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Photo :: J'ai une question. Une mère photographe, a-t-elle le droit de photographier ses enfants?

Publié le 28 octobre 2010 par Adelap @adelap10
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Photo :: J'ai une question. Une mère photographe, a-t-elle le droit de photographier ses enfants?La relation mère-fille a de tout temps pu être problématique, souvent difficile et douloureuse. Quand, lors de l'échographie, on m'annonce que j'attendais une fille, outre la joie, ce fut un moment de panique et de questionnement sur l'avenir, l'adolescence… Une fille, oui, une fille. Qu'est cette annonce faite à une jeune maman?En amitié, je n'ai pas de souvenirs impérissables de mes copines, de l'amour maternel, je n'en ai pas encore extirpé tous les secrets… Alors avoir une fille…
J'avais 25 ans, j'ai tout remis en question à cette époque, et j'ai notamment, car c'est le sujet de ce post, arrêté la photographie, pour de multiples raisons, pas forcément les bonnes…5 ans plus tard, un garçon se profile sur l'écran de la sage-femme. Un garçon, oui, le choix du roi : une fille, puis un garçon. Je ne vais pas entrer dans les détails du chamboulement qu'est la venue d'un second enfant dans une famille, qui plus est, un garçon. Avec lui, pour de multiples raisons, pas forcément les bonnes, j'ai repris la photographie.De la naissance aux 5 ans de Chloé, j'ai des images, évidemment. Mais elles n'avaient pas pour vocation d'un travail photographique. Malgré l'utilisation de l'argentique et du noir et blanc, il s'agissait d'alimenter l'album, malgré tout bien fourni, de famille. L'enfant qui grandi, l'enfant qui apprend, l'enfant dans son environnement, l'enfant dans son quotidien, l'enfant et la famille… Il s'agissait peut-être comme tout parent d'immortaliser ces moments, de laisser des traces, de parfaire notre mémoire.Le second enfant, Maximin, fut lui aussi photographié, différemment peut-être… A lui la couleur, le numérique, la facilité, la rapidité, un je ne sais quoi de moins construit. Les enfants grandissent ensemble, je prends des photos.Et quelque chose s'est produit. Quand, pourquoi, comment? Ces images prennent forme, elles deviennent une histoire, "Enfants de Sally" est né. Un recueil de tous ces moments vécus ensemble dans des ambiance "d'eau", de flou, de brume, quelque chose de sensible, de sombre parfois, d'amour surrement. Je me suis vue pour la première fois en mère photographe. De ces images nées de la seule volonté de garder des souvenirs est apparue une histoire. L'histoire d'une mère qui photographie ses enfants. De ce recueil de photographies, une fois imprimé, puis montré, un sentiment de "malaise" est né. Peut-on, a-t-on le droit de photographier ses enfants quand vous êtes la mère?L'enfant se dévoile sans tabou, sans idées préconçues, sans calcul. L'enfant se livre sans prendre conscience devant l'adulte, le parent. A-t-on le droit de saisir ces moments d'intimité et surtout de les montrer, d'en faire un travail, une démarche?J'aime ce recueil, j'aime ces images, cette ambiance, parce qu'il parle de nous, de moi, de secrets de famille, de nons-dits…Ma mère y a vu un album de photos de ses petits-enfants, un éditeur y a vu la possibilité d'un livre, des amis l'ont feuilleté sans autre forme de cérémonial, juste par respect pour mon travail, un critique m'a demandé ce que j'attendais de lui, un autre éditeur m'a invité à le recontacter d'ici un an, un ami m'affirme que ce sont mes enfants que je photographie le mieux…Finalement, aujourd'hui ce recueil existe… pour moi. [adelap-ballons-3.jpg] 
La machine a ensuite pris une autre tournure, pourquoi, comment? je ne me souviens plus. "Les fêtes imprévues" sont nées.Chloé a 8 ans, elle se déguise, se maquille, se pomponne, est très jolie et je déclenche l'appareil pour chacune de ses apparitions.Du plaisir que cela m'a procuré, Chloé y-a-t-elle vu le moyen de plaire à sa mère? Inconsciemment, ma petite fille veut-elle être gentille avec sa maman qui prend toujours des photos? Y-a-t-il eu de ma part une manipulation affective?Pas que je veuille des réponses à tout pris, juste se poser, ici sur le canal St Martin, prendre du recul, se questionner pour avoir une autre approche, ou du moins essayer de la comprendre.Dois-je m'interdire de les photographier?
Vous savez, photographier ses propres enfants, sans mise en scène est aisé. Ils sont notre prolongement, ils me connaissent, je les connais!. Saisir leurs instants de magie, de colère, de pleurs, d'inquiétude, d'espièglerie, de joie est quelque chose de si facile. Ils sont malléables, oui, disons-le, malléables. Quoique je retire cette impression, ce n'est pas juste tant en ce qui me concerne, je ne les dirige pas du tout… et de toute façon ils ne m'écouteraient pas si je le faisais! Ils n'en font qu'à leur tête et c'est en cela que réside la magie : ils me proposent, je dispose.
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******** Je vais tenter au fil des jours d'étoffer cette réflexion par des exemples de célèbres femmes photographes qui ont axé leur travail sur leurs enfants.Sally Mann, évidemment. Découverte vers l'age de 15 ans, son travail d'une poésie et d'une beauté incroyables, m'a toujours fasciné.Le film Les Vies privées de Pippa Lee m'a aidé à me questionner sur le sujet.

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