Magazine Finances

Le FMI : une réforme en trompe-l'oeil !

Publié le 07 novembre 2010 par Raphael57

charge_lula_moeda_fmi.jpg

De nombreux médias ne cessent de claironner depuis quelques heures que le FMI vient d'effectuer une véritable révolution en interne, le conseil d'administration du Fonds monétaire international ayant adopté vendredi une réforme en deux points. Premièrement, le FMI a doublé son capital à 750 milliards de dollars (capital que l'on appelle quotes-parts dans le jargon du FMI et qui représentent les contributions des 187 États membres)... tant il paraît évident que les crises vont se multiplier dans les mois à venir ! Ensuite, la répartition de ces quotes-parts - qui donnent des droits de vote au sein du FMI à raison d'une règle capitalo-capitaliste (1 dollar = 1 voix) - a été revue afin de donner aux pays émergents une place conforme à leur poids économique et dès lors tenter de faire oublier que le FMI appartient aux pays riches... l'ambition ultime étant de faire du FMI le reflet économique du G20.

Si des avancées sont à noter (rectification de la surreprésentation européenne au FMI, fin du droit statutaire à être représenté au conseil d'administration pour les 5 pays les plus riches,...), il n'en demeure pas moins que le FMI reste la chose des pays riches. Il suffit pour s'en convaincre de regarder le graphique ci-dessous que j'ai construit à partir des données du FMI, et qui présente la répartition des droits de vote avant et après la réforme adoptée à Singapour ce vendredi :

vote-FMI.JPG

[Source des données : communiqué de presse n° 10/418 du FMI]

Au final, les États riches représenteront toujours encore 55,3 % des droits de vote, contre 60,6 % auparavant. Mais surtout, les États-Unis ont sauvé leur droit de veto qu'ils ont de facto sur les décisions prises par le FMI. En effet, les décisions les plus importantes nécessitent 85 % des voix... or, les États-Unis concentrent à elles-seules près de 17 % des droits de vote !

Par conséquent, bien que Dominique Strauss-Kahn se vante d'avoir réussi "la réforme la plus fondamentale de la gouvernance du FMI depuis sa création il y a 65 ans", celle-ci reste de faible envergure si les États-Unis gardent une telle possibilité de regard sur les décisions qui y sont prises. De plus, avant de s'appliquer, cette réforme devra être approuvée par l'ensemble des 187 pays membres. Autant dire que ce n'est pas pour tout de suite... d'autant que le FMI a très mauvaise presse tant ses interventions passées furent de véritables saignées pour les économies à qui on administrait des plans d'ajustement structurel d'inspiration néolibérale (voir par exemple cet article ou bien celui-là, et surtout l'excellent livre de Joseph Stiglitz qui dénonce ces pratiques des pays riches pour les pays riches).

N.B : Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, a estimé que la réforme injuste des retraites que la France vient de mener est substantielle, tout en admettant qu'elle ne suffirait probablement pas. Venant du FMI, c'est toujours un plaisir d'entendre de tels propos...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Raphael57 947 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine