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Un amour, Dino Buzzati

Publié le 11 novembre 2010 par Antigone

un_amour"Il s'aperçoit désormais, pour autant qu'il tente de se révolter, qu'elle le persécute en pensée jusque dans les plus minuscules moments de la journée, chaque chose personne situation lecture souvenir le reconduit vers elle de façon foudroyante par de tortueux et méchants détours. Une sorte de feu intérieur, en pleine poitrine, au plexus solaire, une tension immobile et douloureuse de tout son être, comme lorsque d'un moment à l'autre peut arriver une chose épouvantable et que l'on reste courbé par le spasme, l'angoisse, l'humiliation, le besoin impérieux et désespéré, la faiblesse, le désir, la maladie tout cela ensemble mêlé, agglutiné, une souffrance compacte et totale."

Antonio Dorigo est un intellectuel aisé d'une cinquantaine d'années. Par faiblesse ou vice, gêné peut-être aussi par la laideur de son apparence, il fréquente un appartement où on lui propose en toute discrétion des femmes contre de l'argent. C'est là qu'il rencontre une toute jeune fille, Laïde, brune, vulgaire, impertinente, insupportable, dont il tombe contre toutes attentes complètement amoureux. S'ensuit une relation folle et perfide entre cet homme, jaloux et réservé, qui pense en toute impunité posséder une femme et cette demoiselle, fourbe et sensuelle, qui le mène par le bout du nez...

Jusqu'où peut donc transporter l'addiction amoureuse ? Telle est la question que se pose sans cesse Antonio et c'est dans une langue tourmentée et parfois extrêmement belle que tente de nous répondre Dino Buzzati. Nous sommes bien loin apparemment du Désert des Tartares, et pourtant. Dans Un amour, nous retrouvons la même attente, le même désert, la même solitude, le même ennui de ce quelque chose qui ne semble jamais s'arrêter, évoluer, exploser. J'ai failli abandonner ma lecture en cours de route, le propos en est parfois tellement laborieux, et l'impression tenace que rien ne se passe et ne va se passer tellement forte. J'aurais eu tort.
Dino Buzatti m'a cueillie par ces quelques phrases finales auxquelles je ne m'attendais pas (quel talent!)...

"Comment avait-il pu oublier une chose à ce point importante, la plus importante de toutes les choses ? [...] Oui l'amour lui avait fait oublier que la mort existait. Pendant presque deux ans il n'y avait même pas pensé une seule fois, cela lui semblait une légende, lui qui justement en avait toujours ressenti l'obsession dans son sang. Telle était la force de l'amour."

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Note de lecture : 4/5 - Editions Laffont - 8.90€ - Octobre 2010

La lecture de Clara, conquise

bob

Un grand merci aux édtions Laffont et à BoB pour l'envoi et le partenariat... !!


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