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Jacques Demy, de Nantes au Japon : la vie en chansons

Publié le 04 novembre 2010 par Sébastien Michel
Demy au pays de Candy
En juin dernier, la bonne ville de Rochefort voyait débarquer trois journalistes japonais. Problème d’orientation ? Escale impromptue du Tokyo-Paris ? Que nenni ! Yumiko Shirato et ses comparses avaient la ferme intention de suivre la trace acidulée des sœurs-jumelles-nées-sous –le-signe-des-gémeaux au travers de rues bien plus paisibles que dans leur version cinématographique! A l’étonnement de leurs confrères du quotidien Sud Ouest, elles opposaient l’engouement des nippons pour le film et son univers "charmant et léger" évoquant "les années 60 et un certain esprit français".Surprenant ? Pas vraiment, lorsqu’on considère les tendances esthétiques (couleurs flashy+ design), le penchant pour la french touch et cette propension qu’a la culture nippone à dissimuler un drame derrière un sourire… D’ailleurs, le lien ne date pas d’hier puisqu’en 1979 déjà, Jacques Demy triomphait au Japon avec Lady Oscar adaptation du très populaire manga La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda. Pour ce film de commande, les producteurs japonais avaient choisi le réalisateur des Demoiselles de Rochefort et de Peau d’âne pour coller aux tribulations empoudrées de leur héroïne. Le succès remporté leur donna raison…
Jacques Demy, de Nantes au Japon : la vie en chansons
A voir : 
L’excellente version des Sœurs Jumelles du groupe Pecombo
Une interprétation symphonique de Marins etc… par l’estimé Joe Hisaishi
La soutenable légèreté de l’être
Enchanteur, frivole, jubilatoire, le monde de Demy n’en est pas pour autant creux. Car sous les badinages, les paroles sont parfois crues (Tu n’as pas peur qu’on fasse un peu putes ?) ou cruelles (on trouva ce matin une malle d’osier renfermant les morceaux de Pélagie Rosier) et le choix des sous-thèmes révèlent un esprit libre, moderne : monoparentalité, amours libres, réussite artistique, rêves d’évasion. Pourtant, la force du cinéma de Demy réside surtout en cette capacité à confronter le spectateur au cynisme de l’existence…version cocktail. Doux et sucré, le choc se fait sans heurt. On y décline l’inceste sur tous les tons (refusé dans Peau d’Ane, envisagé dans Les Demoiselles de Rochefort, consommé dans Trois places pour le 26), on y parle de meurtrier sadique, d’abandon, de vies ratées mais au final, rien de grave. Juste l’impression diffuse d’avoir saisi, entre deux couplets, toute l’amoralité de la vie.
Jacques Demy, de Nantes au Japon : la vie en chansons
A lire :
Une étude intéressante de Critikat.com, Jacques Demy et le sexe
Jacquot de Nantes
C’est à Nantes, dans le garage de son père, que Demy construit Demy à coups de spectacles de marionnettes et de petits films animés. La ville s’en souvient et fête le vingtième anniversaire de sa disparition au travers d’une exposition organisée par la médiathèque qui porte son nom. Dès l’entrée, le clin d’œil neo-pop au "style Demy" de deux scénographes donne le ton.
Jacques Demy, de Nantes au Japon : la vie en chansons
Principalement axée sur les deux films tournés à Nantes, Lola et Une Chambre en ville, la première salle propose photos de tournage, synopsis annotés, feuilles de travail tandis que d’autres espaces s’ouvrent au reste de l’œuvre : affiches, caméras des débuts, objets personnels prêtés par Agnès Varda, compagne de Jacques Demy. Quant à la mezzanine dotée d’un canapé pinko-design, elle offre au public de sélectionner sur un tableau interactif les extraits de films qu’il souhaite voir jouer sur l’écran frontal. L’expo légère et ludique dissimule elle aussi sa face cachée : une base de données comportant revues de presse et bibliographie est mise à disposition des cinéphiles.
Jacques Demy, de Nantes au Japon : la vie en chansons                 Jacques Demy, de Nantes au Japon : la vie en chansons
Autour de cette initiative de la médiathèque, diverses manifestations ont été mises en place telles qu’un flash mob (sous la pluie et parapluies !) au lancement de l’événement le 23 octobre dernier, une programmation spéciale dans différents cinémas, des créations artistiques, une conférence chantée, des concerts etc… A noter qu’un Jacques Demy’s bus sillonnera la ville. A bord, une documentation permettra aux voyageurs de découvrir cet artiste si particulier dans l’histoire du cinéma français.
Du 24 octobre 2011 au 26 février 2012 à NantesPour en savoir plus : www.nantes.fr/culture/actualites-culturelles/2010_2/jacques_demy

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