L'affaire Bettencourt : l'autre moteur de la révolte populaire.

Tout le monde le dit, derrière le mouvement qui s'exprime contre la réforme des retraites, il y a énormément de choses qui remontent, du sentiment d'injustice à la colère contre les restrictions de liberté. Parmi ces choses, il y en a une qui a assurément servie de catalyseur : l'affaire Bettencourt.

Jugez un peu, à l'heure où le pouvoir restreint les libertés, stigmatise une population, s'attaque aux acquis sociaux et au droit de grève, alors qu'il s'apprête à décider de nouvelles taxes, de nouvelles augmentations, le peuple Français découvre ébahi qu'une petite clique proche du pouvoir profite des largesses de la première fortune de France, et tout cela dans un fort soupçon d'illégalité.

Mais ce n'est pas tout, car au moment ou un trader est condamné à verser 1 milliard d'euros, accusé qu'il est de porter à lui seul les erreurs de sa banque, au moment où la police tire à coup de flash-ball sur la jeunesse, il n'y a toujours aucune instruction de menée contre Eric Woerth, le principal protagoniste de l'affaire Bettencourt.

Mieux, ou pire c'est selon, la courageuse juge Prévost-DesprezPrévost-Desprez qui tente malgré tout de faire son travail risque d'être déssaisie de l'affaire. En effet, parce qu'en plus de découvrir les collusions entre le pouvoir politique et les puissances d'argent, les Français apprennent en plus que ce sont des proches de Nicolas Sarkozy, le plus souvent récemment nommés, sont à tous les étages de cette affaire : le procureur de Nanterre, le procureur général de Versailles, l'avocat de Mme Bettencourt sont tous plus ou moins proches du chef de l'Etat. Si on rajoute à cela que l'on retrouve le nom de la femme du ministre du travail au coeur de l'affaire, et que Mme Bettencourt est une des principales donatrices du parti majoritaire.

L'affaire Bettencourt a fortement contribué à renforcer le sentiment d'injustice qu'il y a dans tous les cortèges depuis 2 mois maintenant. Aujourd'hui, dans les manifs les effigies de l'héritière de L'oréal côtoient celles de Sarkozy et Woerth. Nul doute que les derniers rebondissements dans l'affaire participeront eux aussi au renforcement de la mobilisation dans les jours qui viennent.