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Ermitage

Par Albanlao
Ermitage
Dans le jardin, douze framboises exactement, six pour Pascal et six pour moi. Et puis du raisin aussi. C'est pas grand chose, mais ça fait partie des petites surprises qui me rendent joyeux lorsque je suis à Chalaux.
J'ai passé trois jours extraordinaires où je n'ai pas eu le temps de penser aux tracas du quotidien. Et comme la parabole n'était toujours pas réparée, il n'y avait pas la télévision. On se serait cru dans un ermitage, complètement coupé du monde... s'il n'y avait pas eu mes voisines, Jeannine et Josiane ainsi que leurs voix, qui portent, qui portent...
Jeannine est une veuve septuagénaire qui a tendance à l'hypocondrie et au monologue ininterrompu. Elle vit avec son persan au joli nom de Doudou et pour je ne sais quelle raison, trouve que Pascal est un charmant garçon qu'elle dit honnête et gentil.
Josiane, quant à elle, est une quadragénaire mal voyante plutôt bonne vivante. Elle reçoit souvent la visite de son frère, Dédé, qui soit dit en passant est mon fournisseur de bois. Chez elle, c'est un peu une ménagerie, avec ses trois chiens, ses deux chats, ses poules et poussins, ainsi que des gamelles d'eau et de croquettes disséminées un peu partout dans la maison.
Je ne sais pas si c'est lié au fait que je sois infirmier, mais à chaque fois que je vais les voir, j'ai toujours droit au bilan de leur dernière visite médicale, résultats d'examens à l'appui !
J'en rigole mais ce sont de braves femmes, fortes, courageuses et solidaires.
Plus généralement, j'ai remarqué que les morvandiaux étaient des gens beaucoup plus accueillants et aimables que nous les parisiens...
Là-bas, il a fait froid, mais ce fut un froid revigorant et presque agréable !
À Chalaux, je n'arrête jamais de manger et comme j'ai beaucoup de temps, les plats en sauce sont mes recettes de prédilection.
Mais ce week-end, je n'ai pas fait que ça : entre le balayage, le lessivage, le récurage et le nettoyage, je ne me suis finalement pas vraiment reposé...
C'est étonnant comme des corvées domestiques peuvent parfois devenir si plaisantes !
Et puis, j'ai décidé que Pascal et moi, nous devions changer de chambre. La jaune est certes très basse, mais je m'y sens mieux. Alors j'y ai installé ma machine à écrire.
C'est une de celles que j'ai achetées en vide-greniers. Elle doit dater des années vingt, mais je n'en suis pas sûr du tout.
C'est tellement beau une vieille machine à écrire ! D'en voir, ça donne tout de suite envie d'allumer une bougie, de s'installer confortablement et de taper sur le clavier aux touches arrondies. Et la mélodie que cela engendre...
Le retour fut moins exaltant, peut-être à cause du travail qui m'attend demain. Et du froid, qui à Paris, semble toujours manquer terriblement de fantaisie...

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