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Incidences

Par Fibula
IncidencesIncidences, Philippe Djian, Éditions Gallimard, 2010
Drôle de coïncidence que je lise ce dernier roman de Philippe Djian alors même que mon ami François commence à écrire sur Lectures d'ici et d'ailleurs. En effet, c'est par François que j'ai connu Philippe Djian, et nous étions tous les deux de grands lecteurs de cet auteur pour le moins subversif et qui ne faisait pas l'unanimité dans notre entourage (et toujours pas d'ailleurs).
En ce qui me concerne, j'ai continué à le lire au gré de ses publications, et je me suis même farci la série Doggy Bag, que j'avais beau critiquer mais qui me tenait en haleine, comme un bon soap américain...
Puis il y a eu Impardonnables, que j'avais classé dans les 10 livres qui m'avaient enthousiasmés en 2009.
Et cette année, Incidences.
Incidences, qui part comme toujours dans la veine djianesque avec laquelle nous sommes plus ou moins familiers : un homme, la cinquantaine, professeur de littérature, écrivain raté, fumeur invétéré, qui séduit ses étudiantes et qui a une histoire familiale un peu trouble, pour ne pas dire troublée.
Un beau matin, l'étudiante avec qui il a passé la nuit ne se réveille pas. Marc décide de se débarrasser du corps en le jetant dans une crevasse, car même innocent, il ne veut pas avoir de soucis avec la police... C'est alors que les ennuis commencent. Myriam, la belle-mère de la jeune fille en question, rencontre alors Marc suite à la disparition de sa belle-fille. Elle veut comprendre les raisons de cette disparition en essayant de mieux connaître la jeune femme. C'est le coup de foudre.
L'histoire s'engouffre alors à la fois dans un polar qui nous donne des frissons à plusieurs occasions, avec ses réminiscences de l'enfance juste assez détaillées pour nous faire imaginer le pire, mais pas assez pour nous donner toutes les clés, et en même temps dans un récit désabusé et cynique d'un homme très dérangé (ce sont les mots de Djian lui-même, voir dans l'entrevue de Libération à la fin de cet article).
L'image de ce gouffre, en couverture, n'est pas innocente, et pour une fois, très bien choisie (ce n'est pas toujours le cas). Ce gouffre cache bien des secrets et représente la crevasse dans laquelle Marc se débarrasse du corps et près de laquelle il vient parfois se réfugier.
On se dit que Djian décidément excelle dans l'art de décrire (d'écrire ?) la part sombre voire glauque de l'Être. Il garde aussi toujours beaucoup de tendresse pour ses personnages.
Je reprendrais une remarque de l'article de Christine Marcandier-Bry dans le journal Médiapart en recopiant ici une phrase qui résume tout le style et la virtuosité de Djian dans son domaine, alors même qu'il parle de quelqu'un d'autre :
«Vous avez lu ce qu'elle a écrit ? reprit-il. C'est la maîtrise qui est surprenante. Le bon dosage de la lenteur et de la rapidité. Du net et du flou. C'est très bluffant, vous savez. (...) N'importe quel crétin est capable de raconter une histoire. La seule affaire est une affaire de rythme, de couleur, de sonorité».
Du très bon Djian, qui a d'ailleurs enthousiasmé tous les médias ou presque de France et de Navarre.
La critique de Télérama, par Nathalie Crom
Un entretien vraiment bien dans Libération, par Claire Devarrieux
En écrivant ceci, j'écoute Dionysos, La mécanique du cœur (Barclay, 2007)

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