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Scène de rue ....par Ibrahima Falilou

Publié le 28 octobre 2010 par Bababe

(...)  la silhouette famélique et maladive de ce garçon, fait partie  du milieu; comme l’arbuste, la carcasse de voiture laissée sur le trottoir, le policier excédé et accoudé au mur ,la banderole du séminaire ...

Sa présence est une absence.

Scène de rue ....par Ibrahima Falilou

Scène de rue ....
Au détour d'une rue le portrait d'un enfant sur les genoux de sa mère; tous les deux échoués sous les feux rouges d'un parcours tout  aussi précaire que douloureux. Une enfance  démarrée en stop  où quelques mains furtives sortant de véhicules en arrêt, balancent à la sauvette des pièces de monnaie ou des sachets de sucre. Une vie qui , comme ses jours tient à ce passage du vert au rouge et où sa mère fait office de rampe de lancement pour mieux mettre en exergue la silhouette famélique et maladive de ce garçon à qui visiblement, la vie semble tout refuser. Une vie qui débute  à l'ombre du mur d'un centre de vaccination qu'il n'a pas pu atteindre et qui ne lui a donc pas évité sa polio. Désormais il fait partie du décor des lieux, l’emblème du paysage. Celui dont les yeux se sont accoutumés et qui n'inspire plus aucun sentiment. Trop familier; trop présent pour attirer l'attention. Il fait partie  du milieu; comme l’arbuste, la carcasse de voiture laissée sur le trottoir, le policier excédé et accoudé au mur ,la banderole du séminaire ... Sa présence est une absence. De ses petits yeux enfoncés, il scrute les hommes  à la recherche d'un regard; d'une attention; d'une humanité. Mais en vain ;trop petit; trop miséreux pour être remarqué de ceux là qui , pourtant autour de lui viennent déposer chaque matin des concentrés de leurs angoisses , de leurs attentes ou de leur mal être physique et social. Sous son Feu, la technologie et les aléas de la vie font de lui plus qu'un passage obligé, un mur de lamentation; le souffre douleur d'un peuple qui se bat à coup d'offrandes et de potions contre la précarité et qui dans sa lutte oublie que tout autour  un autre peuple a fini  déjà d'échouer sous les pylônes des" feux rouges" d'une vie qu'aucun programme, aucune politique ni aucun Commissariat à la lutte ....n'aura réussi à empêcher de virer au rouge !!
   Ibrahima falilou            Reformé !
Triste sort que celui des désormais" ex- profs" de Philo  ramenés à la faveur de la Reforme à des occupations moins célestes ....Les" fin de service" de nos apprentis "philodophes" ressemblent fort à s'y méprendre à des retraites anticipées.  fini pour eux les analyses, débats et autres escapades théoriques sous l'œil amusé et intéressé de jeunes à la recherche de sensations Fini le positivisme, l’existentialisme, le déterminisme historique....Fini Kant, fini Aristote ,fini  Hegel. Fini la passion des concepts ,la pertinence des idées ,le sens des nuances la force du verbe; fini la contradiction, l'esprit qui critique , doute et interroge. Eh oui fini les années de service passées avec passion à cultiver l'amour des idées, le refus des mimétismes intellectuels. Fini tout cela sans ménagements, ni égards. Affectés selon l'humeur imprécise de chefs à aller compter les syllabes dans un collège de la périphérie avec des enfants de la Reforme qui peinent à se reformer. Affecté avec injonction de tout oublier et de se faire à l'idée que désormais ce sera ou à la Dune ou au Marigot ...et pas ailleurs!    Ibrahima falilou   Professeur reformé
NB : De la Dune au Marigot est le manuel de lecture conçu par notre institut pédagogique


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