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Les retrouvailles

Par Haykel

...en virtuel!


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A 2 ans de la retraite il se souvient et me raconte son histoire entre 2 bières et quelques cacahuètes. Il l’a raconté à tous les habitués du bistro, ce soir c’est mon tour. Le clin d’œil complice de la serveuse dénonce un récit sans faille, répétitif, convenu mais sincère d’un homme blessé. On n’oublie jamais son premier amour me répète-t-il. J’utilise le JE pour parler de son histoire et je me réserve le droit de retrouver mon rôle de narrateur pour l’équilibre de mon récit ou plutôt le sien.
Je l’ai rencontré il y a 44 ans, à l’époque de mon insouciante jeunesse. Elle avait trois ans de moins que moi mais la différence des années est largement compensée par une maturité hors pair. C’est un amour de vacances qu’on a pu prolonger malgré l’éloignement pendant quelques mois magiques. 403 km séparent nos deux villes un équivalent de Genève-Paris en vol d’oiseau et si tu n’es pas le genre à avaler les kilomètres en ligne droite le chemin le plus court en train se fait de nos jours en trois heures et quelques minutes. Mais à l’heure où mon histoire d’amour a pris ses quartiers entre deux pays le train à grande vitesse n’était qu’un projet en devenir. Plusieurs fois nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes baladés la main dans la main, nous nous sommes embrassés tendrement et platoniquement et nous nous sommes promis monts et merveilles jusqu’à la fin de nos jours. Des promesses gravées sur la pierre mais effacées par la première tempête de la vie. De retour sur terre et aidé par l’éloignement notre idylle s’est diluée dans le quotidien pour disparaître à mon grand regret. On s’est quittés sur un malentendu, une petite jalousie déplacée, une querelle d’amoureux qui m’a empêché de dormir des nuits durant.
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Mademoiselle, 2 bières, c’est encore ma tournée! Et avec une étincelle dans les yeux il poursuit son récit. Après l’avoir perdu de vue depuis une quarantaine d’années je l’ai retrouvée il y a 3 ans, 2 mois et 4 jours...Un soir après une énième virée bien arrosée, j’ai eu une illumination que j’ai mis en pratique le lendemain. Je me suis souvenu de son nom et de son prénom et internet s’est chargé du reste. En 2 clics et 3 déplacements de souris j’ai créé un profil sur Facebook pour communiquer avec la belle. Elle s’est mariée, elle n’a pas d’enfants, elle a gardé son nom de jeune fille et travaille comme juriste. Elle est heureuse et pense souvent à moi. Le remord en quelque sorte d’avoir abandonné la partie à la première turbulence. Depuis 3 ans, 2 mois et maintenant 5 jours vue qu'on a dépassé minuit, je ne fais que repousser les retrouvailles. On n’oublie jamais son premier amour. Mais le désert affectif de mon célibat durant toutes ces années perdues dans les bistrots à chercher à noyer le chagrin d’un amour de vacances a pris le dessus sur mon être et je refuse pour l’instant à retrouver l’être cher. Je me contente des retrouvailles...virtuelles via internet en attendant de vaincre ma peur...Excusez-moi messieurs je dois encaisser, clôturer ma caisse, passer l’aspirateur...et demain est un autre jour!

Haykel Ezzeddine

(illustration 1: © hachass - Fotolia.com)

(illustration 2: © thomaspajot79 - Fotolia.com)

Déjà publié dans le blog collectif du 30 octobre. Pour lire les autres notes, c'est ici

Et demain est un autre jour!


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