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Quand HADOPI rate la Carte Jeune

Publié le 30 octobre 2010 par H16

Le feuilleton HADOPI continue. Plus qu’un marronnier qui permet d’engranger des sujets pour l’hiver, cette Haute Autorité Destinée à Observer les Petits Internautes devient un véritable étalon de mesure de l’incompétence crasse des élites qui nous gouvernent. Rien, absolument rien, ne nous a été et ne nous sera épargné puisque tout ce qui la concerne, de près ou de loin, aura été fait en dépit de tout bon sens. La réalité dépasse l’affliction.

L’étendue des dégâts est conséquente.

Sur le plan juridique, on se souvient des rocambolesques aventures qui avaient opposé Free avec l’Autorité, et qui s’étaient soldées par un décret taillé sur mesure pour contraindre le fournisseur d’accès à relayer les mails d’avertissement à ses abonnés.

Las, la situation ne semble pas s’être simplifiée : Free est particulièrement agacé du rythme imposé par l’institution publique dans sa chasse aux abominables adolescents qui déchargent du Christophe Maé, à tel point que l’opérateur menace de fournir les correspondances IP -> abonné … sur format papier. Ce qui serait, on peut l’admettre, assez rigolo dans ce monde électronique.

On imagine les guignols de l’institution, noyés dans d’âpres listings rayés verts & blancs imprimés par des matricielles 132 colonnes, tentant la récupération des coordonnées par une numérisation aussi hasardeuse que mal configurée. Écologique et efficace.

Sur le plan sécurisation de la connexion, On attend toujours, fébrilement, la publication d’un cahier des charges expliquant exactement ce qui doit être fait pour s’assurer que l’internaute se fait ausculter les ports arrières comme il faut et qu’il fuite gentiment ses informations personnelles vers la haute autorité qui s’engagera, on en est sûr, à ne vendre sa récolte qu’à des gens biens.

Là encore, tant le background technique des pointures qui dirigent l’autorité que les performances passées permettent d’imaginer un développement grandiose de ce volet : code pourri, backdoors multiples, les hackers vont pouvoir se lâcher.

Sur le plan pratique, on notera que, depuis les premiers envois de mails, … rien n’a réellement changé dans le paysage internet français (pour autant qu’il existe). Pire : les offres VPN, qui permettent de complètement masquer le trafic d’un internaute, se multiplient et les abonnements consécutifs explosent.

Logo HADOPI : haute autorité destinée à observer les petits internautes

C’est ainsi qu’on découvre de nouvelles propositions d’entreprises qui se frottent les mains de voir qu’une loi mal fichue et déjà complètement à la ramasse sur le plan technique va leur permettre de gagner beaucoup d’argent. Citons par exemple SmartVPN dont on se doute qu’un beau matin, le législateur, aussi stupide que cupide (stucupide ?), va interdire l’activité en France sur le mode « Si vous avez des choses à cacher, c’est que vous traficotez des choses louches » que ne renierait pas un régime totalitaire standard.

En attendant, à 5€ par mois, ce serait dommage de se priver.

Mais c’est sur le plan « marketing » qu’un nouveau point bas est atteint.

Le gouvernement, véritable foreuse de compétition, continue à prospecter les couches les plus basses de la croûte terrestre au point de chatouiller le magma du ridicule avec le lancement de sa Carte Musique pour les jeunes dans une campagne de communication aussi faisandée que grotesque.

Sans aucun doute réalisée par un triplet de quinquagénaires boboïdes au look chébran dans une grosse boîte de communication, service Fromages Publics, et facturant des sommes conséquentes pour produire des bouses institutionnelles toujours plus molles, la campagne laisse songeur sur le message passé.

Oui oui, vos impôts sont bien passés dans la réalisation de ce caca mou et tiède.

La production fécale s’étend même au-delà puisqu’on trouve quatre de ces clips dans la besace du gouvernement ; ils donnent une assez bonne idée de l’opinion qu’ont nos sémillants quinquas pubards – ou, alternativement, des croûtons guindés du ministère de la Culture – de la génération des 15-25 ans auxquels ils ont tenté de s’adresser : on hésite ici entre la bêtise et le mépris ou l’incompréhension quasi-autistique du sujet. Un individu de la tranche d’âge en question pourrait, devant ces étrons, se sentir légitimement insulté : même 4Chan frôle la subtilité à côté.

Mais en plus de ce déversement grossier de clichés agressifs, la mise en place de la Carte Musique Jeune a, comme d’habitude, été réalisée n’importe comment.

Techniquement, nous apprend le Figaro — dont la consternation fort modérée en dit long sur l’habitude qui s’installe à bâcler toute opération dans ce pays — n’importe qui, bien au-delà des 15-25 ans, peut obtenir une carte permettant d’acheter n’importe quoi, pour 50€ facturée 25, la différence étant pour l’Etat (donc, tout le monde).

Là encore, vous avez bien lu : vos impôts vont payer la mise en place de ce nouveau caca mou et tiède. La multiplication de ces crottes massives sur les trottoirs des contribuables commence à en enquiquiner plus d’un, d’autant que slalomer entre les taxes et ponctions était déjà particulièrement compliqué avant.

A présent, même Papy Roger, qui n’a jamais vu d’iPod autrement qu’à la télé, et encore, va participer à renflouer les Majors Musicales dont les pôvres bénéfices à vendre de la purée ladygaguesque ne suffisent plus face à la déferlante internet. Hem. Bref.

Papy Roger décharge de la ziq comme un ouf sur ternet.

Mais c’est pas grave Papy Roger : toi aussi, tu vas pouvoir kiffer ta race et décharger comme un ouf avec ta Carte Musique Jeune ! Car en réalité, aucun contrôle n’est réalisé sur l’âge dans les demandes de cartes. Mieux, et Papy Roger sera heureux de l’apprendre : on peut très bien acheter autre chose que de la musique avec ces foutues cartes payés par le contribuable ! Aubaine pour Apple, désolation pour les finances publiques.

Il est vrai que la situation de la firme californienne, ou celle des Majors culturelles, nécessitait bien l’intervention des frétillants abrutis du Ministère de la Culture. De toute façon, ils s’en foutent : encore une fois, c’est avec votre argent, pas le leur.

Au passage, on admirera le travail de fond de ce même ministère pour saboter les petits disquaires indépendants qui n’ont absolument pas accès à la technologie Carte Musique Pour Les Majors.

Décidément, si l’erreur est humaine, pour une vraie catastrophe, il faut faire intervenir l’Etat.


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