dame indigne et toujours critique en a vu bien d’autres : «Elle a des fous rires qui emportent ses larmes».

Dominique Quessada qui porte deux casquettes que l’on pourrait penser irréductibles l’une à l’autre : publicitaire et… philosophe ! y analyse très bien la nature réelle de la publicité : «stade ultime du totalitarisme» : «C’est un système global qui fait en sorte qu’aucune parole alternative, différente ou alternative ne puisse être tenue»… Analogie évidente avec la pensée unique ultralibérale dont on nous abreuve ad nauseam.

Ce n’est pas pour rien que je considère – je suis loin d’être la seule ! et j’ai une dette énorme envers nombre de ceux qui écrivent dans le Monde diplomatique et Viviane Forrester («L’horreur économique» et «Une étrange dictature» - que l’ultralibéralisme étant comme l’analysait brillamment Pierre Bourdieu dans son article «L’essence du néolibéralisme» (Monde diplomatique de mars 1998) une «utopie en voie de réalisation, d’une exploitation sans limite» et que nous savons – Jean Servier dans son «Histoire de l’utopie» (Idées, Gallimard 1967) que toute idéologie qui cherche à s’appliquer est totalitaire par essence (prétendant répondre de façon globale et univoque à l’ensemble des questions morales, intellectuelles et pratiques) il est évident que la pub et les partisans du système ultralibéral ont partie liée dans cette tentative de décervelage.

Le discours politique, si tant est que l’on puisse parler de discours au sujet de cet alignement de slogans qui en tiennent lieu, n’échappe pas à la règle et Dominique Quessada dit que «Quand le politique se livre au discours publicitaire, c’est comme s’il laissait à son ennemi le soin de dire du bien de lui» ! Il s’insurge contre la “dictature des marques” : «lieux de pouvoir donc lieux de croyances» et en dernière analyse, d’oppression : «Dans la publicité, la servitude volontaire est au travail d’une manière éclairante». Pour s’en déprendre, il n’y a donc que l’exhortation d’Etienne de La Boétie : refuser de nourrir le tyran («Le Contre-un» ou «Discours de la servitude volontaire».

«L’école des voyous» ? Ah ! ouiche alors… Mais l’exemple vient d’en haut, comme nous le savons tous pertinemment. Autant dire, en plagiant une pub déjà ancienne : «Reviens, Léon, nous avons les mêmes à l’Elysée, au gouvernement et à l’UMP». Des prédateurs gloutocrates de la pire espèce qui n’ont qu’une idée en tête : pouilleder le peuple pour s’en mettre plein les fouilles et celles de leurs amis multimilliardaires. «Bonheur des ogres» qui ne doit rien à la généreuse et truculente tribu Malaussène de Daniel Pennac !

Au Monopoly, billets, maisons, immeubles et rues de Paris, comme les services publics sont factices. Dans la vie réelle, ils s’en bâfrent à qui mieux-mieux. Une seule solution : les envoyer à la case prison, directement et sans passer par la case départ ! En application du proverbe : «bien mal acquis ne profite jamais» !


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