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Le Compendium Musicae de René Descartes

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Le Compendium Musicae de René Descartes

En 1619, Descartes offrit à son ami le mathématicien hollandais Isaac Beeckman (1588-1637) un manuscrit latin intitulé Compendium Musicae avec cependant cette recommandation : « Je veux bien néanmoins que cet avorton de mon esprit, semblable […] aux petits oursons qui ne font que naître, vous aille trouver, pour être un témoignage de notre familiarité et un gage certain de l’affection particulière que j’ai pour vous ; mais à condition s’il vous plaît, que l’ayant enseveli […] dans un coin de votre cabinet, il ne souffre jamais la censure et le jugement d’autres que vous. »

Quelques années plus tard, la rumeur ayant couru que Beeckman revendiquait la paternité du traité, Descartes lui réclama son manuscrit. Dans une lettre en latin  de septembre ou octobre 1630 il écrit à Beeckman : « Je vous redemandai, l’année passée, mon Traité de Musique, non pas à la vérité que j’en eusse besoin, mais parce qu’on m’avait dit que vous en parliez comme si vous me l’eussiez apprise. Toutefois, je ne voulus point vous en écrire aussitôt, de peur de paraître trop défiant si je doutais de la fidélité d’un ami sur le simple rapport d’autrui. Mais maintenant que par plusieurs autres témoignages j’ai reconnu que vous préférez une vaine ostentation à la vérité et à l’amitié qui a été jusqu’ici entre nous, je veux vous donner ici un petit mot d’avis, qui est, que si vous vous vantez d’avoir enseigné quelque chose à quelqu’un, encore que ce que vous dites soit véritable, cela ne laisse pas d’être odieux ; mais si ce que vous dites est contre la vérité, il est encore plus odieux. Et enfin si vous avez appris de lui la chose même que vous vous vantez lui avoir apprise, certainement cela est tout à fait odieux ». Beeckam rendit donc son manuscrit à Descartes en ayant pris soin toutefois d’en faire une copie.

C’est en 1650, peu de temps après la mort de Descartes, que fut imprimée à Utrecht (Hollande) la première édition latine du traité. Cette édition ne fut vraisemblablement pas éditée à partir du manuscrit autographe mais à partir d’une copie.

Enfin, c’est en 1668 que fut publiée la première traduction française du Compendium par le Père oratorien Nicolas-Joseph Poisson (1637-1710). L’« Abrégé de musique » y fut imprimé à la suite de l’édition du Traité de la méchanique.  Le volume comprenait également un commentaire de Poisson intitulé « Elucidationes physicae in Cartesii Musicam » dans lequel l’auteur déclarait avoir fait sa traduction à partir du manuscrit original aujourd’hui perdu.

Eric Mougenot - DIrection des collections, département Histoire, Philosophie, Sciences de l’Homme


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