Magazine Humeur

Mémé Kamizole à Hervé Morin : c’est c’ui qui dit qui y’est !

Publié le 26 octobre 2010 par Kamizole

magritte-pipe.1288086792.jpg

Comme la célèbre pipe de Magritte : «Ceci n’est pas un lapsus» ! Il y en eut de certifiés vrais lapsus très récemment, entre la «fellation» de Rachida Dati (pour inflation) ou les «empreintes génitales» de Brice Hortefeux (pour génétiques). Un autre m’avait échappé : Chatel déjà à Matignon ! (JDD du 3 oct. 2010) sans doute le plus révélateur ! J’avais déjà signalé que Nicolas Sarkozy le trouvait extraordinaire. Cela a dû monter au bourrichon du Bécassin de l’Educ-Nat qui s’est donc bien emmêlé les pinceaux dans un entretien donné à RCJ (radio de la communauté juive) en déclarant «Ce qui me préoccupe, c’est mon domaine ministériel. Le président de la République m’a nommé Premier ministre… ministre de l’Éducation nationale !» avant de se reprendre le plus maladroitement possible : «Il ne m’a pas nommé Pre-mier ministre, il ne m’a pas nommé Premier ministre (…) il m’a demandé de m’occuper de l’Éducation nationale (…) c’est ça qui me préoccupe et rien d’autre, malgré les lapsus. Avant d’avouer en toute franchise : «Ouf! Quand on y pense trop fort, il arrive que cela nous échappe !». Cela au moins le mérite d’être clair et cela ne m’étonne guère de la part de ce gros bébé joufflu.

luc-chatel-se-verrait-bien-1er-ministre-3-oct-2010.1288081085.jpg

Cela me le rend autrement sympathique – il a des failles très humaines ! - que la récente sortie d’Hervé Morin, empreinte d’une insigne suffisance à l’égard du journa-liste de Beur FM dont il était l’invité le 19 octobre 2010. Répondant à une question sur l’engagement français en Afghanistan, il ne trouva rien de mieux à lui rétorquer que cette phrase sans nul doute destinée à faire florès «c’est difficile d’expliquer à des cons» (Nouvel Obs, 23 oct. 2010) avant de tenter de se reprendre : «à des… à des hommes et des femmes qui… euh… qu’une partie de leur sécurité se joue à 7000 kilomètres de chez eux !».

Plus méprisant à l’égard du journaliste - sans même parler des auditeurs de la radio ! – tu meurs…

herve-morin-afghanistan-cons.1288088778.jpg

Croyez-vous que ce Béotien mal embouché se fût ensuite excusé ? Que non point ! Selon ce que je lis sur un Flash-Actu du Figaro (23 oct. 2010) Un lapsus d’Hervé Morin ? - tout en déplorant ce début de polémique, ce n’est au demeurant qu’une de plus en Sarkozie ! - ses services préfèrent accuser l’exploitation de l’incident sur Youtube. Comme si les internautes devaient se gêner pour leur mettre le nez dans leurs crottes ! «Si l’on réduit la politique française à l’analyse microscopique de bandes son découpées sur Youtube, c’est nul. Cette vidéo n’a aucun intérêt. C’est nul, c’est zéro», a fulminé Philippe Tanguy, conseiller auprès d’Hervé Morin.

D’abord sur la forme, une telle discourtoisie est évidemment intolérable de la part de qui que ce soit et n’importe quelle personnalité politique, a fortiori venant d’un ministre. Mais comment s’en étonner ? Il ne fait que suivre l’exemple de Nicolas Sarkozy qui s’exprime toujours avec la dernière des brutalités à l’égard des journalistes qu’il méprise foncièrement. Surtout s’ils ne se contentent pas de lui servir la soupe. Nous savons désormais qu’il utilise le même procédé pour s’adresser à Manuel Barroso, Président de la Commission européenne. Ce qui ne risque pas d’améliorer l’image de la France et de son président à l’étranger.

Sur le fond, il est évident qu’Hervé Morin serait bien en peine de donner une réponse circonstanciée sur le bien-fondé de l’engagement militaire de la France en Afghanistan et du maintien de nos troupes. Il ne fait que reproduire ce qu’en dit Nicolas Sarkozy qui lui-même n’entrave que couic à la complexité du conflit et des forces en présence. Le même simplisme abruti que George W. Bush se lançant à l’assaut de “l’Axe du Mal” (phraséologie à l’évidence inspirée par les cucuteries du fondamentalisme chrétien charismatique).

J’ai d’ailleurs le parfait souvenir d’une monstrueuse connerie proférée par Nicolas Sarkozy en 2007, lors de la campagne électorale. Interrogé sur le fait de savoir si Al Qaïda était sunnite ou chiite et n’y connaissant visiblement rien, il répondit en Normand : les deux. Or, c’est totalement impossible connaissant la haine farouche et inexpugnable existant depuis la mort de Mahomet entre ces deux tendances de l’Islam. Sachant par ailleurs que Bin Laden est originaire d’Arabie Saoudite où prédomine le wahhabisme – une branche du sunnisme – il est évident qu’Al Quaïda ne saurait accueillir des Chiites.

Tout les esprits un peu sensés et ayant quelques notions de géopolitique s’accordent au moins sur un point : cet interminable conflit n’a aucune solution militaire. Il dure depuis 1979 (invasion de l’Armée rouge) et après avoir été une guerre civile entre les diverses factions notamment tribales en présence (une fois parties les troupes russes en 1989 sur un échec patent : l’Afghanistan fut leur Viêt-Nam) il s’est de nouveau internationalisé après les attentats du 11 septembre 2001 et l’assassinat la veille, du Commandant Massoud (allié des Occidentaux).

Un élément essentiel ne doit pas être omis : les Talibans et les islamistes radicaux d’Afghanistan comme du Pakistan sont les «créatures» des Etats-Unis ! Qui les ont proprement instrumentalisés, financés et armés pour faire échec à l’Armée rouge.

Stupidité que l’on retrouve d’ailleurs dans le conflit israélo-palestinien, Israël ayant de la même manière encouragé la création de mouvements religieux (Hamas dans les territoires occupés et à Gaza, Hezbollah au Liban) pour faire pièce à l’OLP d’Arafat. Avec le résultat que l’on sait : Arafat a reconnu Israël et accepté de négocier tandis que leurs «créatures» islamistes se sont retournées contre Israël à qui ils vouent une haine farouche.

J’ai tenté de résumer autant faire se peut ces quelque 30 ans de guerres en Afghanistan. La situation sur le terrain est autrement complexe. Je me suis intéressée à ce conflit depuis l’entrée de l’Armée rouge à Kaboul en en 1979. Notamment en lisant d’excellents articles du Monde diplomatique. J’ai dans mes archives un article très exhaustif (mais non terminé) rédigé au moment où Eric Besson n’hésitait pas à renvoyer dans leur pays les Afghans réfugiés en France, au péril de leur vie. Disant stupidement s’il m’en souvient qu’ils devaient aller se battre pour leur pays.

Là aussi, c’est n’y rien connaître. Se battre pour qui ?

Ce serait différent si comme en France par exemple lors des guerres contre l’Allemagne (1870, 1914-18 et 1939-45) l’Afghanistan était envahi par des troupes étrangères, certains considérant d’ailleurs comme telles et donc ennemies celles de l’Otan et des alliés. Pour le reste, les hostilités ont lieu entre factions rivales, sur fond aussi bien ethnique, régional que religieux. Il y eut de surcroît des accords à géométrie très variable selon les époques entre les différents “Seigneurs de guerre”… Les Afghans qui fuient leur pays n’ont à l’évidence nulle envie de s’enrôler sous telle ou telle bannière et se faire trouer bêtement la peau pour de tels conflits et/ou leurs chefs. Elémentaire, mon cher Watson.

Quand on prétend diriger la France ou sa Défense nationale, il devrait y avoir quand même un minimum de connaissances requis en géopolitique. Sauf à proférer d’énormes conneries ou insulter ceux qui osent poser des questions forcément (im)pertinentes. Dans le bon sens du terme.

carte-afghanistan.1288089026.png


Retour à La Une de Logo Paperblog