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Deux femmes des Pays Baltes : Sofi Oksanen et Sandra Kalniete

Par Ivredelivres

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La lecture de  Purge  de Sofi Oksanen m’a bien sûr énormément plu, par delà ce roman j’ai voulu en savoir un peu plus sur cette histoire des Pays Baltes, le livre de Sandra Kalniete" En escarpins dans les neiges de Sibérie"  est venu m’éclairer et du même coup apporter un complément bienvenu au livre de Sofi Oksanen.
Deux petits pays qui ont vécu des tourments identiques et ont retrouvé leur liberté au début des années 90. Ce que Sofi Oksanen a si bien su rendre dans son roman qui se déroule en Estonie trouve un écho très fort dans le récit familial de Sandra Kalniete qui lui vient de Lettonie.
Pour mieux comprendre ce qui s’est passé dans ces pays une carte des années 20 qui montre les deux pays pris en étau entre l’Allemagne belliqueuse et expansionniste et la Russie soviétique prête à faire main basse sur la Pologne, la Finlande et les Pays Baltes

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Carte des Pays Baltes en 1920

La Lettonie connaît quelques années d’indépendance pendant lesquelles le niveau de vie croît, la vie est douce, la jeunesse studieuse (le plus fort taux d’étudiants de l’Europe de cette période).
La signature du Pacte Germano-Soviétique va marquer la fin de cette indépendance et pendant 50 ans les Pays Baltes vont connaître invasions barbares et oppression politique sous le joug communiste.
Ce sont trois vagues qui vont se succéder : L’URSS occupe les territoires sitôt le Pacte signé, la population subit une première vague d’arrestations, exécutions, déportations. Les familles, les individus sont convoyés vers la Sibérie, vers des camps de travail ou des Kolkhozes.
Dans son livre Sandra Kalniete décrit le martyr de son grand-père maternel qui mourra en captivité,  de sa grand-mère et de sa mère déportées toutes deux. Elles vont devoir survivre aux maladies, au travail forcé, à l’absence de nouvelles du reste de la famille, et surtout à la terrible famine qui va les accompagner les 10 premières années de cet exil forcé.
Elle décrit la joie qui nous parait stupéfiante, lors de l’occupation allemande car pour les Lettons tout valait mieux que les communistes. Une partie de la population collaborera comme dans tous les pays envahis et une partie de la population masculine sera contrainte de rejoindre les rangs de l’armée allemande pour combattre sur le front russe.
C’est lors de la déroute allemande et de la nouvelle invasion soviétique que la famille de son père est arrêtée et déportée.
La mère de l’auteur Ligita et son père Aivars se rencontrent en Sibérie, Sandra dit « Je suis née au goulag le 22 décembre 1952 au village de Togour, district de Kolpachevo, région de Tomsk »
Elle n’aura ni frère ni soeur « Nous n’enfanterons plus d’esclaves » décidèrent ses parents lorsque la police leur demanda d’inscrire leur fille bébé sur la liste des déportés.
La mort de Staline apporte quelques améliorations à la vie des prisonniers mais il faut attendre 1957 pour que la famille soit autorisée à rentrer en Lettonie.
Sandra Kalniete s’engage dans le combat politique et la lutte pour l’indépendance de la Lettonie dans les années 80. Ce n’est qu’en 1994 que tous les membres de sa famille seront définitivement réhabilités.
J’ai aimé ce témoignage qui éclaire une période très sombre dans ces pays, on sent dans le récit l’incompréhension devant l’inertie des alliés à la fin de la guerre face à l’URSS toute puissante, les peuples de ces pays se sentent les oubliés de l’histoire.
Sur certains sites j’ai trouvé des réactions sévères à ce livre et Sandra Kalniete est accusée comme le gouvernement Letton de faire silence sur le sort des juifs de Lettonie et sur une adhésion au fascisme des habitants.
On sait que le sort des juifs dans les Pays Baltes fut terrible et Sandra Kalniete y fait quelques brèves allusions mais défend le peuple Letton sur ce sujet.  Ceci n’enlève rien à la réalité du sort de sa famille tant paternelle que maternelle.

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L’auteur est aujourd’hui Commissaire Européen.
Rectification  grâce à Gilles un français de Lettonie

Mme Sandra Kalniete n'est plus Commissaire Europeen (elle l'a ete brievement en 2004), mais Depute Europeen depuis les elections de Juin 2009.
Elle a ete dans le passe Ambassadeur de Lettonie en France (1997 - 2002), puis Ministre des Affaires Etrangeres de Lettonie(2002 - 2004).


Ces deux livres l’un par sa qualité littéraire, sa force, sa densité et l’autre par la véracité du témoignage, sont deux livres qui ont trouvé place dans ma bibliothèque.

Pour poursuivre : le blog de deux jeunes étudiants journalistes et Une histoire de la Lettonie et un point de vue contradictoire

Les billets sur Purge sont nombreux et je n'apporterai pas ma pierre à l'édifice, je me contenterai d'une petite compilation  et pardon à ceux ou celles que je n'ai pas cité, il y en a trop.   

Le Goût  d’Aifelle
Un roman incontournable, âpre, d'une complexité et d'une force rares, dont je sors très bousculée. A lire absolument.
La Ruelle Bleue  
Elle a su magistralement rendre les sentiments d’oppression, de crainte,  de lâcheté, de honte… Ses personnages de femmes sont intenses, vibrants, extraordinairement convaincants.
Télérama
Purge plonge les mains dans le sang poisseux et glacial qui fut versé en Estonie,
Chroniques de la rentrée littéraire
Il fallait ce roman au titre incisif pour mettre en lumière un pays souvent oublié.
Le blog de Dasola 
J'avoue que je n'ai pas tout compris de la situation politique de l'Estonie
Pour Wodka c’est http://wodka.over-blog.com/article-sofi-oksanen-purge-60207113.html
roman à la construction parfaite
Libération
Derrière la grande histoire, Sofi Oksanen parle de violence sexuelle sur les femmes, de leur résistance silencieuse, de leur tribut aux guerres toujours tu.
Keisha 
Vraiment le roman choc qu'il ne faut pas hésiter à découvrir!


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