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La malédiction des colombes de Louise ERDRICH

Par Lecturissime

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♥ ♥ ♥ ♥

Un magnifique roman polyphonique.

L’auteur :

Louise ERDRICH est une auteure américaine de romans et livres jeunesse. Elle est l’une des écrivains les plus emblématiques de la jeune littérature indienne.

L’histoire :

Nous sommes en 1966 et le souvenir de quatre innocents lynchés cinquante ans auparavant hante les esprits. En écoutant les récits de son grand-père indien qui fut témoin du drame, Evelina, une adolescente pleine d’insouciance, prend soudainement conscience de la réalité et de l’injustice…

Ce que j’ai aimé :

-   La beauté de l’ensemble des histoires imbriquées les unes dans les autres pour former un patchwork vivant et signifiant est époustouflante... Les destins apparemment isolés les uns des autres trouvent leur cohérence au fil des pages, prouvant qu’une histoire est composée de plusieurs individualités rassemblées par un socle commun.

« Quand nous sommes jeunes, les mots sont éparpillés autour de nous. Au fur et à mesure qu’ils sont assemblés par l’expérience, nous le sommes nous aussi, phrase par phrase, jusqu’à ce que l’histoire prenne forme. » (p. 414)

Et c’est ce socle commun que veulent garder les indiens comme une identité qu’on ne pourra plus leur voler tant que le récit durera.

«  Il en va de même pour toutes les entreprises desespérées auxquelles sont mêlées les limites que nous posons sur cette terre. En traçant une ligne et en la défendant, nous semblons penser que nous avons dominé quelque chose. Quoi ? La terre engloutit et absorbe même ceux qui réussissent à bâtir un pays, une réserve. (Pourtant il y a quelque chose dans l’amour et la connaissance de la terre et son rapport avec les rêves – voilà ce qu’avaient les anciens. Voilà pourquoi en tant que tribu nous existons encore aujourd’hui.) » (p. 182)

-   Ce sont des histoires tragiques quelquefois, des histoires comiques, des relations illogiques, mais toujours des histoires magnifiques. Comme celle de ce violon venu sur les eaux cueillir son destinataire qui ravira ensuite de sa musique les âmes sensibles :

« Le son touchait instantanément quelque chose de profond et de joyeux. Ces moments forts de connaissance vraie que nous devons masquer avec la vie de tous les jours. La musique venait tapoter le dos de nos terreurs aussi. Des évènements que nous avions vécus et que nous ne voulions jamais voir revenir. Des rêves en lambeaux, des nostalgies bannies, de la peur et aussi des plaisirs surprenants. Non, nous ne pouvons pas vivre à ce degré-là. Mais de temps à autre quelque chose se brise comme de la glace et nous sommes dans la rivière de notre existence. Nous sommes conscients. » (p. 303)

-   Les personnages sont profondément humains, plus complexes qu’ils ne le semblent au premier abord. Par exemple, les confrontations entre le personnage du grand-père d’Evelina, Mooshum et le prêtre qui souhaite le convertir sont très drôles, même si derrière cette façade clownesque se cache une réelle souffrance.

«  J’ai vu que la perte de leurs terres était logée en eux pour toujours. Cette perte entrerait aussi en moi. Au fil du temps, je découvris que le chagrin était une chose que chacun dissimulait à sa façon – mon vieil oncle grâce à sa discipline passionnée, ma mère grâce à une sévère bonté et un ordre méticuleux. Quant à mon grand-père, il pratiquait l’art patient du ridicule. » (p. 135)

Ce que j’ai moins aimé :

-   Rien.

Premières phrases :

«  En 1896, mon grand-oncle, l’un des premiers prêtres catholiques de sang indien, lança un appel à ses paroissiens pour qu’ils se retrouvent à l’église St. Joseph le cou ceint d »un scapulaire et munis de leur missel. De là, ils iraient parcourir les champs en un long rang ondoyant, et à chaque pas chasseraient les colombes à coups de bruyantes prières. »

Vous aimerez aussi :

Eden ROBINSON Les esprits de l’océan

La malédiction des colombes, Louise ERDRICH, Traduit de l’américain par Isabelle REINHAREZ, Albin Michel, août 2010, 22.50 euros

D’autres avis chez Aifelle, Choco, Keisha, Kathel…

Merci à Carol MENVILLE des Editions Albin Michel pour cette magnifique découverte…

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