Cousin du petit joyau Little Miss Sunshine, Sunshine Cleaning de la réalisatrice néo-zélandaise Christine Jeffs (Sylvia, sur la poète américaine Sylvia Plath) se réclame de la famille des œuvres à petits budgets, labellisées Sundance et cinéma indé. Rose et Norah ont tout en commun avec les héroïnes types issues du genre : une prise de conscience de la médiocrité de leur existence (comme la Jenna de Waitress), une révolution à leur échelle (Olive de Little miss sunshine), une motivation sans borne pour dépasser leur situation actuelle (Juno). Soit, pour ces deux sœurs interprétées par deux des meilleures actrices que possède ce courant (Amy Adams et Emily Blunt), la décision de créer leur propre boîte de nettoyage de scènes de crimes pour échapper à la misère promise des classes moyennes, aux regards des anciennes cheerleaders du lycée, à la petitesse de l’avenir que leur réserve cette Amérique briseuse de rêves et d’espoirs. Une occasion pour la cinéaste, sur un rythme enlevé et léger, de conjuguer comédie et cynisme, larmes et éclats de rire- et d’extraire le meilleur de cette collaboration sororale, ludique et motivante. Anecdotique en apparence, mais moins superficiel qu’il ne paraît, le film évoque avec tendresse et conviction, la difficulté pour des figures féminines d’outsiders (la mère célibataire, l’éternelle ado) d’affronter un nouvel ordre social qui fait la part belle au conformisme et à la réussite matérielle, préférant y opposer fièrement, et avec humour, l’école de la débrouille. D’une simplicité charmante, Sunshine Cleaning offre alors un instant de vie aux accents de justesse imparables, et se permet le luxe de réussir sur deux tableaux: le doux et l’amer.
(Sortie: juin 2009)
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