Taux de poursuite d’études des bacheliers : catastrophe en cours

Un mois après la conférence de rentrée de Valérie Pécresse, pendant laquelle celle-ci se vantait du retour d’une « université offensive », affirmant que « Le retournement de tendance en faveur des universités constaté en 2009 (hors IUT) devrait se confirmer en 2010 avec une hausse de 1,6% », la Direction de l’Evaluation de la Prospective et de la Performance (DEPP) du ministère sort enfin une note d’information dans laquelle on retrouve certains des chiffres de la ministre… et d’autres, qui ont été délibérément cachés car ils montrent une réalité plus sombre. J’avais à l’époque posé plusieurs questions, la première trouve sa réponse aujourd’hui.

Pas de chance pour les universités (et pour la ministre, prise une fois de plus en flagrant délit de manipulation), les bacheliers généraux et technologiques s’inscrivent moins à l’université en 2010 qu’en 2009 et en 2008. L’université offensive ? L’université délaissée, malheureusement, et pour cause : malgré les discours publicitaires, la situation dans les universités reste mauvaise. L’encadrement pédagogique n’est pas à la hauteur des besoins, en raison notamment de l’obstination idéologique du gouvernement à ne pas créer d’emplois scientifiques. Les locaux sont en mauvais état, et le plan campus dont on nous rebat les oreilles depuis 3 ans n’a toujours pas donné lieu au moindre chantier.

Mais le problème n’est pas spécifique aux universités. En réalité, c’est le taux de poursuite d’études des bacheliers qui baisse. Si on prend 100 bacheliers généraux en 2000, 95 poursuivent des études supérieures. En 2008, ils ne sont plus que 87,3, et 86,9 en 2009 et 86,4 en 2010. Et ce scénario-catastrophe n’est pas prêt de s’arrêter selon la DEPP : il ne seraient plus que 82 en 2019. Ce phénomène se retrouve également chez les bacheliers technologiques. Au total, sur l’ensemble des bacheliers, c’est une baisse d’une dizaine de points du taux de poursuite d’études qui est projetée.

Evidemment, Valérie Pécresse n’a pas parlé de tout cela lors de sa conférence de rentrée. Elle maintient son objectif (que je partage) de porter 50% d’une génération au niveau de la licence. Mais sa politique a l’effet inverse. Il serait temps qu’elle le reconnaisse, et qu’on donne un grand coup de volant (à gauche) avant que la voiture dans laquelle elle nous a embarqués n’atteigne le gouffre.