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Le mouvement social de l'automne 2010 aura une postérité politique

Publié le 04 novembre 2010 par Aldorande_rebelle
Extraits d'un article du Monde du 3 novembre de la rubrique Débats
"C'est bien du côté d'un mouvement social protéiforme qu'il faut chercher les acteurs essentiels. Depuis 2002, les conflits se sont succédé, impliquant nombre de groupes sociaux. Certains étaient novices, les enseignants du primaire et du secondaire, les intermittents du spectacle, puis les universitaires. D'autres avaient une expérience de la lutte sociale, comme les employés des transports publics auxquels le gouvernement avait promis, en 2003, que leurs régimes de retraite ne pouvaient pas être remis en cause avant, quatre ans plus tard, de s'y attaquer. En 2006, le mouvement contre le contrat première embauche (CPE) a concerné la jeunesse scolarisée, puis l'ensemble de la population active, et a fini par l'emporter.(…)
Autre caractéristique des mouvements sociaux de la dernière décennie, le choix des modalités d'action peut aboutir au dépassement d'éventuels antagonismes entre des intérêts catégoriels et ceux de l'ensemble de la société. Sans que le public en soit toujours conscient, la question du service de la population est au centre de nombre de mobilisations. Pendant leur grève, les agents d'EDF ont fait en sorte que le tarif le plus bas s'applique toute la journée dans des quartiers populaires. Même en dehors d'un conflit social, certains d'entre eux rétablissent illégalement le courant à des ménages démunis.(…)
Rien de tout cela aujourd'hui : dans la continuité d'une décennie de luttes, le mouvement social pourrait être ces prochaines années un acteur de poids. Dans ses choix, dans sa capacité à mettre en oeuvre une politique, la gauche au pouvoir sera d'autant plus légitime qu'elle y trouvera inspiration et appui. En cela, les grévistes ont déjà gagné, qui affirment le dépassement des valeurs du bling-bling individualiste et la légitimité des solidarités entre secteurs professionnels comme entre générations. Le mouvement de l'automne 2010 restera longtemps d'actualité parce que la question qu'en définitive il pose est la plus importante de notre société : celle du travail.
Les méthodes, qui dans le privé ont fait la preuve de leur inanité, sont importées dans le secteur public, dont s'effacent la finalité de la mission et l'intérêt pour la population. C'est contre tout cela que les Français se mobilisent. Les mouvements sociaux correspondent à une intrusion de la société dans la gestion de l'Etat, à une véritable construction de la politique et de la démocratie. Une gauche portée au pouvoir ne pourra pas l'ignorer."
Christian Chevandier
Professeur d'histoire contemporaine à l'université
du Havre

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