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HADOPI, ton univers pitoyable, saison 3 épisode 75

Publié le 05 novembre 2010 par Copeau @Contrepoints

Enfin des résultats palpables ! Il était temps ! Selon un sondage BVA – La Tribune ciselé dans des questions pertinentes et une analyse au microscope électronique à balayage, HADOPI ferait reculer le piratage ! Ouf, nous voilà rassurés : avec tout l’argent englouti dans ces gesticulations technoïdes, il eut été dommage qu’encore une fois, cela se traduise par un gaspillage inutile !

Bon. Les chafouins pourront cependant noter qu’on voit mal un journal titrer « HADOPI : tout le monde s’en fiche« , même si une analyse honnête du sondage effectué semble bel et bien pointer dans cette direction.

En effet, dans une magnifique Pignouferie de Presse comme les sondeurs en sont capables, on apprend que « 53% des adeptes du téléchargement illégal ont diminué ou cessé cette pratique depuis le vote de la loi de lutte contre le piratage (dite Hadopi) il y a un an« , ce qui permet à certains journaleux de titrer sans sourciller « Plus de la moitié des internautes se plient à la Hadopi », avec une belle confusion entre internautes, pirates et sondés, pas du tout étonnante quand on connaît la qualité générale de la presse franchouille.

À cette lecture, on ne peut que pouffer.

Méthodologiquement d’abord, on peut se demander quelle crédibilité peut avoir un sondage qui sonde … les Français en général, dont un tiers n’a pas internet. Encore une fois, Papy Roger s’est pris la tête avec une dame au téléphone pour savoir s’il qu’il était connexté sur ternet, ‘crédiou.

Papy Roger décharge de la ziq comme un ouf sur ternet.

En outre, ceux qui sont effectivement connectés ne vont pas, a priori, se déclarer fraudeur au premier sondeur qui débarque. Et dans nos 17% de petits fraudeurs, nous aurions donc 53% qui auraient diminué ou cessé cette pratique, soit, si on sait compter, 9% de baisse sur l’ensemble. Là encore, quelle est la probabilité qu’un sondé explique clairement que non, il n’a pas diminué, qu’il s’en fiche et que même, il a remis le couvert deux fois avec un VPN ? Et puis après tout, puisque Thierry Lhermitte le fait, pourquoi pas moi ?

Ce sondage montre surtout l’absolue nécessité, tant pour la HADOPI que le gouvernement et les majors, de justifier les dépenses engagées. On comprend alors la publicité qui en est faite. Car en pratique, HADOPI est devenu un foutware sans nom : chaque péripétie ajoute au rocambolesque de la série à tel point qu’à côté, Dallas est à peine plus nerveux que Derrick.

Par exemple, dernièrement, on apprenait que les emails de l’Autorité sont envoyés par des fournisseurs tierce, sans signature électronique ; il va être assez difficile de faire valoir qu’ils sont bel et bien reçus, et bel et bien partis depuis la HADOPI (principe d’assurance de délivrance et de non répudiation). Et tant que l’institution continue de reposer sur ces fournisseurs pour envoyer ses injures au lieu de le faire elle-même, la signature électronique n’est pas au programme.

Logo HADOPI : haute autorité destinée à observer les petits internautes

Si l’on y ajoute les précédentes embûches et demandes humides de rallonges financières, on ne peut aboutir qu’à une conclusion évidente : les responsables de l’ensemble de ce bazar sont des clowns à roulette qui ne comprennent absolument rien à l’internet.

J’en veux pour preuve la nonchalance assez consternante de l’appareil d’état – ici, le Conseil d’Etat – à imposer, par exemple, la création d’un procédé d’email recommandé en six mois par le gouvernement… Je propose Borloo aux manettes, le résultat promet de fouetter violemment.

Borloo ne perd pas l'objectif de vue.

Soyons sérieux deux minutes : quand on lit, par exemple, que nos frétillantes élites — technologiquement très contrariées — se lancent dans des projets de fusions hasardeux entre l’ARCEP, le CSA et la HADOPI , cela n’a en réalité qu’assez peu à voir avec une logique de liberté ou d’efficacité, et beaucoup avec une logique de contrôle et de lobbying.

On ne peut que se facepalmer vigoureusement le front à chaque nouvelle péripétie du grand feuilleton « l’Etat se mêle d’Internet« , et des pathétiques tentatives de nos gouvernants pour acquérir un vague vernis technologique. Le niveau de FAIL est maintenant si haut qu’une purification par les flammes ou un hacking massif n’en viendrait pas à bout : la HADOPI en arrive même à distribuer de rigolos petits questionnaires aux députés pour tenter de rattraper l’image désastreuse qu’elle émet pourtant énergiquement.

C’est pourquoi, dans son immense mansuétude, la société Demaerd Inc. propose donc sa propre version du questionnaire, bien plus en phase avec les besoins réels de la Haute Autorité, et qui lui permettra de récolter des infos sur l’interweb, les lolcats et 4Chan qui est, dit-on, la vraie source des vraies informations importantes du réseau.

Page de couverture du Questionnaire HADOPI

Questionnaire HADOPI, p1


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