Toulouse hausse le ton

Quelque jours avant le match qui opposa hier le Stade Toulousain au Rugby club Toulonnais, Guy Novès avait fustigé les choix de Marc Lièvremont et du comité de sélection du XV de France. Ces derniers avaient eu le tort de ne pas appeler dans le groupe qui disputera les tests de novembre des joueurs comme Clément Poitrenaud ou Vincent Clerc.

Au vu du match au sommet de la 5ème journée du Top14, on pouvait se demander si le résultat brutal pour Toulon, défait 44 à 5, n'avait pas pour origine la blessure d'orgueil infligée par les sélectionneurs au groupe Toulousain. Cette hypothèse, bien que séduisante (la prestation des deux sus-nommés ayant été remarquable), ne saurait pourtant être retenue, sinon partiellement.

Pour au moins deux motifs.

Le premier est que la polémique "Guy Novès contre le reste du monde en général et les sélectionneurs du XV de France en particulier" relève de l'antienne, de l'habitude établie. Aussi, il paraîtrait étonnant que les ressorts psychologiques ne soient pas un peu émoussés. Même si, on le concède, l'ineffable Guy Novès a fait preuve d'un sens aigu de l'innovation (marque de fabrique Toulousaine, il est vrai) en critiquant cette fois le fait qu'il n'y ait pas assez de joueurs du Stade dans l'effectif du XV de France. Celle-là, il ne nous l'avait pas encore faite...

Le deuxième argument pour réfuter la thèse de la réaction d'orgueil semble plus sérieux : après sa série en H Cup et son match face à Perpignan, la semaine dernière, le Stade Toulousain affiche une qualité de jeu et une solidité qui ne peuvent être considérées comme passagères. Il y a dans ce Stade là une maturité qui  laisse à penser que l'équipe est dans une phase optimale, tant sur le plan physique que technique.

A une période clé de la saison, quand il faut engranger des points et de la confiance en Championnat avant l'hiver et les doublons du Tournoi, quand il est nécessaire de se mettre à l'abris d'une mauvaise surprise en H Cup pour assurer la qualification pour les quarts.

Hier, contre un RCT totalement dépassé, le Stade Toulousain a proposé un récital, assorti de six essais. Publicité sur 80 minutes pour le Top14, le match a permis de mesurer tout ce qui sépare l'une des meilleures équipes d'Europe d'une autre qui aspire à le devenir, mais qui doit encore travailler pour cela.

Evidemment, la saison est encore longue et il y aura des coups de moins bien. Mais le fond de jeu atteint actuellement un niveau qui laisse augurer de belles choses pour les coéquipiers de Thierry Dusautoir.

Dans les autres matches de la 11ème journée, on relève la belle performance de Biarritz, bête noire de Brive, sur le terrain du CABCL, la nouvelle déconvenue de Bayonne, qui retrouve ses (mauvaises) habitudes en perdant face à Montpellier un match qu'il aurait pu (dû) remporter et le retour de flamme de Clermont, vainqueur convaincant du Stade Français. On constate qu'à l'image de l'ASM, l'USAP reprend progressivement du poil de la bête, comme en témoigne le match nul décroché par les Catalans sur le terrain du Racing-métro.

Sans aller jusqu'à dire que les choses se décantent, on constate que certaines équipes poursuivent leur montée en régime. La progression la plus remarquable est peut-être celle de Biarritz, qui a visiblement profité au mieux du retour de Damien Traille. Mas il faudra voir comment le BO réagira sans Dimitri Yachivilli, quand celui-ci sera retenu en sélection ou blessé, tant sa présence transforme l'équipe.

Du côté des relégables, le destin Berjallien paraît très sombre, et celui d'Agen enocre précaire. La Rochelle, battu sur le terrain du SUA, va devoir batailler pour sauver sa place, et Brive n'est pas à l'abris. Bayonne, qu'on pensait largement au-dessus en début de saison, devra se méfier de la spirale de la défaite qui le guette et pourrait lui faire vivre une fin de saison périlleuse.

Rien de neuf donc, malgré le retour aux commandes de sa majesté le Stade. Le suspens reste haletant à tous les étage du Top14...