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Lecture : poésie française.

Par Ananda

Marie-Lise CORNEILLE : AU CRIBLE DE L’EXIL - poèmes.

La poésie ne serait-elle pas, par essence, un « exil »  qui induit « un désir de plénitude » ?

C’est ce qu’on serait fondé à croire, à se glisser dans les méandres de celle de Marie-Lise CORNEILLE.

On y va, on y vient, comme drossé de surprise en surprise, au rythme d’une écriture dont l’imprévisibilité – oserai-je dire « le faux minimalisme » ? – font tout le charme.

Incontestablement, il y a là de l’originalité, une inventivité qui, assez fréquemment, confine à l’audace, des associations de mots et d’images dont le côté quelque peu heurté nous bouscule (« Oiseau thoracique », « les terres chromatiques », « les cités viscérales »).

Manifestement, les vers de Marie-Lise Corneille se veulent et sont « Griffures sur le mur du silence ». Ils tombent. Un peu comme des couperets.

Ils n’ont cure des concessions.

La brutalité, le tranchant de la ville ou de la chair les traverse.

Bien que souvent tentés par le « haïkouisme » ou le surréalisme, ils ne dévient jamais de leur propre trajectoire.

La force assenée des images et l’éraflure des mots – témoignages d’une violence, d’une cruauté plus ou moins sous-jacente – y côtoient la fragilité (de « l’avenir qui hésite », par exemple).

Ce qu’il y a d’intéressant, dans ce verbe, c’est, en premier lieu, sa vigueur. Une vigueur que je n’hésiterai pas à qualifier de « virile ».

Certains poèmes (tels « Le serveur ») apparaissent au surplus comme des sortes de petites scènes « croquées » avec un sens de l’observation si aigu qu’il a de quoi faire nos délices.

Bref, on ne s’ennuie pas à découvrir l’univers de cette poète pour qui « Une grue » devient « un ibis de métal », « Les rues braconnent », les dunes émettent un « mantra », des « paquebots de mer noire » ont un « parfum de menthe et de banquise », « L’odeur poivrée / - cuir, dattes, sueur - / est l’ossature du voyage », « Les rails émigrent », « Le mendiant » n’est autre qu’ « Une écharde / Dans la pulpe de soi », la « Nuit », un « Bâillon d’abysses / sur la bouche des villes », lesquelles sont elles-mêmes « résille noire », et les « VIEILLARDS » quant à eux ne sont plus qu’ « Haleine de presbytère rance » et « silhouettes d’os ».

Langage qui a sa dureté…mais qui l’assume, et qui nous parle !

P.Laranco.


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