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Pourquoi la nuit noire ?

Publié le 22 octobre 2010 par Rsada @SolidShell

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La France a la chance de disposer d’une Histoire aussi riche que variée qui, jusqu’à la fin du XIXème siècle, transporte ses lecteurs au gré des destins royaux, de la contestation révolutionnaire ou des conquêtes Napoléoniennes

L’Histoire de France de la première moitié du XXème siècle est sans doute moins flamboyante mais pas moins inintéressante puisqu’elle regroupe des évènements forts de sens comme l’avènement de la loi sur la Laïcité, la périlleuse montée du fascisme ou les deux grands conflits mondiaux aux pertes humaines considérables.

Mais à partir de 1950, les français commencent à souffrir de trous de mémoire, en tentant de passer outre ou oublier volontairement certains passages qui n’ont à ce jour, toujours pas trouvé d’épilogue heureux et à défaut définitif.

Au rayon des souvenirs douloureux, la sortie récente du film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb ou la diffusion dimanche 17 octobre du téléfilm Nuit Noire de Alain Tasma, viennent rappeler aux français que le litige qui existe entre la France et l’Algérie n’est toujours pas soldé à quelques mois de la célébration du cinquantième anniversaire de l’Indépendance prononcée le 5 juillet 1962.

Cette fameuse Nuit Noire relatée par Alain Tasma m’a troublé. S’il faut toujours faire la part des choses entre la fiction et la réalité, nous sommes contraints d’accepter le principe que certains faits relatés, certains mots prononcés, ne sortent pas toujours de l’imagination des scénaristes.

Des populations ont été fichées. Des populations ont été parquées dans des camps. Non, je ne parle des juifs dans les années 1940, je parle de français, de français d’Algérie à qui l’ont collé souvent l’étiquette de terroriste potentiel avant d’accoler celle de musulman. C’était hier, en 1961.

Les noms fleuris d’alors « sales arabes », « crouilles » ou autres « bougnoules » n’ont pas disparu. Considérés souvent comme des vassaux par une frange de la population ou des forces de Police, insinuations douteuses, humiliations et insultes étaient une norme du quotidien. Désormais puni par la justice, certaines d’entres-elles ont encore la dent dure et les clichés demeurent.

C’était en 1961 et pourtant certaines scènes rappellent des évènements récents. Nos générations n’ont pas à payer pour les erreurs passées, mais elles ne doivent pas les entretenir sans résoudre les maux qui en sont à l’origine. 

En regardant la Nuit Noire d’Alain Tasma, j’ai compris que la guerre d’un jour dure toujours. La Guerre d’Algérie n’est pas finie puisque les générations qui ont suivies en payent encore le prix aujourd’hui. La Nuit Noire d’Alain Tasma où une partie de l’Histoire de France qui n’a toujours pas trouvé le nom de ses véritables héros.

C’est vrai qu’avec un Maurice Papon en tête de gondole de l’époque, la fabrique des héros s’est quelque peu enrayée… Pourtant, 50 ans après, avec une société si métissée et des esprits nettement plus développés, ne sommes-nous pas devenus assez mâtures pour trouver le chemin définitif de l’entente cordiale ? 

A la manière d’Aristide Briand : « Pour faire la paix, il faut être deux : soi-même et le voisin d'en face ».


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