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Richard Mallié : pour la réforme des retraites et contre la Halde

Publié le 25 octobre 2010 par Lecriducontribuable

Manifestations pour les retraites, blocage du port de Marseille, suppression de la Halde, suppression de l’indemnité forfaitaire des députés : le député Richard Maillé était l’invité des dernier Débats du Cri.

Alain Dumait

Que vous inspire la situation actuelle ? Le gouvernement va-t-il tenir sa position sur les retraites?

Richard  Mallié

La réforme des retraites est nécessaire. Récemment au Sénat, nous avons eu droit aux trémolos de Pierre Mauroy sur « ma réforme ». Mais l’évolution démographique rend les choses inéluctables. Il y a aujourd’hui des gens qui ont plus d’années de retraites que d’années de travail ! Je comprends, évidemment, qu’il y ait du monde dans la rue. Ce qui est choquant, en revanche, c’est qu’on y voit des lycéens de plus en plus nombreux. Ils sont bien entendu manipulés.

Alain Dumait

Que pensez-vous de la situation de blocage du port de Marseille ?

Richard Mallié

Marseille est le port le plus cégétiste de France. Il y a une quarantaine de grutiers qui bloquent la circulation. Ils gagnent 4000 euros par mois, qui travaillent 18 heures par semaine et qui ont huit semaines de congés par an. Que veulent-ils de plus ? Le gouvernement ne doit rien lâcher. S’il lâche, ce sera une réaction en cascade : les salariés des autres ports seront fondés à dire : et nous ?

Alain Dumait

Allez-vous signer l’amendement Piron sur la suppression de l’ISF et du bouclier fiscal ?

Richard Mallié

Non, je ne le signerai pas. Il faut retravailler l’ensemble de la fiscalité ; vous ne pouvez pas tirer sur un fil et ne pas toucher au reste. Quant au bouclier fiscal, il faut savoir que la moitié des 679 millions est rendu à 10 % des plus gros contribuables. Cela choque beaucoup de gens.

Il y a d’autres solutions que cet amendement pour réduire les déficits. Nous sommes passés de 150 milliards à 92 milliards. C’est encore trop mais nous sommes sur la bonne voie.

Alain Dumait

Quelles économies peut-on faire ?

Richard Mallié

Il y a d’abord le déficit social. C’est scandaleux ! Nous faisons payer à nos enfants notre confort d’aujourd’hui. Mais ce qui est sûr, c’est que les dépenses vont continuer d’augmenter. Il y a trente ans, quand on faisait une attaque, on ne survivait pas. Aujourd’hui on fait un « AVC » et on vit des dizaines d’années, mais les traitements thérapeutiques coûtent entre 200 et 300 euros par mois.

En ce qui concerne les dépenses de l’Etat, on peut mieux faire. Prenez Bercy, par exemple. Le ministère des finances s’est massivement informatisé depuis une quinzaine d’années. A-t-il réduit ses effectifs pour autant ? Non, ou depuis deux ou trois ans. Pourtant les déclarations par internet représentent du travail en moins.

Alain Dumait

Vous avez proposé de supprimer la Halde. Avez-vous d’autres propositions de cette nature ?

Richard Mallié

Je fais partie depuis peu du Conseil immobilier de l’Etat, et je constate la non-gestion de l’immobilier par l’Etat. Quand on voir le bail signé par la Halde, c’est incroyable ! Le problème c’est que l’on ne peut pas casser ce bail, sauf à trouver un repreneur. Mais à un prix pareil, on ne trouvera pas ! Je me suis rendu à la Halde, sans les prévenir. Je suis entré dans ce très bel immeuble du IXe arrondissement : un immense hall, avec un jet d’eau et de la verdure, et j’ai fini par voir le directeur général… La Halde a été créée pour lutter contre les personnes discriminées : est-ce dans l’arrondissement où elle est située qu’elle va les rencontrer ? Je ne pense pas. Ils auraient pu aller de l’autre côté du périphérique…

Alain Dumait

Un rapport de la Cour des comptes a révélé que le budget de l’Assemblée nationale avait connu une augmentation notable ces dernières années, certains fonctionnaires voyant leur salaire multiplié par 2,5. La démocratie a-t-elle progressé dans les mêmes proportions ?

Richard Mallié

Il y a eu ces dernières années une évolution de la démocratie. Les électeurs sont beaucoup plus exigeants, ils nous demandent de régir très vite. Cela signifie des moyens informatiques et multimédia, qui coûtent cher. Il y a aussi des changements constitutionnels, voulus par Nicolas Sarkozy, notamment le travail des commissions. Tout cela a un coût. Nous avons par ailleurs remplacé le service du personnel, qui gérait des dossiers, par un service des ressources humaines, qui s’occupe des individus.

Philippe Nemo

Jamais Maurras n’a eu autant raison : le fossé entre pays légal et le pays réel n’a jamais été aussi important, entre le peuple, d’une part et les médias et les hommes politiques, d’autre part. Tous les problèmes, le pays légal les résout de façon étatique, en multipliant les impôts. Le bouclier fiscal avait comme objet de protéger en partie de la prédation étatique.

Richard Mallié

Vous nous accusez d’être loin de la base. Mais c’est vous qui l’êtes ! Quand ma concierge apprend que le fisc fait un chèque à Mme Bettancourt, elle est révoltée. Ce genre de choses a des conséquences dramatiques dans l’opinion.

Michel de Poncins

On n’a pas suffisamment souligné le scandale que représentent ces jeunes lycéens qui défilent dans la rue. Ils ont l’âge d’apprendre, pas de manifester. Or ça n’a donné lieu qu’à des déclarations très molles de la part des hommes politiques de la majorité.

Richard Mallié

Je partage votre opinion. Mais les médias donnent plutôt la parole à ceux qui manipulent les jeunes qu’à ceux qui voudraient les voir travailler.

Roman Bernard

A propos du bouclier fiscal, on entend souvent dire que le fisc donne de l’argent aux contribuables riches. Mais il ne donne rien, c’est un trop perçu ! Si vous payez votre café avec un billet de 10 euros, le cafetier va vous rendre la monnaie. Il ne vous donne pas d’argent. Il me semble que la majorité pourrait communiquer là-dessus…

Alain Dumait

Un sondage BVA, publié par L’Expansion dans les années 80, avait posé deux questions aux Français. La première : Trouvez-vous que les riches doivent payer beaucoup d’impôts ? Réponse : oui, les riches peuvent payer. Deuxième question : Combien doivent-ils payer ? 10%, 20%, 50% ? Réponse : s’ils en payaient 10 %, ça ne serait pas si mal… Ce qui montre que les Français, finalement sont plus sages qu’on le dit sur ce plan… Comme disait Jimmy Goldsmith : dans ma famille il n’y a que les pauvres qui paient des impôts !

Une dernière question, monsieur le député : Contribuables Associés a lancé une pétition sur l’indemnité représentative des frais de mandat (IRFM), un système forfaitaire, qui n’est l’objet d’aucun contrôle, que nous voudrions voir remplacer par des notes de frais, comme dans les entreprises. Qu’en pensez-vous ?

Richard Mallié

Personnellement ça ne me dérangerait pas, ce système de note de frais. Mais comme questeur, il faudrait, pout faire tourner un tel système, que j’embauche 30 à 40 agents supplémentaires. Je ne pense pas que ce soit le but recherché.

Quelques intervenants :

Richard Mallié

Député UMP de la 10e circonscription des Bouches du Rhône (qui fut celle de Bernard Tapie), questeur à l’Assemblée nationale. Blog : www.deputé-mallie.com

Alain Dumait

Directeur de publication du Cri

Roman Bernard

Responsable du « Cri.fr »

Philippe Nemo

Philosophe, auteur des Deux Républiques françaises (PUF, 2000).

Michel de Poncins

Président de Catholiques pour les libertés économiques.


Richard Maillé 1er Questeur de l'assemblée nationale
envoyé par Contribuables. – L'info internationale vidéo.

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