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Démonter la presse policière

Publié le 22 octobre 2010 par Chezfab

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Bonjour,
Depuis mardi, j'ai encore plus la rage. La rage de voir instrumentalisés complètement les débordements de quelques allumés (qui, je le conçois, ont souvent des raisons de classe de se retrouver à caillasser, mais manque de discernement politique) mais surtout la rage de voir notre jeunesse laissée bien seule face à cela. La peur sans doute de "passer pour avec les casseurs" comme on peut l'entendre. La peur tout court selon moi. Au fait, certains "casseurs" sont aussi de zélés flics : http://mai19.justice-europe.org/spip.php?article144&lang=fr
Soyons clair : je ne justifie en rien la casse pour la casse. S'ils avaient mis à mal le siège de l'UMP ou une préfecture, j'aurais même trouvé le symbole politique pertinent. Mais je suis aussi conscient que ces gamins perdus au cailloux faciles sont souvent le fruit de notre abandon politique et syndical du terrain. Combien de  lieux laissés sans présences militantes pendant des années ? Combien de méfiance envers la jeunesse qui nous pousse souvent à ne pas lui parler, à ne pas "passer la flamme politique ou syndicale", voir à ne pas lui faire confiance, tout simplement ? Combien de lieux abandonnés à la seule présence de "l'entre soi démerdard" sans réelle ouverture d'avenir ? Voilà, on abandonne 10 à 15 % de la population française dans la pire crasse miséreuse (et plus de 50% dans la précarité, sous toutes ses formes) et on s'étonne de voir exploser cela... Je ne suis pas étonné, mais je mesure par contre le chemin long et difficile qu'il va falloir faire pour raccrocher à l'envie revendicative cette énorme partie de la population.Ceci étant dit et posé, je tenais ici à vous parler de mes journées depuis mardi. Mardi 19 octobre, après la manifestation qui a réunie 45 000 personnes à Lyon, nous sommes arrivés place Bellecour. Une place bouclée, cerclée de gardes mobiles et de CRS, de RG, de BAC et du GIPN et GIGN  ! Un état de siège. Mais le pire fut la suite : certes, quelques cailloux et autres objets ont volé vers les policiers stationnés là, mais la répression via les gaz fut rapide et surtout... ciblée sur tous ! Du camion à repas rapide de la CGT à la petite mamie qui était dans le cortège ! Tous, nous fûmes tous gazés avec le courage des forces de l'ordre dans ces cas là : on reste loin et on arrose. Forcément cette attitude a donné lieu à une monté en pression, à des affrontements plus forts, mais comment pouvait il en être autrement ? Sur ce, à part un camion de la CGT qui est resté courageusement là, les étudiants et lycéens se sont retrouvés bloqués par un cordon de flic aux entrées de la place, et sur la place le chaos s'est déchainé. Quelques étudiants ont voulu calmer le jeu en s'installant pacifiquement pour un sit in festif (chants, vuvuzela, drapeau...). On sentait l'émoi chez les bastonneurs assermentés : que faire face à une réaction pacifiste ? Et bien l'excuse de deux cailloux reçu de très loin a servi pour que la charge, matraque et gaz, soit lancée contre ce rassemblement ! Et quelle charge ! J'ai vu de mes yeux des personnes blessées, hallucinées de la violence déployée.Et que dire des choix stratégiques des forces de l'ordre : enfermer quelques "casseurs" comme ils disent dans le deux rues les plus commerçantes de Lyon (République et Hugo) et s'étonner que les vitrines volent en éclats ! Instrumentalisation quand tu nous tiens.... Bref, le chaos a duré jusqu'à environ 17h00.... Mais le bouclage de la ville, lui,  jusqu'à 22h00 ! Avec hélicoptère en vol bas ....Et GIPN / GIGN !
Le lendemain, la préfecture du Rhône annonce que la police a dû se battre contre 1300 casseurs ... En clair, moi qui étais sur place, je peux vous dire qu'on est loin des 1300. Tout au plus une grosse centaine de lanceur de pierres.  Pour 1200 lycéens venus manifestés ! Et oui, on laisse donc dire que toute la jeunesse est dangereuse, que tout(e) lycéen(ne) est un casseur ! Est ce admissible ?Quant aux pillages : oui les vitrines ont été cassées et des objets volés, mais il semble que les caméra des magasins aient aussi relevé l'image de gens "très propres sur eux" qui se sont servis. Des casseurs eux aussi ?Mercredi, j'ai tenu à en savoir plus. J'ai donc essayé d'avoir les avis de plusieurs lycéens et étudiants, via les sites internet, le téléphone et sur place. Et là surprise : la journée de mercredi fut des plus ubuesque. La ville était bouclée (centaines de CRS + Hélicoptère+GIPN / GIGN) avant même le début des manifestations, et clairement la provocation policière était de mise. Les étudiants étaient parqués plus où moins dans des lieux improbables, avec obligation de se "tenir tranquille", c'est à dire de la fermer. Et d'après eux, le coup des artères marchandes fut de nouveau utilisé, avec un "certain laisser faire".Jeudi, là on touche du doigt l'inimaginable en démocratie : le coup de la souricière ! Les lycéens et étudiants sont bloqués sur la place Bellecour pendant 6 à 7 heures ! Dès 10h00 du matin. Pour sortir, une condition : passer une fouille et un contrôle d'identité obligatoire... Et là arrestations au faciès et fouille de jeunes femmes par des hommes, en pagaille ! Arrestations arbitraires, et provocations (comment ne pas comprendre que la tension monte dans ces conditions ?). En plus, un groupe voulait rejoindre celui des étudiants présents sur la place, et se retrouve bloqué sur le pont par des CRS... Des deux côtés ! Par crainte, quelque soit la raison, certains ont sauté dans la Rhône plutôt que de subir un contrôle d'identité ! La peur du flic à son paroxysme.Alors sûrement que vendredi et ensuite des échauffourées se feront sentir, sûrement qu'il ya aura une monté d'un cran. Mais si nous croyons, nous qui nous présentons comme progressistes, que c'est en laissant la jeunesse aller seule au feu, que nous pourrons les aider, c'est non seulement ubuesque, mais en plus un peu lâche. Notre place à aux côtés de ceux qui luttes ! Ne les laissons pas subir la répression policière qui fait dire "y'a que des casseurs chez les jeunes madame Michut, je l'ai vu dans 20 Minutes / sur TF1 / etc.....". La jeunesse est notre avenir (c'est une porte ouverte que j'enfonce là), ne laissons pas ce gouvernement tuer notre jeunesse ! Fraternellement,Fabien PS : vous pouvez ne pas tenir compte de ce message, ne pas en croire un mot, etc... Ce n'est pas mon problème. Ceci dit, je vous invite sur le terrain à venir constater et discuter avec toutes les forces en luttes.PS2: vous pouvez aussi le faire tourner, ce message.... 

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